Chapitre 44

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Quatre jours passèrent, les elfes s'entraidèrent pour restaurer ce qui avait été détruit dans le royaume de l'Auroramore. Ils avaient fini par enterrer tous leurs défunts. Une immense cérémonie funèbre avait été organisée, des nombreux corps elfiques et humains avaient été repris par la terre, offrant de nouvelles fleurs, plantes ou arbres. Le soleil commençait à se montrer grâce à quelques timides rayons qui s'invitèrent à travers les nuages.

Nolan était allongé dans un immense lit dans des draps de soie. Ses sourcils étaient froncés alors qu'il sentait une main lui caresser la joue. Il ouvrit les yeux et son cœur s'accéléra, il regarda les alentours. Le plafond arrondi avait une bonne hauteur, les poutres étaient faites avec des troncs d'arbres fins qui semblaient polis et lustrés, rendant le bois brillant et doux. Un magnifique lustre de fleurs pendant élégamment, la lumière du jour était douce et passait à travers les vitraux rendant les rayons plus jaunes et apaisants. Des peintures de paysages et des plantes rendaient la chambre accueillante. Ses yeux se baissèrent sur les draps de soie. Il portait une chemise et il sentit que son ventre le piquait encore un peu. Il releva la tête sur la personne qui était à ses côtés et ses yeux s'humidifièrent.

— Marelle, gémit-il faiblement d'une voix enrouée.

Il se redressa pour venir l'enlacer. L'humaine se laissa aller dans cette étreinte en lui caressant le dos.

— Votre Majesté, vous ne devriez pas vous redresser aussi vite.

— Cela m'est égal, je ne veux plus jamais être séparé de toi. Où étais-tu pendant tout ce temps ?

Il se recula un peu pour pouvoir mieux l'observer avant de prendre en coupe son visage rond et rose.

— J'étais enfermée au palais. Lors de l'attaque, Pjyla est venue me chercher en cuisine et nous nous sommes cachées dans les sous-sols du palais en attendant que la bataille se termine. Votre père était furieux, il a ordonné à Puerth de venir vous retrouver et grâce à l'aide d'un ami, j'ai pu m'enfuir moi aussi. Je me suis réfugiée dans un village voisin, où d'anciens humains de l'Emaya se cachaient. Ils m'ont dit qu'ils vous avaient accueilli, et je savais que vous alliez bien. Lorsque les troupes de votre père se sont mis en tête de venir attaquer l'Auroramore, mon ami est venu me retrouver et nous nous sommes rapprochés d'ici. Nous avons été cachés par un certain Hans. La suite, vous l'avez vécu, vous en souvenez-vous ?

Nolan sembla réfléchir et une puissante vague de tristesse l'envahi, il se souvint que Teddy avait péri de l'épée de son père. Il avait eu l'impression qu'on lui arrachait le cœur. Des larmes lourdes et chaudes s'évacuèrent de ses yeux et il baissa la tête.

— Ô Marelle, je ne sais pas si ma vie vaut la peine d'être vécue.

— Ne dites pas ça. Nolan, votre père a été vaincu. Vous serez bientôt le nouveau roi de l'Emaya, vous êtes notre espoir.

— Comment puis-je être l'espoir d'un peuple alors que je n'ai plus aucun espoir en moi.

— Vous savez...

Elle n'eût pas le temps de finir ce qu'elle voulut dire. Des coups frappèrent à la porte et le roi Emethyste fit son apparition. Il était vêtu d'une tunique marron foncé à la broderie dorée, sa couronne sur la tête, il posa ses yeux sur Nolan et son sourire s'élargit.

— Nolan ! Vous êtes enfin de retour parmi nous ? Comment vous sentez-vous ?

— Je ne sais pas trop votre Majesté.

Marelle s'excusa, elle serra tendrement la main délicate du prince, s'inclina devant le roi et elle sortit de la chambre. Nolan fixait la porte en espérant voir un miracle, mais c'était se mentir à lui-même.

— Est-ce que tout ça est bien réel ?

— Ça l'est. Votre père est mort, le dragon s'est échappé et vous avez un peuple qui attend après vous.

— Je ne sais pas si je suis prêt pour ça.

— Personne ne l'est jamais vraiment. Vous savez, mes parents ont attendu quarante années avant de m'avoir et je suis né cinquante ans plus tard. Je me suis marié à dix-huit ans pour reprendre le trône qui me revenait, mais je n'étais pas prêt. Personne n'est prêt à devoir gérer un royaume, mais si vous le faites avec le cœur, alors il n'y a pas à douter.

— Et si mon cœur n'est plus là, admit-il avec une voix chevrotante.

— Vous êtes l'elfe le plus puissant des Terres de l'E.R.A.B. vous ferez un grand et honorable souverain, tout comme l'était votre mère, Malya.

— Ne dois-je pas me marier pour avoir accès au trône.

— Vous le devez si vous voulez régner à vos dix-huit ans. Vous avez dix-huit ans mais vu comme le précédent souverain est mort, vous lui succéder naturellement.

— Mais ce n'est même pas moi qui l'ai tué.

— On ne peut pas nommer un dragon souverain d'un royaume, sourit Emethyste.

— Que vont dire les elfes de feu ? Ils me détestent.

— Détrompez-vous, ils nous ont été d'une grande aide pour organiser les funérailles. C'est souvent dans les moments les plus douleurs, dans les pertes les plus importantes que les peuples se soudent.

Le roi marcha en direction de la porte pour sortir de la chambre, il agrippa la poignée et son doux sourire s'afficha.

— Vous devriez vous préparer, les elfes de tous les royaumes ont préparés un bal ce soir. Ils vous attendent.

Il sortit de la chambre, laissant Nolan seul dans ses pensées. Il resta un moment assis dans son lit à fixer ses doigts. Il pensa automatiquement à Teddy, son cœur se serra, il ne connaitrait plus jamais le bonheur d'une étreinte, la douceur de ses baisers, le parfum de sa peau et les frissons intenses qu'il ressentait lorsque leurs lèvres s'embrassaient. Il replia ses jambes et il pleura encore. Son père était mort mais il n'était pas triste de sa perte, au contraire il le détesterait pour l'éternité pour avoir tué l'elfe dont il était tombé amoureux. La douleur était forte, il se sentait vide, comme s'il n'avait pas été remis de sa blessure.

Il en voulait aussi à Gorimi de ne pas lui avoir planté son épée, droit en plein cœur, au moins il n'aurait pas à vivre avec cette douleur. Si les elfes pouvaient mourir de chagrin alors que le chagrin l'emporte et que cela soit rapide. Il ne voulait plus se réveiller un seul jour dans cette solitude.

Au bout d'un moment, il finit par se relever, ses yeux étaient rouges et gonflés. Sa gorge lui faisait mal, il voulait hurler sa peine, mais il se retenait. Il se rapprocha de la porte de sa chambre afin de dire aux gardes d'aller lui chercher des personnes disposées à l'aider pour se préparer aux festivités auxquels il semblait être convié par le roi Emethyste, pour les différents peuples des différents royaumes.


*

Le Royaume de l'Emaya [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant