IV. 2. Tobio

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Je crois que je vais hurler.

Il est onze heures, Nicolas Romero vient de quitter mon appart. Il m'a serré dans ses bras en guise d'au-revoir, enfin, d'à-tout à l'heure puisqu'on se revoit dans trois heures au volley. Mon cœur va exploser. Non, sérieux. Je peux pas garder autant d'euphorie à l'intérieur. Je me tape Nicolas Romero, putain, Nicolas Romero a envie de moi. Sa réputation de légende, son corps de rêve et son sourire de star. Tout ça à moi, à moi, Kageyama Tobio.

C'est déjà la deuxième fois qu'on couche ensemble. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, je me pose pas de questions, je suis mon instinct et là, mon instinct me dit de foncer et de profiter à fond de ma chance. Je réalise mon plus grand fantasme et je ne veux pas me freiner. Alors il y a Oikawa, oui, mais Oikawa est en Argentine et on n'a pas couché ensemble depuis mes seize ans. On aurait sûrement pu remettre ça depuis, surtout ces derniers mois ; mais je préfère le garder du côté sentimental et dissocier ça clairement du sexuel. Et puis, il y a Atsumu, mais j'ai aucun engagement envers lui, même si on a notre routine bien établie.

Romero, c'est ni Oikawa, ni Atsumu. Oikawa, c'était le partage des premières fois, la découverte dans la douceur et la tendresse ; et Atsumu, ce sont les expériences, et la jouissance de toutes les manières possibles, mais ça reste assez mécanique. Le cœur pour le premier, le corps pour le second. Romero, c'est plus que ça. C'est la passion, l'ivresse et l'extase. Et c'est incroyable.

Je vais pas mentir, ces derniers jours, il a occupé tout l'espace de mes pensées. Quand j'ai reçu son message hier soir, j'étais justement en train de me rappeler la nuit qu'on avait passée ensemble. Et quand il est arrivé... Romero chez moi, dans mon petit appart, Romero dans mon canapé ? En train de me prier de l'appeler par son prénom ? J'ai cru que j'allais en crever. Vraiment, je crois que cet homme va me faire crever.

Mon téléphone se met à sonner, et j'espère que c'est lui -et je me sens presque coupable d'avoir pensé ça quand je lis le nom d'Oikawa. Il m'appelle de temps en temps, quand j'ai pas donné de nouvelles depuis un moment.

-Allô ?

La voix de mon premier amour s'élève depuis l'autre bout du monde :

-Tobio-chan, tu es bien vivant ?

Plus vivant que jamais, je crois, mais bon, je vais pas commencer à raconter mes ébats à Oikawa-san ou il serait capable de prendre le premier avion pour venir en personne m'adresser des plaintes outrées et des torrents de fausses larmes. Comme si j'allais me mettre une ceinture de chasteté en l'attendant. J'ai une libido, moi ; et il avait qu'à rester ici s'il voulait en profiter.

-Ouais, et toi ?

-Finis-en avec les banalités, sale gosse que tu es toujours. Tu m'avais promis des photos du festival et j'ai rien reçu du tout.

Ah ouais, les feux d'artifices. Ils sont loin, ceux-là.

-J'ai pas pensé à prendre de photo, désolé.

-Tu les as vus ?

-Oui, euh...

Oui, c'est pas un mensonge, enfin, ils étaient surtout dans ma tête mais je les ai vaguement aperçus -les explosions qui rythmaient les battements de mon cœur et les couleurs qui peignaient les murs de la chambre, qui faisaient luire la peau de Nicolas Romero et rehaussaient son sourire, qui brillaient dans ses yeux pendant que je le prenais tout entier, qu'on s'embrassait comme des fous et qu'on baisait comme des dieux, et...

-Euh quoi ? s'impatiente Oikawa.

-C'était... C'était magnifique.

-T'étais tellement fasciné par le spectacle que t'as pas eu l'idée de prendre ton téléphone et filmer pour ton vieux senpai ? Je te pensais pas si poétique, Tobio-chan. Non que ça me déplaise...

IkaroiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant