Chapitre 35

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Teddy avait attendu presque trente minutes devant la porte fermée sans être capable de pouvoir parler à travers l'épaisse planche en bois. Il pensait que Nolan s'était vexé et qu'il allait se calmer, ressortir et qu'ils allaient pouvoir s'expliquer.

Il n'avait pas souhaité être maladroit dans ses mots mais il avait bien compris qu'il n'aurait pas dû prendre ça à la légère. Après tout, aucun d'eux ne connaissaient ce qu'ils leur étaient arrivés réellement dans le passé. Et soudainement, Teddy commença à se demander ce qu'il avait bien pu se passer dans la vie de palais de Nolan pour qu'il réagisse ainsi. Il savait, tout le monde le savait, que Gorimi était un affreux souverain, mais jamais il aurait pensé que le prince soit si différent de tout ce qu'il avait entendu.

Teddy avait fini par laisser Nolan seul dans sa chambre. Il avait été s'habiller convenablement puisqu'aujourd'hui il devait retourner aux entrainements. Si l'abominable elfe de feu qu'ils avaient capturé la veille avait vraiment fait appel à ses semblables, il devait se tenir prêt à combattre auprès de ses troupes.

Mais lorsque le moment serait venu, est-ce que Nolan choisirait tout de même leur camp, ou changerait-il d'avis ?

*

Il y avait beaucoup d'agitation au palais de l'Emaya, les elfes de feu venaient de mettre en garde Gorimi de la capture de Puerth. Le roi était furieux, non pas parce qu'il n'était pas revenu avec son fils, mais parce que l'ennemi était en train de le narguer.

— Nous devons rassembler les orcs au plus vite, combien d'hommes avons-nous ?

— Nous avons réussi à faire immerger sept cents orcs. Avec les deux batailles successives il nous reste un peu moins de mille soldats, mais d'après mes calculs, les royaumes de Roweth et d'Auroramore sont moins nombreux que nous et en plus, vous avez Hypéria votre Majesté, expliqua l'un des conseillers.

— Lieutenant, rassemblez vos orcs et vos elfes et partez à l'aube. Je vous rejoins dans deux jours avec mon dragon. Nous allons libérer Puerth et réduire leurs royaumes en cendre ! Que tous ceux qui s'allient contre nous subissent le même sort que leurs terres. Détruisons E.R.A.B. pour ne former que les terres de l'Emaya, ensemble nous serons plus grand que n'importe quelle terre elfique !

Le roi parla avec beaucoup de colère et d'aigreur mais les elfes de feu étaient prêts à se battre pour le roi qu'ils vénéraient, ils voyaient en lui le souverain qu'ils avaient toujours souhaité, celui qui leur offrirait des terres riches sur lesquelles s'étendre et s'épanouir. Les elfes de l'air en revanche se lancèrent des regards discrets, l'inquiétude se lisait dans leurs yeux. Ils avaient vu la folie de Gorimi s'emparer de lui et plus rien ne pouvait l'arrêter. Ils étaient restés par amour pour leur royaume et pour le roi, mais ils avaient constaté que depuis la perte de Malya plus rien n'était pareil.

*

Neigma était dans la chambre de Pyjla en train de brosser les cheveux de sa fille. La plus jeune avait l'air triste et inquiet, ses yeux fixaient le vide. Sa mère qui l'observait à travers le miroir brisa le silence de la pièce.

— Ma chérie, ne sois pas inquiète, je suis persuadée que ton frère se débrouille très bien.

— Je ne suis pas inquiète pour Puerth maman, je m'inquiète pour Nolan. Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas vu. Dire que nous aurions dû fêter son anniversaire et que...

— Nous nous rattraperons lorsqu'il reviendra. Tu l'épouseras et nous pourrons régner sur le royaume, c'est ce que nous avons toujours voulu. A moins qu'il ne refuse le trône, dans ce cas-là, je me suis assurée que Gorimi tombe sous mon charme et je lui ferai un héritier qui régnera dignement.

— Tu n'as jamais voulu retrouver l'amour ?

— L'amour ? A quoi bon ? Je me suis faite avoir une fois par ton père qui m'avait fait croire aux merveilles qu'il racontait. Il était faible, il s'est fait tuer, il était incapable de nous protéger. Il nous a laissé seul, sans rien. Heureusement que le roi est venu nous sauver, ici nous pouvons faire de grandes choses.

— Je ne désire pas me marier avec Nolan pour le pouvoir, j'aimerais qu'il m'aime comme je le fais.

— Pyjla, l'amour n'est que faiblesse et illusion. S'il n'était pas le prince, sache que je refuserais que tu te lies avec un elfe aussi pathétique que Nolan. Ça me désole déjà suffisamment de savoir que je dois te sacrifier pour lui ! Espérons que votre enfant tirera tout de toi.

— Je trouve que Nolan est très beau, je suis persuadée que...

— Pyjla je t'en prie, retire-toi ça de la tête ! Ne perds pas ton temps avec ces idioties. Puerth l'a bien compris, je ne sais pas pourquoi tu t'obstines.

La jeune elfe n'osa plus rien dire. De toute façon, personne ne l'avait jamais compris, Nolan était son confident, son meilleur ami. Elle ne sût jamais s'il s'agissait d'amour ou d'amitié, mais elle aimait le prince et elle n'avait jamais trouvé juste tout ce que le roi lui avait faisait endurer. Elle avait perdu son père et lui sa mère, ces pertes les avaient rapprochés même si elle savait pertinemment que lui ne ressentait pas la même chose, elle espérait qu'avec le temps cela puisse changer.

Neigma sortit de sa chambre et elle resta seule. Elle alla s'asseoir devant sa fenêtre pour regarder l'horizon. Le soleil se couchait au loin, elle pouvait voir toutes ces couleurs qu'elle connaissait et adorait. Un dégradé de nuances chaudes avec quelques nuages gris dans le ciel. Le beau temps se faisait timide, et la nuit s'annonçait encore fraiche pour ce soir. Elle espérait au fond d'elle que son frère et Nolan allaient bien, qu'ils ne s'étaient pas entretués et qu'ils rentreraient bientôt.


*

Le Royaume de l'Emaya [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant