Parti pris pour l'amour - Bardella X Attal

*26*

(PDV Gabriel)

Mon Cher Gabriel

Il y a des choses dans la vie qui sont difficiles à exprimer avec des mots mais je vais essayer de faire du mieux possible. Ta lettre m'a beaucoup touché et sache que je me rappelle bien de ma soirée d'anniversaire avec toi. Tu as été là pour moi dans ce moment important, tu as pris soin de moi et ça restera gravé dans mon coeur.

Bas les masques comme tu l'as dit... alors c'est parti.

Depuis que nos chemins se sont croisés, depuis ce jour-là au lycée, tu as apporté une lumière particulière dans mon quotidien : l'espoir. Même si ces moments de rencontre ont été fugaces à travers les années, ils sont empreints d'une certaine magie et vérité.

J'avais une fausse image de toi au début, à cause des rumeurs des gens autour de moi, mais je dois avouer que tu m'as agréablement surpris : ta personnalité, ta bonté, ta sensibilité, ton éloquence, ta prestance sont autant de qualités qui me font t'apprécier d'autant plus. Une fois, un journaliste m'a demandé si j'étais jaloux de toi : en y réfléchissant après, j'ai compris que je t'enviais sur cette capacité que tu as de rester toi-même et de ne pas avoir peur de déplaire. Tu es une personne courageuse Gabriel. Même si tu as connu la douleur, les moqueries, tu restes fidèle à tes principes, à tes valeurs. Je ne peux pas en dire autant de moi à vrai dire...

Je ne devrais sûrement pas t'avouer ceci mais tu me manques bien plus que je ne pourrais l'exprimer : chaque jour je ressens un vide étrange, comme si tu avais pris une place importante dans ma vie. Cependant, la réalité de notre situation ne nous permet pas de nous rapprocher davantage. Je suis conscient des enjeux de notre travail et des conséquences que cela pourrait prendre pour toi. Pour nous deux.

Cela ne veut pas dire que tout était faux ou irréel. Bien au contraire, je tiens à toi et tu occupes une place précieuse dans mon coeur, non pas car tu as joué un rôle dans ma carrière, ce n'est pas que pour ça, c'est surtout car tu es une personne exceptionnelle. J'aimerais que cette connexion spéciale entre nous continue, d'une certaine façon, d'exister, même si elle doit rester telle qu'elle est. 

Gabriel, merci pour tout. Même si la prochaine fois, nous devrons agir comme des rivaux, en apparence, n'oublie pas qu'en réalité, tout est différent.

Il va falloir que je reprenne un ton formel avec toi d'ailleurs, alors...

Prenez soin de vous Monsieur le Professeur, 

Monsieur Mystère alias Spiderman

PS: mon porte-clé me plaît merci vraiment ! et attention à ne pas trop sortir la nuit surtout après des soirées arrosées ;)

Une larme tomba. Puis deux et des dizaines d'autres.

J'étais tristement heureux. Triste car je pris conscience d'à quel point il manquait à ma vie. Et heureux car il avait pris ce temps-là pour moi, pour me dire tout ça. 

J'étais mitigé car j'avais l'impression que cette lettre était comme un signe d'adieu. Un point final à ce qui n'avait jamais commencé. J'avais l'impression d'avoir lu le résumé d'un livre qui me plaisait mais qu'on m'interdisait de le lire. De contempler l'horizon et de ne pas pouvoir discerner son immensité. D'être dans le noir et de ne pas pouvoir saisir la lumière même si j'essayais. D'effleurer un bonheur qui ne serait jamais à ma portée.

Jordan avait transformé mon monde : il y avais mis de la couleur, de la joie là où tout était morne et triste. Avoir pu échangé avec lui dans l'avion m'a fait comprendre la personne qu'il était : il cachait sa sensibilité derrière un masque de vanité. J'ai pu percevoir le petit garçon blessé en lui, j'ai pu le faire car il me ressemblait. Nous partagions la même blessure secrète : celle d'avoir été jugé et critiqué. Je ne savais comment de son coté mais je le ressentais. 

Je pris la lettre et la posa à mon coeur, libérant toute cette frustration que j'avais à l'idée  que je devais reprendre ma vie comme si de rien n'était.  Je tremblais, je n'en pouvais plus. 

Comment feindre une situation qui n'avait été que pureté à mes yeux ?

Je l'ignorais... J'apprendrais à le faire. Il valait mieux que tout s'arrêtait maintenant. j'étais déjà autant attaché à lui alors qu'on était pas aussi proches, n'imaginons pas ce que cela donnerait si on se créait encore d'autres souvenirs.

- Hey Volta... 

Elle avait sauté sur mon lit et m'observait avec ses yeux doux. Elle s'emmitoufla contre moi, comme si elle percevait mon mal être. 

- Tu sais, j'ai rencontré un garçon vraiment insupportable... En vrai je l'aime bien... c'est pas possible avec lui car....trop de choses nous séparent et la plus grande... c'est lui. 

Volta ne me répondit pas mais mettre des mots là-dessus m'aidait à me centrer.

- Il est plutôt cool quand on le connaît bien mais qu'est-ce qu'il est insupportable parfois ! c'est un gamin, il a tout le temps faim ! et il aime bien couper la parole ou te contredire ! Il a un sourire plutôt arrogant mais ses fossettes l'excusent et ses yeux sont... 

Je me tus. 

Bordel.

- J'ai peur Volta. J'ai peur de ce que je ressens pour lui... 

Je m'allongeai, troublé. Sans réfléchir, je pris mon téléphone et me surpris à aller regarder nos premiers entretiens à la télé. 

"Mon Cher Gabriel Attal" : élu la moue la plus craquante du siècle pour moi. Je passais ensuite de longues minutes à pouvoir le contempler et entendre sa voix... à un moment, je dus m'assoupir car je le voyais encore dans mes rêves.

Tu me manques Jordan.

* * * 

*Coldplay -  Fly on*

*Une volée d'oiseaux planant au-dessus

Juste une volée d'oiseaux 

C'est comme ça que tu penses à l'amour
Et je regarde toujours vers le ciel 

Peut-être qu'un jour je volerai à côté de toi.*