Chapitre 3

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En quelques mois, les paysages du royaume de l'Emaya s'étaient ternis. Les elfes de feu avaient élu domiciles entre les champs et les prairies, détruisant des terres fertiles, brulant des arbres et des habitations pour s'installer à leur guise. Les humains avaient dû se plier aux ordres des plus puissants s'ils ne voulaient pas mourir dans d'atroces circonstances, il valait mieux pour eux qu'ils se soumettent et deviennent les esclaves des elfes ou qu'ils acceptent l'exile et quitte l'Emaya. Ainsi, les humains du royaume étaient devenus des servants pour les villageois, ceux du palais avaient été déplacés au sous-sol, dans les cachots et les cuisines.

Le cœur de Malya s'était affaibli, elle ne reconnaissait plus son mari qui était assoiffé par la quête de pouvoir, elle se laissait aller, n'arrivant même plus à prendre soin de son fils. Marelle était restée à ses côtés, elle avait beau être humaine, elle avait toujours été la domestique de la reine, seulement ses appartements n'étaient plus accolés aux siens. Malya n'avait pas changé sa façon de traiter Marelle, malgré leurs statuts elle l'avait toujours considéré comme une amie, seulement la mentalité avait changé et l'ambiance qui régnait désormais dans les murs du palais était toxique.

Alors qu'elle se laissait coiffer par sa domestique, elle se rendit compte de son allure en faisant face au miroir qui se dressait devant elles. La reine, qui a pour habitude d'être coquette avec un teint laiteux, des yeux d'absinthes, des cheveux noirs de jets et les joues naturellement roses, était aujourd'hui comme un cadavre luttant pour prendre son dernier souffle. Le visage amaigri, ses cheveux ternes et cassés avaient perdus de leur épaisseur, ses yeux avaient perdu leur éclat et devenaient pratiquement gris, elle fonctionnait par habitude, mais toute vie en elle était en train de s'éteindre doucement.

— Et si nous allions nous promener dans les jardins ? proposa Marelle.

— Je ne préfère pas.

— Ma reine, vous devez sortir, ce n'est pas bon pour vous de rester enfermée.

— C'est pourtant tout ce que je désire. Garder un brin d'imagination pour me souvenir de ce qu'était notre royaume avant que Gorimi ne le détruise, souffla-t-elle en laissant s'échapper une larme. Tout est de ma faute Marelle. Si je ne l'avais pas choisi lors de ce bal il y a plus de cinquante ans, jamais l'Emaya ne se serait retrouvé dans cet état. Te rappelles-tu quand nous pouvions marcher librement et aimer au-delà des apparences ?

Gorimi avait cherché à tout prix à apprendre le pouvoir du feu, il l'appréciait et cherchait à le dompter, mais plus il s'en approchait, plus la flamme qui dansait autrefois entre le roi et la reine se transformait en un lointain souvenir où il ne restait désormais que des cendres.

Un soir, avant que Marelle ne retourne dans ses quartiers, Malya lui avait demandé de toujours prendre soin de Nolan et de faire en sorte que celui-ci ne devienne pas comme son père, il devait sauver l'honneur, ramener la paix et rétablir la bienveillance qui semblait désormais n'être qu'un vaste souvenir.

*

Marelle courait à toute allure à travers les couloirs du palais, elle ne pouvait pas penser que cela se produise, elle ne voulait pas perdre la reine. Si elle la perdait, elle allait perdre sa place au palais, et désormais le village lui faisait peur avec tous ces orcs impitoyables en liberté.

Lorsqu'elle arriva à la porte des appartements des soigneurs du palais, elle ne put retenir un cri de surprise de sortir de sa bouche. Un orcs se tenait face à elle. Il n'était pas comme ces guerriers à la peau brûlée, il avait simplement le teint gris, des cheveux noirs attachés en une immense tresse. Ses yeux orange étaient ce qu'il y avait de plus impressionnant, en dehors de son imposante carrure. Il sourit en coin, laissant apparaitre des dents blanches et parfaitement alignées.

Le Royaume de l'Emaya [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant