Chap 19 : pdv Idgie

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Parfois, nous avions une heure de fourche qui tombait dans la journée.

Ces heures d'études, je les adorais, car c'était des moments uniques où je pouvais me rendre où je le souhaitais quand je le souhaitais sans que mon père ne le sache.

Certains adolescents partaient en ville, d'autres restaient en salle d'étude, certains rentraient chez eux.

Moi, je quittais l'école d'un pas décidé et je partais à pied dans la ville. Seule, je fuyais le campus. Je prenais la direction opposée de tous ces gens qui ne m'aimaient pas vraiment.

Je mettais mes écouteurs, je lançais ma playlist puis je filais sur le trottoir. Je faisais toujours le même trajet, vérifiant plusieurs fois que personne ne me suive.

Je connaissais chaque centimètre du trajet par cœur. Chaque arbre, chaque fleur, chaque maison, chaque fissure dans les pavés.

Souvent, je chantonnais sur les morceaux que j'écoutais. Je fredonnais toute seule sur le trottoir comme une gamine. Je me sentais à l'aise de chanter sans avoir peur que quelqu'un ne m'enregistre ou ne me filme à mon insu.

Je me sentais libre.

Au loin, je repérais toujours un grand arbre qui dépassait des autres. Cet arbre annonçait que j'étais bientôt arrivée. J'étais bientôt chez moi, dans ma planque.

Brusquement, j'entendis un cri derrière moi. Je me figeai sur place puis tournai les talons.

C'était Lali qui tentait de me rattraper. Mon amie savait toujours où j'allais me réfugier. Elle était la seule à le savoir.

William connaissait aussi cette planque, mais lui ne venait plus depuis un sacré moment. J'avais dû accepter ce fait. J'avais dû digérer son abandon.

Lali, elle, ne m'avait jamais laissée tomber. Elle me connaissait par cœur. Ma cachette était trop précieuse pour qu'elle en parle à d'autres personnes. Elle savait que j'avais besoin d'échapper aux réseaux pour survivre à ce tourbillon incessant.

-Attends-moi ! cria-t-elle.

-Tu es sûre que tu veux venir avec moi ?

-Oui bien sûr. Tu plaisantes ?

-Tu peux rester à l'école avec les autres.

-Je n'aime pas quand tu y vas seule.

-Mais ça te file le cafard de venir avec moi.

-Pas grave.

-Merci Lali. Sans toi, je serais tellement paumée.

-Sans toi, je serais paumée davantage.

-Deux paumées ensemble, que demander de mieux ?

Le train de nos vies ordinairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant