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PDV Jordan

J'étais d'humeur joyeuse en sachant que j'allais revoir Attal : c'était stimulant de discuter, de débattre avec lui et puis, c'était une personne pour laquelle j'avais de la considération personnelle. J'avais hâte de voir ce que l'émission allait donner mais je n'aimais pas particulièrement revisionner les débats que je faisais, même si j'étais tenté afin de voir avec du recul nos échanges.

Il fallait se l'avouer, cet homme avait de la classe et qu'est-ce qu'il était vif dans ses réponses ! Ça m'agaçait et m'enchantait en même temps, c'était un sentiment étrange... Et en réalisant que nous aurions encore d'autre débat, j'étais aux anges : il était parfait pour me faire progresser, pour m'apprendre à devenir meilleur. 

Je souris en me rappelant qu'il était bien devenu comme un professeur pour moi maintenant . 

En l'entendant rétorquer sur la TVA, je ne pus m'empêcher de l'applaudir intérieurement et rétorquai sans réfléchir : 

- Mais c'est ce qui nous différencie... mon cher Gabriel Attal.

Je pris conscience que j'avais mis trop de ferveur sur son prénom et j'espérais tout bas que personne ne s'en rendrait compte, je n'osais lever les yeux et lorsque je le fis, j'étouffai dans l'oeuf la sensation de son regard sur moi. Je devais faire attention, malgré tout, j'avais du mal à rester sérieux en me souvenant de notre première rencontre et de tout ce qui est arrivé jusqu'à aujourd'hui. 

S'il savait que mon véritable mentor c'était lui... même si nous étions opposés politiquement, j'admirais ce qu'il incarnait en tant que figure dans son parti. 

Le débat était terminé et nous devions regagner notre loge. Comme à chaque fois je souhaitais que cela se prolonge, j'avais tant de questions à poser, tant de révélations à avoir sur ce que je devais être quand il était dans la même pièce que moi. Il m'aidait d'une certaine façon et j'avais l'impression d'être hors du temps lorsque j'étais confronté à lui.

- On t'attend dans le bar à côté Jordan.

J'acquiesçais et regardais autour de moi afin d'aller discrètement vers la loge d'Attal. J'étais nerveux mais je voulais juste le saluer et lui remettre quelque chose. Son anniversaire datant d'il y a quelques jours, j'étais tombé sur un porte-clef qui risquait de lui plaire. J'avais pensé à lui en tombant dessus et c'était une manière pour moi de le remercier en secret de son conseil quand j'étais encore au lycée. Comme ça on serait quittes lui et moi...

J'hésitais longuement, le coeur battant, devant la porte, puis je tapai discrètement et l'ouvris.

Il était face au miroir et semblait exténué. Il ne m'avait pas entendu, je me sentais happé par une forme d'intimité en me rappelant que nous étions seuls et que j'étais là, avec lui. Mes mots étaient coincés dans ma gorge, je perdais un peu mes moyens et commençai à regretter ma démarche mais il était trop tard. 

Il m'avait aperçu.

- Jordan Bardella ? dit-il doucement, comme s'il voyait un fantôme. 

J'inspirai fortement et repris un masque de courtoisie avec fermeté.

- Oui, pardonnez-moi je... souhaitais juste vous féliciter pour ce débat.

Je me rapprochai timidement de lui et notai que je le dépassai de quelques centimètres. Ses yeux me transperçaient, à croire qu'il ne savait pas quoi dire.

- C'était très court mais on se reverra, ajoutai-je, gêné. 

Il esquissa un sourire, ce qui permit d'alléger la tension. 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant