Comment avais-je pu être un ami aussi pitoyable ?
J'avais compris en parlant avec Lali que j'avais été égoïste. C'était comme si elle avait été un miroir pour moi. La réalité s'était brutalement effondrée sur moi. Tout était devenu limpide et évident. La jalousie m'avait rendu insupportable et aveugle.
J'avais laissé tomber ma meilleure amie Idgie parce que je ne supportais pas ce qu'elle était devenue. Sa célébrité m'avait rendu malade.
Je lui en avais voulu d'être aussi belle, intelligente et douée et de l'étaler partout. J'aurais voulu que nous restions les trois amis inséparables qui n'intéressaient personne, trois potes inconnus, trois ados anonymes.
Juste nous trois pour la vie.
Avant, j'étais tout pour elle. Avec son succès sur les réseaux sociaux, j'avais eu l'impression de la perdre. Elle m'échappait totalement et je ne l'avais pas supporté. J'avais pourtant essayé de m'accrocher, mais son père ne l'avait pas accepté non plus.
Je m'étais senti de trop, comme un déchet dont on se débarrasse.
J'avais eu l'impression de ne plus avoir le niveau pour rester proche d'elle.
À l'école, je n'avais pas apprécié entendre des remarques qui fusaient sur son compte. Certains la critiquaient, mais souvent, les potes parlaient d'elle comme si elle était un trophée à rafler. Ils la trouvaient belle et attirante, sublime et intéressante. Ils regardaient tous ses posts et en discutaient pendant la pause, dans le bus ou dans le train. Il n'y avait plus qu'elle dans leurs conversations et ça me rendait dingue.
Avant, c'était Idgie, Lali et moi.
Avant, c'était notre trio qui comptait, mais tout s'était envolé.
Je pensais qu'elle avait changé et qu'elle recherchait ce succès. Je pensais qu'elle n'était plus comme avant, que j'avais perdu la Idgie que j'aimais tant, celle qui me faisait croire que j'étais unique.
Mais j'avais tout faux. C'était elle qui était malheureuse. Elle avait perdu sa mère puis tout s'était compliqué.
J'aurais dû comprendre et rester à ses côtés. J'aurais dû être moins stupide, moins égoïste. Mais la jalousie m'avait rendu malade et m'avait dévoré de l'intérieur.
Je n'avais jamais réalisé à quel point il n'y avait jamais eu qu'elle. Je pensais ne jamais avoir été amoureux dans ma vie, mais maintenant, je savais qu'il n'y avait qu'elle qui comptait à mes yeux.
Idgie était tout pour moi. Je l'avais dans la peau depuis toujours.
Tremblant, j'arrivai devant le bâtiment où Idgie avait son audition. Je l'imaginai chanter devant tout le monde, talentueuse et sublime comme. À chaque fois. Elle allait les épater. Elle allait gagner The Voice Belgique.
J'avais tout gâché, mais tant pis, je devais être là pour elle. Je savais qu'elle était capable de les éblouir, les quatre sièges allaient se retourner sur elle et je voulais la soutenir tant qu'il en était encore temps.
Son père vantait son talent partout, mais il avait raison, Idgie était fabuleuse.
Je savais que je ne pourrais pas rentrer dans ce bâtiment. Je ne faisais pas partie de la liste d'invités, mais cela m'était égal. Je resterais là à l'attendre, des heures s'il le fallait.
Je serais là pour elle comme je ne l'avais plus été depuis trop longtemps.
Mais me pardonnerait-elle un jour ?
VOUS LISEZ
Le train de nos vies ordinaires
Ficción GeneralUn sans-abri trouve refuge dans une gare pour survivre à son triste sort. Un contrôleur de train fait une rencontre inattendue lors de sa journée de travail. Une adolescente vit mal sa notoriété sur les réseaux sociaux. Trois personnes qui veulent j...