Le Royaume de l'Emaya [MM]

Chapitre 41

Les troupes des royaumes de l'Auroramore et de Roweth reculèrent de quelques pas, laissant des sourires disgracieux se dessiner sur les visages des soldats de l'Emaya. Hypéria cracha du feu en direction du ciel, les flammes avaient beau être à plusieurs mètres au-dessus d'eux, la chaleur qu'elles dégagèrent les enveloppa immédiatement. Le dragon s'abaissa et Gorimi descendit de son dos en prenant le soin de couvrir d'un regard méprisant tous ceux qui se trouvèrent dans sa ligne de mire. Il eût un moment d'arrêt lorsque ses yeux se posèrent sur Nolan, cela faisait plus d'un mois qu'il ne l'avait pas vu, il avait supposé que celui-ci était mort.

Gorimi serra la mâchoire et il fit quelques pas pour se planter face à lui. Son fils ne cilla pas, il se tenait droit, majestueux, mais ses yeux le trahissaient, dans ce vert émeraude une voile violine apparut.

— Puis-je savoir ce que tu fais à te tenir du côté de l'ennemi ?

— Depuis que je suis sur ces terres je n'ai jamais été traité comme tel, je ne vois pas pourquoi je devrais considérer l'Auroramore comme mon ennemi.

Le roi de l'Emaya leva la main et affligea une claque violente au prince. Son armure d'argent qui protégeait ses phalanges s'abattit sur la joue pâle de Nolan lui faisant tourner la tête brusquement à cause du choc, mais le prince ne perdit pas l'équilibre. Il se redressa pour affronter à nouveau le regard froid de son père. Il essaya de ravaler la boule qui resta bloquée dans sa gorge, il pouvait sentir sa joue se chauffer et ses yeux changer de couleurs.

Emethyste et Jadieth firent un pas en avant mais Gorimi leva sa main pour les stopper, prenant son air supérieur, il les observa avant de reconnaitre Puerth enchainé plus loin.

— Nolan, si tu n'étais pas prisonnier, pourquoi ne pas être revenu au royaume ? Dois-je comprendre que tu refuses le trône ?

— Il a aidé votre prisonnier à s'enfuir et l'elfe de la terre en a profité pour faire des folies de son corps. Nolan ne l'a jamais repoussé, votre Majesté ! Je le sais, j'ai tout vu de leurs ébats répugnants, cracha Puerth fièrement.

Un silence se fit, dans les rangs de l'Emaya, des murmures critiquaient, des visages de dégoûts jugeaient le prince sur cette déclaration. Nolan serra la mâchoire à son tour. Son cœur pulsait à tout va dans sa cage thoracique, il sentait la honte l'envahir alors qu'il tentait vainement de se tenir le plus droit possible.

Gorimi attrapa brutalement le prince par son col, son haleine chaude et fétide se déposa sur le visage de ce dernier, l'étouffant alors qu'il lui pestait des mots que seul son fils pouvait entendre.

— Je ne lèguerai jamais mon trône à une vermine comme toi, tu n'aurais jamais dû naître ! Ta mère te voulait, je lui ai fait ce plaisir mais elle aurait dû t'emmener avec elle lorsqu'elle est morte de chagrin parce qu'elle n'acceptait pas le nouveau royaume que je lui offrais. Chaque jour elle périssait en montrant sa faiblesse, sa tristesse. Vous n'êtes que des faibles, tu ne mérites pas ton statut !

Le roi le repoussa si fort que cette fois-ci Nolan en perdit l'équilibre et tomba au sol. Lorsqu'il essaya de se relever Gorimi lui lança de l'eau à l'aide de sa magie pour l'embourber dans le sol. Le brun essayait de se débattre mais plus il le faisait et plus il s'enfonçait dans la boue.

Gorimi s'avança alors vers les deux rois ennemis.

— Sachez que je n'aurais aucune pitié pour les plus faibles, soit vous êtes avec moi, soit vous êtes contre moi !

— Gorimi, sois raisonnable, ne te rends-tu pas compte de la misère que tu fais subir à ton peuple, et de celle que tu désires nous faire subir ? Rien de bon n'émanera de cette guerre, tenta de la raisonner Jadieth.

— Avec moi, ou contre moi, vous seuls pouvez arrêter cette bataille. Je vous laisse le choix parce que je sais que vous allez vous faire massacrer par mes troupes. Alors que décidez-vous ?

— Nous ne nous plierons jamais à tes idéaux ! cria Emethyste.

— Alors c'est contre moi !

Gorimi se tourna vers ses troupes en levant son épée, des cris de guerres, des acclamations se firent entendre. Les orcs frappèrent leurs pieds au sol et leurs épées contre leurs boucliers. Ils étaient venus pour se battre, pour tuer et ils allaient pouvoir être servis. Gorimi souffla quelque chose à Neigma et celle-ci sourit fièrement avant de diriger ses flammes vers son fils pour faire fondre les chaines et le libérer, avant de faire danser celles-ci en direction de Nolan. La boue sécha à la chaleur et il se retrouva les jambes enfoncées dans la terre jusqu'aux genoux, incapable de les déterrer.

Nolan observa son père remonter sur Hypéria et le dragon s'envola en soufflant des flammes qui vinrent épouser les arbres alentours et les brûler. Le feu se propagea rapidement dans le bois et les feuilles avant de se rapprocher dangereusement de l'endroit où il était à demi enterré. Le prince était observateur de la scène qui se déroulait devant ses yeux. Les flèches volèrent dans tous les sens, des corps tombèrent non loin de lui, beaucoup de ses nouveaux amis se firent toucher mais beaucoup d'orcs aussi.

Les troupes finirent par se mélanger créant une cohue indescriptible. Puerth s'avança entre eux pour se diriger vers Nolan. Sur son chemin l'elfe de feu ramassa une épée, il marchait d'un pas déterminé. Il s'agenouilla pour faire face au prince, il se pencha sur lui.

— Je vais rester à tes côtés et tuer tous ceux qui s'approcheront de trop près. Une fois que tout ça sera fini, je me ferai un plaisir de prendre ta place sur le trône. Mais ne t'en fais pas Nolan, tu auras ta place au palais, tu seras ma putain !

— Je ne serai jamais ta putain et tu ne seras jamais sur le trône !

— Estime toi heureux que quelqu'un du royaume de l'Emaya veuille encore bien t'aider ! gronda-t-il en lui donnant un coup de poing avec le manche de son épée.

— Tu appelles ça de l'aide ? J'appelle ça du chantage !

Le prince s'agitait dans tous les sens pour sortir ses jambes de la terre. Il était recouvert de boue séchée, ses cheveux formaient des tresses de nœuds et de terre emmêlés. La lueur violette commençait à danser dans ses iris et la colère parcourait son être entier.

Le corps d'un orcs s'écrasa au sol à côté d'eux, il observa l'être mort et dont le sang noir s'écoulait de son corps, puis il releva les yeux pour apercevoir Théodore plus loin qui lui fit un clin d'œil alors qu'il était celui responsable de la flèche qui avait transpercé le crâne de l'orcs et qui ressortait par son œil. Le blond tendit la main pour écarter la terre et libérer les jambes de Nolan qui se libéra et pût enfin se mettre debout. Le prince croisa le regard de son ami qui lui fit un mouvement de tête avant de se retourner pour faire sortir des racines du sol et embrocher un elfe de l'air qui venait pour l'attaquer.

*