Chapitre 7

159 17 2
                                    


Nolan frappa à la porte en bois massif à l'aide du heurtoir en bronze pour rejoindre la salle du conseil où son père l'avait fait appeler. Il était nerveux, le roi ne demandait jamais à le voir sauf pour lui faire des remontrances sur son comportement et il savait très bien pour quelle raison il avait été convoqué.

— Entrez !

Il poussa la porte qui grinça sur l'action, il rentra dans la pièce d'un blanc maculé et s'inclina en avant en regardant le sol.

— Vous m'avez fait appeler Père ?

— Approche.

Nolan se tenta à observer autour de la pièce, le bureau du conseil. En dehors de lui et du roi, deux gardes étaient aussi présents afin de surveiller les portes. Gorimi se leva de son large siège royal et il se recula de la table en ovale qui servait pour les réunions. Il fit quelques pas en avant pour se tenir droit devant son fils,

— Hermal m'a rapporté ce qu'il s'est passé hier dans la cour du palais. Peux-tu m'expliquer quelles sont les raisons de tes agissements déplacés ?

— Ce qu'il s'est passé hier est un malentendu.

— Était-ce une raison pour t'en prendre à Puerth ?

Le prince serra la mâchoire, il savait pertinemment que Puerth était le favori de son père. D'ailleurs, s'il avait pu choisir un enfant, il l'aurait s'en doute nommé prince de l'Emaya à sa place.

— Je n'ai fait que me défendre.

— Te défendre ? T'avait-il touché ?

— Non.

— Alors pourquoi avoir agi ainsi ?

— Puerth a dit...

Il s'interrompit brusquement, après quelques secondes d'attente il osa enfin relever le regard pour les planter dans les yeux bleus et froids de Gorimi. Il essaya de se contenir, mais la colère commençait à couler dans ses veines et il le savait, ses iris émeraudes étaient en train de se voiler de violet.

— J'attends, s'impatienta le roi en croisant les bras.

— Il a dit que ma mère était morte parce qu'elle avait trop honte d'avoir enfanté un elfe comme moi, dépourvu de magie.

Cette fois ci, ses poings se serrèrent mais il ne détourna pas le regard. Il savait que le roi détestait apercevoir cette lueur dans ses yeux, mais il était né ainsi, il ne l'avait pas choisi, il ne pouvait pas l'empêcher d'apparaître. Le silence s'installe, Gorimi sembla réfléchir mais lorsqu'il reprit la parole, celle-ci brisa le peu de confiance que Nolan s'était créé.

— Tu trouves ça juste de punir un puissant elfe de feu parce qu'il a dit la vérité ?

— C'est faux ! Ce n'est pas la vérité et vous le savez !

— Si ce n'est pas la vérité Nolan, alors laquelle est-elle ?

Le roi se rapprocha d'un pas vers son fils, mais son regard était méprisant, hautain et presque dédaignant. Nolan ne sut pas le soutenir plus longtemps, il baissa la tête en soufflant, ses épaules s'affaissèrent.

— Je sais pertinemment que vous ne m'aimez pas, que vous auriez aimé mille fois que je meurs à la place de la reine Malya, mais sa morte ne doit pas être salie par des mensonges.

Gorimi frappa si fortement la joue de Nolan que sa tête partie sur la gauche et qu'il manqua de perdre l'équilibre. Ses oreilles bourdonnèrent lourdement et il ravala difficilement les larmes de peine qui menaçaient de se montrer alors que la chaleur sur sa joue commençait à s'intensifier.

— Ne parle plus jamais de Malya. Ta mère n'est plus de ce monde, cela ne sert à rien de raviver son souvenir. Si tu ne montres pas un peu plus de respect envers Puerth, tu finiras le reste de ta vie esclave, comme tous ces humains. La seule différence entre toi et eux est ton physique, sinon vous êtes de la même espèce ! Tu es une honte, et tu n'es pas prêt à ce que je te lègue le trône. Je ne pense pas que les elfes de feu seraient prêts à se faire gouverner par un elfe aussi faible que toi. Gardes ! Emmenez-le au cachot et qu'il y reste jusqu'à nouvel ordre, ça le fera réfléchir à ses actes. Un prince ne doit pas se laisser contrôler par ses émotions.

Nolan s'interdit de reprendre la parole pour supplier le roi de ne pas l'envoyer au cachot. Il était habitué à être puni de la sorte, le cachot était comme sa deuxième chambre. Lorsque les gardes se rapprochèrent de lui pour le tenir chacun par un bras, il leva les mains pour ne pas qu'ils approchent. Il jeta un dernier regard haineux à Gorimi avant de s'adresser aux gardes.

— Je connais le chemin.

Il passa devant eux et sortit du bureau, suivi de près par les gardes. Sur son chemin il croisa Pyjla qui voulut s'approcher de lui, mais l'un des gardes lui refusa l'accès. Nolan put voir dans ses yeux noirs et rouges qu'elle compatissait. Au moins, une chose était sûre, pendant quelques jours il n'aurait pas à faire face à cet infâme Puerth !

*

Il ne savait pas depuis combien de temps il était allongé sur son lit de paille lorsqu'il entendit la porte principale métallique du cachot grincer en s'ouvrant. Son regard était fixé sur les barreaux de la minuscule fenêtre de sa cellule. Même s'il ne voyait pas le paysage à l'extérieur à cause du fait que celle-ci était bien trop haute, il pouvait sentir l'air froid qui s'infiltra dans le petit espace.

— Nolan.

Il releva la tête pour croiser le regard de Pyjla qui avait une torche dans une main et un panier dans l'autre.

— Je t'ai apporté à manger, ainsi que de l'eau, et une couverture.

— Tu devrais retourner dans tes appartements Pyjla avant que quelqu'un ne te voit. Si mon père l'apprend tu pourrais être punie.

— Tu ne mérites pas d'être ici.

Elle s'accroupit devant les barreaux avant de poser sa torche contre le mur de pierres humides.

— S'il te plait Nolan, je n'y suis pour rien. Tu le dis toi-même, on ne choisit pas sa famille.

Il avait l'habitude de dire ça quand ils échangeaient ensemble. Pyjla était la seule qui le comprenait. Bien qu'elle possédât une famille aimante, sa mère et son frère n'étaient pas aussi bienveillants qu'elle pouvait l'être. Il se leva et alla s'assoir face à la jeune elfe de feu.

— Merci, finit-il par dire.

Il releva le regard vers elle avant de lui accorder un faible sourire. A travers les barreaux, elle lui passa ainsi un bout de pain, une pomme et une bouteille d'eau en verre. Ses joues grises prirent une teinte plus foncée, signe qu'elle rougissait.

— C'est tout ce que j'ai réussi à prendre à la fin du repas.

— Ne t'en fais pas, c'est déjà plus que ce que j'ai le droit en restant ici.

— Je ne comprends pas comment le roi peut mettre son fils ici.

— Tu es bien sûre que tu es de la même famille que Puerth ?

Elle rit avant de rapprocher sa fine main de sa bouche pour se cacher. Pyjla était chaleureuse, pas seulement parce qu'elle était une elfe de feu, mais elle l'écoutait et elle lui donnait de l'affection. Nolan sentit son cœur se réchauffer un peu plus en sa présence.

Ils discutèrent encore quelques temps avant que Pyjla n'entende des bruits à l'extérieur, leur indiquant qu'il valait mieux qu'elle retrouve ses quartiers. Ils s'enlacèrent à travers les barreaux, et même si cela était un geste amical voire fraternel pour Nolan, il ressentit qu'à cet instant, cela signifiait un peu plus pour son amie.

Il s'allongea à nouveau et l'obscurité prit place dans sa cellule. Même s'il détestait la froideur des lieux, il appréciait le côté paisible qui en résultait. A l'exception des ronflements d'un elfe de l'air un peu plus loin qui avait été placé ici parce qu'il avait perturbé l'ordre publique en insistant un peu trop sur l'alcool de roche, la nuit était des plus calmes.


*

Le Royaume de l'Emaya [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant