Il est sept heures trente du matin, l'entraînement commence à huit, on a une réunion avec le staff au complet prévue cet aprem, mais tout le monde est déjà dans le vestiaire. Personne n'est capable d'attendre jusque-là pour lancer LE sujet.
-Alors, hm, commence Hirugami en se levant pour attirer l'attention, je suppose que vous avez tous eu l'info...
-J'ai cru que c'était une blague au début ! interrompt Hoshiumi.
-Est-ce qu'on peut récapituler ? intervient Heiwajima. Je ne comprends rien. Romero vient ici ? Nicolas Romero ? Le champion du Brésil ? On parle bien du même ?
-Il n'y a qu'un seul Nicolas Romero, déclare Ushijima.
Je ne dis rien. Je suis encore sous le choc. Double choc, d'ailleurs, et tout se mélangeait dans ma tête entre le retour d'Oikawa et l'arrivée de Romero. Nicolas Romero va venir dans mon équipe. Nicolas Romero va devenir mon attaquant. La pensée me saisit le cœur d'une drôle de manière quand je pense à tous les souvenirs que j'ai de lui -son T-shirt blanc, son sourire, son étreinte.
-C'est n'importe quoi, décrète Hoshiumi. Je sais qu'on est forts. Mais il jouait à la Lube ! Il quitte la Lube pour venir ici ! Alors que c'est là que va Bruno cette année, et qu'ils viennent d'être champions d'Italie...
-Il a peut-être de bonnes raisons de quitter l'Italie, répond Hirugami. Peut-être que ça se passe mal là-bas. Ou peut-être qu'il prépare sa retraite en venant dans une ligue un peu plus tranquille, si on peut dire...
-Sa retraite ? intervient Sokolov. Il n'a que trente ans. Il a dit qu'il ferait les Jeux de Tokyo, et peut-être même ceux de Paris.
-Il avait qu'à rentrer au Brésil, rétorque Hoshiumi.
-Quoi, t'es pas content, Kourai ? lance Heiwajima. C'est clair qu'avec lui dans l'équipe, tu vas devoir faire une croix sur tes ambitions de champion.
-Hmph ! C'est à Ushijima qu'il faut dire ça !
Ushijima relève la tête d'un air neutre :
-Notre équipe sera plus forte avec Romero.
-Et toi, t'en penses quoi, Kageyama ? me demande Hoshiumi. On t'a pas encore entendu.
Moi ? Je suis perdu. Je suis complètement perdu. J'ai passé les deux derniers jours avec le cerveau en métronome entre deux pôles : Romero, Oikawa, Romero, Oikawa. Je me pose plein de questions, et j'ai pas trop l'habitude alors autant dire que ça me fait mal à la tête -est-ce que Romero sait que je joue ici, est-ce qu'il sait qui je suis, est-ce qu'il se souvient de moi ? Je ne pense pas, on s'est juste croisés vite fait après tout.
Mais j'ai hâte. Hâte de le voir, de lui parler, de lui faire des passes, hâte de ressentir sa présence. Les sentiments troubles qui m'habitent depuis que je l'ai vu pour la première fois remontent à la surface. Le regard qu'il m'a lancé, avec sa main dans ses cheveux... ses mains sur mes épaules quand il m'attirait contre lui... et puis son ventre, ses jambes, son cou pendant que Joffe le plaquait contre le mur des toilettes... Je vais pas mentir : ça m'est arrivé plus d'une fois de penser à lui lors d'un plaisir solitaire. Putain, j'ai chaud maintenant.
Pour autant, je ne crois pas qu'Hoshiumi attende comme réponse bah je pense qu'avec lui dans l'équipe je vais me branler plus souvent, et je dis :
-On aura plus de chances de se qualifier pour la coupe des clubs.
Hoshiumi fait la moue, Hirugami rigole en lui posant une main sur l'épaule, et on se rend sur le terrain sans trop tarder. Ensuite, après manger, on se retrouve en réunion avec les patrons, alignés là en costar avec de grands sourires, et qui se frottent les mains en nous expliquant :
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Ikaroi
FanfictionEst-ce que ça en valait la peine ? Je ne le saurai sans doute jamais. A présent, je regarde en arrière vers ma liberté perdue, et je voilà ce dont je me souviens : des sourires brillants, des corps d'athlètes, des médailles d'or et des regards de br...