Chap 10 : pdv du contrôleur de train

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   Quand je marchais dans le train. J'avais l'impression d'exister et pourtant, les gens ne s'intéressaient pas à moi.

Un bonjour, un merci, le titre de transport et puis, je passais au passager suivant. C'était la preuve que je n'étais pas totalement invisible, même si j'avais conscience que les gens ne me voyaient pas réellement. Il y avait comme un voile entre nous.

C'était étrange de se sentir visible et transparent à la fois alors que j'étais entouré par tant de personnes. Ils me voyaient sans me voir. Ils me regardaient sans me regarder. Ils me toléraient sans m'accepter.

Impitoyable indifférence contre laquelle il était difficile de lutter.

Si je n'étais pas rasé ou si ma tenue n'était pas nette, cela semblait totalement les indifférer. Cela m'était égal aussi. Au moins, je n'étais plus seul. Je me sentais utile à la société, comme vivant à nouveau. Grâce à ce travail, j'avais le courage d'affronter, jour après jour, ma pitoyable vie.

Pourquoi avais-je atterri dans cette gare ?

Depuis toujours, j'étais passionné par les trains. Je trouvais cet univers fascinant et rassurant. Les quais, les voies, les locomotives, tout m'intéressait. Les trains étaient utiles et élégants à la fois. Il en existait partout sur la planète, peu importait la culture, peu importait le pays. Et lorsque je contemplais un train, je ne pouvais m'empêcher de trouver cette machine belle et élancée.

Scruter des rails, n'était-ce pas hypnotisant ? On pouvait les suivre à l'infini en sachant qu'ils vous mèneraient toujours quelque part.

Voilà pourquoi, irrémédiablement, je m'étais retrouvé dans ce train à chercher un but à ma vie, à essayer de comprendre pourquoi j'en étais arrivé là.

Allais-je trouver une réponse à mes questions?

Le train de nos vies ordinairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant