Le train de nos vies ordinaires

Chap 57 : pdv Naël

   J'avais finalement retrouvé ma place dans la gare. C'était une douloureuse place, mais elle avait le mérite d'être devenue mon chez-moi. 

J'avais recommencé à observer le défilé des navetteurs, à sourire à des étrangers qui ne faisaient pas attention à moi.

Un jour, une jeune fille s'était approchée de moi. Elle m'avait demandé où se trouvait mon chien, un sac de provisions à la main. Je l'avais vaguement reconnue, mais je n'avais pas réalisé que sa notoriété allait peut-être m'être profitable. 

Elle avait posé le sac sur le sol puis elle m'avait promis de m'aider à retrouver Aiko, grâce à ses réseaux sociaux. J'avais souri, supposant qu'elle m'oublierait et ne comprenant pas vraiment pourquoi elle souhaitait m'aider. 

Pourquoi moi et pas un autre ?

Elle m'avait alors parlé de sa maman, mais je n'avais pas bien compris pourquoi elle la mentionnait. Je l'avais regardé s'éloigner et disparaitre dans la gare.

La tête baissée, le regard triste, elle était partie comme elle était venue. Elle avait tenté de m'aider, elle avait essayé de me soutenir sans me connaître, mais j'avais réalisé qu'elle aussi avait besoin de retrouver le sourire.

Mais comment l'aider elle ? Je n'étais personne.

J'avais ensuite vu dans un journal abandonné sur le sol que Amazing Idgie avait craqué en public et s'était enfuie des blinds de The Voice. Elle avait osé avouer qu'elle ne souhaitait plus être connue, qu'elle détestait ce qu'elle était devenue. 

J'avais eu le cœur serré en lisant ces quelques lignes et en fixant la photo de son visage mélancolique qui trônait en première page.

J'avais gardé précieusement l'argent qu'elle m'avait offert. J'avais commencé à entreprendre des démarches pour m'en sortir. Cet argent m'aiderait peut-être à rebondir et à trouver une issue à cette impasse.

Chaque jour, je la remerciais  d'avoir vu que j'existais, d'avoir tendu la main à un inconnu désœuvré.

Merci Idgie,.

J'espère sincèrement que tu trouveras le bonheur.