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(PDV Jordan)

J'avais de la chance d'avoir un ami qui habitait à proximité de chez Gabriel, car je pouvais laisser ma moto et mon casque en sécurité. J'en profitai aussi pour prendre de ses nouvelles, il n'avait pas changé depuis le lycée. J'en oubliais pas mon objectif principal bien sûr et me dépêchai d'aller vers son appartement. J'avais confiance : même si je n'avais pas le badge, je n'avais qu'à attendre quelqu'un entrer et prétendre, je ne me faisais pas de soucis pour ça... Par contre en ce qui concernait de le croiser, je n'avais plus qu'à attendre et à me fier à ma bonne étoile.

S'il vous plaît, faites que je puisse le croiser... même de loin.

Des personnes me dévisageaient parfois, semblant me reconnaître ; je gardais les yeux fixés devant moi. À l'angle de la rue, j'hésitais : mon coeur battait à tout rompre et j'avais peur des conséquences.. j'avais envie de le voir mais j'étais aussi terrifié en même temps, ce fut un sentiment grisant de le savoir si proche et si loin de moi...

Finalement je passais devant son entrée sans m'arrêter. Je n'avais pas le courage... Quel droit avais-je de revenir dans sa vie comme ça ? Peut-être était-il déjà passé à autre chose ? Et si ça avait été futile tout ça pour lui ? 

Je me posai trop de questions : je devais aller jusqu'au bout sinon j'allais le regretter plus tard.

Je fis demi-tour et faillis m'évanouir : Gabriel sortait de chez lui et allait dans le sens opposé. Il était... vraiment élégant et portait un sac en main. Sa démarche était assuré.  J'eus l'impression soudaine que tout était plus vivaces autour de moi : les couleurs, la dureté du sol, la brise qui passait, les gens... et à l'intérieur de moi comme un immense chaos salvateur. Je fus ramené au point central de mon univers, c'est pourquoi je décidais de le suivre.

Je tentai de rester discret tout en ne le perdant pas de vue. Il dut sentir qu'il était observé pendant son trajet mais il ne me surprit pas. Je compris qu'il était allé voir des amis en voyant deux personnes de son équipe l'interpeller de chez eux. Je les enviais de pouvoir partager un moment avec lui. 

Avec un pincement au coeur, je repartis vers son appartement pour déposer la lettre. Une vieille dame sortit quelques minutes après mon arrivée et je pus me faufiler à l'intérieur. J'épiai furtivement sa boite aux lettres... hésitant. 

Et si j'allais la glisser directement à travers l'embrasure de sa porte ? Au moins, il pourrait la lire plus rapidement... Au fond je souhaitais juste me rapprocher de lui, peu importe comment, il me manquait.

C'est ainsi que je fus devant de sa porte, les souvenirs de cette nuit affluant dans mon esprit. On s'était mis dans des situations si délicates et si vulnérables l'un envers l'autre... les choses auraient pu être différentes si on n'était pas des opposants.

Et voilà. Pas de retour en arrière. J'avais fait ce qu'il fallait. Je restai encore un instant, touchant la poignée, en signe de désespoir, sans forcément creuser la raison pour laquelle j'agissais ainsi. Je ne voulais pas encore voir la vérité en face. 

Bien évidemment, je retournais patienter là où il était actuellement. J'étais fâché de constater qu'il comptait encore rentrer chez lui à une heure tardive. Ça ne lui avait pas suffi la dernière fois ? Et si on l'agressait de nouveau ? 

Merci, merci de me permettre de pouvoir veiller sur lui ce soir.

Vers 22h30, il réapparut enfin. Il avait un air sérieux. J'attendis un peu et le suivis à distance.

Jordan, tu deviens un stalker. Non, garde-du-corps c'est mieux.

À un moment, j'eus la crainte qu'il me surprit car il se retourna brusquement mais j'étais caché et l'obscurité m'y aidait. Il prit du temps avant d'entrer et je me demandais pourquoi. Comme j'aurais aimé voir son visage de plus près ! 

Sans réfléchir je piquai un sprint et récupérai ma moto chez Brice. Je donnai les gaz et fus enchanté de voir Gabriel, toujours là, à l'extérieur. Je pus enfin voir réellement ses traits même si c'était pour quelques secondes.

Je fonçai. Enivré par les sensations qui s'éveillaient en moi. Qu'il réveillait dans mon coeur. Et qui me faisait frissonner le corps et frémir l'âme. C'était plus enivrant que la moto je vous promets. 

 * * * 

PDV Gabriel

Je continuais à fixer la lettre devant moi. Là, assis sur mon lit, elle prenait toute la place dans mon esprit. J'étais terrifié. J'étais fasciné. J'étais sans dessus-dessous. 

J'imaginai Jordan écrire la lettre puis venir jusque chez moi pour la déposer discrètement sous ma porte. J'eus un sourire. C'était romantique. Je ne le voyais pas faire ce genre de chose, et encore moins pour moi. Je suppose qu'il avait voulu faire les choses dans les règles pour ne plus avoir de problème, je ne devais pas m'emballer en pensant que je puisse lui manquer. 

Mais... la lettre me prouvait quand même le contraire. 

Quand je pense qu'il était sûrement autour de moi à un moment... m'avait-il aperçu ? La sensation d'être suivi... c'était lui ?  Comme j'aimais à croire que c'était sa présence qui veillait sur moi...

Je tendis ma main vers la lettre et la pris délicatement. Je la humai pour voir si je pouvais sentir quelque chose... et oui. Ce parfum je le reconnaitrais entre mille.

Ému, j'ouvris l'enveloppe et commençai ma lecture.


* * * 


*Robbie Williams - Feel*

* Je veux juste ressentir le véritable amour
Ressentir la maison dans laquelle je vis
Parce que j'ai trop de vie
Courant dans mes veines.  * 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant