Chapitre 42 : Ils sont ma famille !

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La plus surprenante de mes vies restes encore celle de Lauren, si je pensais que Liliane se montrait beaucoup trop soumise en amour, je n'avais encore rien vu. Née le 2 avril 1849, elle a grandi dans une petite famille noble, où elle a appris à servir un foyer au nom d'un homme.

Cette jeune femme reste pour moi un véritable mystère, contrairement aux autres, son journal contient plus des dessins et des poèmes que le récit de sa vie, j'ai finis par en conclure que Lauren rêvait plus sa vie qu'elle ne la vivait.

Elle s'est montrée suffisamment soumise pour que Thomas lui révèle la quasi-totalité de sa vie, elle a elle-même assuré le 21 janvier 1877 connaître tous les secrets de Thomas et les accepter en totalités et cela malgré « une fin prématurée » de sa propre vie...

Une telle abnégation sans la moindre trace de résistance ou de curiosité a fini par me glacer le sang. Cela laisse donc entendre que l'unique serait en partie responsable de la mort de chacune d'entre elles.

Quel étrange personnage cette fille devait être, je crois pourtant me rappeler que Thomas l'avait décrite comme une fille au caractère bien trempée...

« Oh délice de la vie, de savoir que seul le choix de renoncer à tout me confère une supériorité sur celle-ci.

Je me garde de courir après ces chimères qui m'illusionnent et me promettent monts et merveilles.

Mon cœur connaît le danger et la tristesse. Mais me laisser couler me donne un avantage sur un futur qui plus jamais ne m'appartiendra.

Et mon plus beau secret, est que je suis la seule réelle tentatrice à pouvoir détenir tous les mystères et en disposer!

Oh amour de ma vie, tu t'es rendu aveugle et je m'efforcerai de te rendre la vue, qu'importe si nous devons verser tous les deux des larmes pour cela...

Mon seul désir est de mourir dans les bras tumultueux de l'océan, car c'est là qu'est ma place! »

Je relis cent fois ce poème, pour une raison qui m'échappe, je trouve qu'il dénote avec le reste, elle parle à la première personne, puis à la première personne du pluriel et pourtant j'ai la sensation que ces vers sont destinés à un autre type de lecteur...

« Et mon plus beau secret est que je suis la seule réelle tentatrice à pouvoir détenir tous les mystères et en disposer! » Les secrets de Thomas?

« Seul le choix de renoncer à tout me confère une supériorité sur celle-ci. » Un suicide?

Soit Lauren était un esprit brillant, soit il lui manquait une case...

J'ai également noté que toutes les filles rencontraient Thomas à des âges différents, à des endroits différents et avaient des origines et des histoires variées. Mais elles disparaissent toutes lors de leurs trente-troisièmes années.

Je suis certaine que c'est ce que Lauren voulait dire! Est-ce Thomas qui se débarrasse de toutes ces malheureuses? Je n'en sais rien. Mais je ne le pense pas, les écrits de Lauren et des autres ne vont pas dans ce sens...

Nous sommes le 1er avril 1882, je me réveille à l'aube pour entretenir une dernière fois ce journal.

Aujourd'hui je me laisserais porter par les flots glacés vers un monde qui n'appartient pas au vivant, j'ai supplié Thomas de ne pas m'accompagner dans ce tragique destin...

Il m'aurait tenu la main, je le sais. Mais pourquoi nous imposer ça? Alors je l'ai prié de s'absenter, j'organise ma matinée en mettant de l'ordre dans mes affaires. Qu'il est étrange de savoir que ce jour sera mon dernier, alors que je me sens si forte, si vive de santé...

L'Oméga et L'AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant