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(PDV Jordan)

Je tombais dans le vide et je me laissais porter : à quoi bon lutter, si j'étais privé de mon bonheur ? 

Je sursautai violemment, me préparant au choc...

- Jordan ?

J'ouvris brutalement les paupières, le souffle coupé. Je voyais flou à cause des larmes qui émergeaient de mes yeux contre ma volonté. J'étais perdu, je ne comprenais plus rien : seul le visage de Gabriel fut mon point d'ancrage dans ce moment perturbant. 

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi pleures-tu ? s'inquiéta-t-il, devenant plus alerte face à mon air effaré.

Malgré moi, je ne pus arrêter le flot de peur et désespoir qui m'assaillaient de toutes parts. Ce n'était qu'un mauvais rêve mais bordel... j'avais l'impression que tout avait été bien réel... Surtout le dernier instant où je l'avais vu... et le sentiment de détresse dans cet endroit lugubre... mon corps gardait encore les marques de cette torture mentale...

- Viens-là, m'intima-t-il, en faisant glisser ma tête contre lui. 

- Je suis... désolé, je...

- J'ai compris, ne t'en fais pas, me rassura-t-il, de sa voix douce. Je suis là, avec toi. Tu n'as rien à craindre. Tu es en sécurité en ce moment, prends le temps de respirer...

Je me laissais guider par ses mots et peu à peu, je retrouvais la maitrise de moi-même. Ma respiration était encore un peu trop rapide mais après une crise de panique comme celle-ci, j'avais besoin de plus de temps pour m'en remettre. Malheurement, elle restait sous-jacente, attendant son heure avec impatience...

Le contact des lèvres de Gabriel sur mon front me tranquillisa instantanément et le débit de ma respiration s'accéléra pour une autre raison, beaucoup plus agréable.

- Merci, lui murmurai-je, en nouant mes doigts autour des siens.

- Ça t'arrive souvent ? me demanda-t-il, s'écartant légèrement pour mieux me regarder. 

- Parfois, avouai-je. Je suis assez anxieux de base. Le sport me permet de canaliser tout ça. Mais, il arrive que ça ne suffit pas... comme ce soir.

- Tu... veux me raconter ? risqua-t-il, avec prévenance.

- Je... 

Une vibration nous fit sursauter tous les deux : c'était mon téléphone qui avait bougé sur son chevet. 

- Il vaut mieux que je m'en aille, dis-je, songeant à l'idée que je pouvais lui causer des problèmes en étant avec lui.

Gabriel était désemparé par mon changement d'attitude soudain et son air concentré semblait déceler ce que je ne voulais pas montrer.

La peur de souffrir... si j'étais amené à le perdre.

- Ne pars pas comme ça, je sens que tu n'oses pas me parler mais sache que tu peux te confier à moi, décréta-t-il, les iris flamboyants.

J'étais déjà debout et je ne pus m'empêcher de regarder l'heure : 2h30 du matin. Il valait mieux que je parte si je désirais faire les choses bien. 

- Je te raconterai Gabriel mais je vais partir au cas où... tu sais... dis-je d'une voix mal assurée, attristé de le quitter. 

Il se leva lui aussi et vint vers moi, assimilant tout comme moi la fatalité de notre situation. 

- Ok... oui d'accord, je te raccompagne. 

Nous marchâmes en silence jusque l'entrée. J'allai lui dire au revoir quand il me prit dans ses bras avec une force insoupçonnée. 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant