Chap 32 : pdv du contrôleur de train

18 8 6
                                    

   Je me sentais bête de l'avouer, mais je n'attendais qu'une chose : revoir Céleste.

J'avais l'impression que depuis que nous avions échangé quelques phrases, je n'allais plus jamais la revoir, qu'elle allait disparaître et ne plus revenir.

Pourtant, je savais qu'elle prenait tous les jours le train, mais je flippais malgré tout.

Allait-elle se volatiliser ? Déménager ? M'éviter ? Changer wagon ?

Rien que d'y penser, je passai la journée à m'imaginer toute une série de scenarios improbables.

Tout à coup, je la vis. Elle était en train de lire. Concentrée, elle ignorait le reste des voyageurs. Il n'y avait qu'elle et son roman. Juste elle, enveloppée dans son manteau jaune, concentrée sur la page sous ses yeux.

Je la contemplai, le souffle court. Elle était belle. Il n'y avait pas d'autre mot pour la décrire et pourtant, j'avais la conviction qu'elle ne réalisait pas sa beauté.

Discrète, elle ne se faisait jamais remarquer. Seul exception : le fameux manteau jaune qui m'intriguait. Cette couleur chatoyante ne cadrait pas avec sa timidité.

Pourquoi ce choix ?

Brusquement, elle leva les yeux comme si elle avait détecté ma présence. Elle tomba dans mon regard. Je stoppai net au milieu du wagon, comme paralysé.

Allait-elle me sourire ? Allait-elle être heureuse de me revoir ? Où allait-elle m'ignorer tout simplement ? Faire comme si nous ne nous étions jamais parlé ?

Elle me dévisagea longuement, hésitante, puis elle finit par me sourire.

C'était un sourire si chaleureux, si touchant que je ne pus que lui sourire en retour.

Elle finit par baisser les yeux, pudiquement.

Je me mis à rire tout seul, ignorant les passagers autour de moi. Ce sourire magnifique était le plus beau de toute ma vie.

Jamais, je n'avais vu un sourire aussi bienveillant et aussi vrai.

Et il m'était destiné.

Le train de nos vies ordinairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant