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Réminiscence d'une vie antérieure :

Le prince Gabriel, assis dans l'obscurité de ses appartements, sentit le poids de ses responsabilités l'écraser comme jamais auparavant. La décision de son père résonnait encore dans son esprit, et l'exil imminent du chevalier le déchirait à l'intérieur. Ses pensées le ramenèrent, presque par instinct, à une nuit d'été, la plus belle qu'il ait jamais vécue avec son cher et tendre. 

 C'était une nuit douce, quelques mois auparavant, avant que tout ne bascule.

 Le royaume était en paix, et l'air, encore tiède du soleil couchant, portait l'odeur des pins et des herbes sauvages. Gabriel et Jordan s'étaient échappés du château après la tombée de la nuit, comme ils en avaient pris l'habitude, pour savourer quelques heures volées au destin cruel qui les maintenait séparés.Ils avaient marché en silence jusqu'à une clairière surplombant la vallée, un endroit isolé que seul Jordan connaissait.

 Le ciel, dégagé de tout nuage, offrait un spectacle d'étoiles scintillantes, brillant plus intensément que d'habitude. Ils s'allongèrent côte à côte sur l'herbe douce, les regards perdus dans l'immensité céleste.Le silence entre eux n'avait rien d'inconfortable. Il était rempli de non-dits, de promesses tacites, de sentiments que les mots ne parvenaient jamais à exprimer complètement. 

Le monde semblait loin, et pour quelques instants, ils pouvaient faire semblant que rien d'autre n'existait que cette nuit, cette clarté d'étoiles et le battement synchronisé de leurs cœurs. Le chevalier  tourna légèrement la tête pour observer son prince, ses yeux reflétant la lumière des étoiles. 

"Il y a des nuits comme celle-ci où j'imagine un monde différent", dit-il doucement, sa voix à peine un murmure. "Un monde où tu n'es pas prince, et où je ne suis pas qu'un chevalier. Un monde où nous pourrions être simplement... nous.

Gabriel tourna son regard vers lui, la poitrine serrée par cette idée à la fois belle et douloureuse. Il savait que ce monde n'existait pas, mais entendre Jordan l'évoquer le remplissait d'une chaleur douce-amère. 

"Et dans ce monde, que ferions-nous ?" demanda le prince, son cœur battant plus fort. 

 Le chevalier esquissa un sourire, un sourire teinté de tristesse et d'espoir. 

"Je te construirais une maison loin d'ici. Nous vivrions dans les collines, entourés de forêts, loin des obligations et des regards. Chaque soir, nous regarderions les étoiles, comme ce soir, et chaque jour serait à nous. Rien ni personne ne pourrait nous séparer."

Gabriel ferma les yeux un instant, se laissant emporter par l'illusion. Ce tableau simple et pur lui faisait mal, car il savait que jamais ils ne pourraient atteindre cette paix. 

"C'est un rêve cruel... Nous sommes maudits, comme Roméo et Juliette."

Jordan  soupira doucement et tourna son corps vers Gabriel,  posant une main sur la joue de son prince. 

"Peut-être. Mais cela ne change rien à ce que je ressens pour toi."

Son regard s'adoucit, et une intensité brûlante émergea dans ses yeux. 

"Je t'aime mon prince, depuis le premier jour où nos chemins se sont croisés. Cet amour me brûle, me consume, mais jamais je ne regretterai ce que je ressens pour toi. Même si le monde entier devait nous condamner, tu seras toujours celui que mon cœur aura choisi."

 Le souffle du prince se coupa face à cette déclaration. C'était plus que des mots ; c'était un serment, un engagement profond que même les lois et les attentes de la couronne ne pouvaient effacer. Il savait que cet amour était voué à l'échec, qu'il était aussi inévitable que tragique, mais en cet instant, sous ce ciel infini, rien d'autre ne comptait. 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant