Le train de nos vies ordinaires

Chap 51 : pdv Idgie

   J'avais traversé la ville en courant. La pluie se déversait toujours des nuages. Je stoppai ma course pour regarder le ciel gris et morne qui reflétait si bien mon état d'âme à cet instant.

Je me retrouvai face à la gare, liège-carré qui était à quelques kilomètres de The Voice. Il faisait nuit et les ténèbres rendaient les lieux sombres et déprimants.

Je passai devant des voitures pour passer des barrières bleues ouvertes. Le quai était là, face à moi. Je perçus quelques badauds sur celui-ci qui attendaient leur train sous des parapluies détrempés. 

C'était un petite gare déprimante, prise en étau entre deux tunnels. Je pensai fort à ma mère qui aimait tant prendre le train. J'aurai aimé qu'elle apparaisse pour me consoler.

Personne ne faisait attention à moi. J'étais invisible alors que, quelques minutes plus tôt, j'étais sur une scène avec un micro, prête à chanter pour une émission réputée. Tout avait l'air flou, plus rien n'avait de sens.

J'aurais tellement voulu que mon père surgisse derrière moi et me prenne dans ses bras. Mais je ne me faisais pas d'illusions. Il ne viendrait pas. Il devait être en colère contre moi. Plus jamais, ils ne voudraient de moi dans cette émission. Papa ne me le pardonnerait pas. J'avais tout raté.

Que faire? J'ignorais où aller et vers qui me tourner.

Malheureuse, je fixai les rails sous mes yeux. Les gens sur le quai ne faisaient pas attention à moi, une gamine en robe noire qui restait immobile. Je m'avançai vers les rails comme hypnotisée puis je sursautai.

Une voix annonça l'arrivée d'un train dans la gare. Cette voix me figea sur place. J'étais pétrifiée. Il faisait si froid tout à coup que je me mis à frissonner.

Les rails dansaient sous mes yeux, mais je ne bougeais pas. Je pleurais de nouveau sans pouvoir me contrôler.

Qu'allais-je faire pour oublier ma peine ?

Brusquement, j'entendis un cri derrière moi.

C'était mon prénom qui s'élevait entre les gouttes de pluie.

-Idgie !

Je reconnus directement la voix qui m'appelait. Impossible que ce soit lui. Je levai les yeux des rails pour me retourner et découvrir une silhouette à quelques mètres de moi.

Était-ce bien William ?