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PDV Gabriel

Je me réveillai avec difficulté. J'avais l'impression que des coups de marteau martelaient mon crâne. Je me trainai avec peine dans la cuisine et pris un comprimé. En attendant que l'effet se propage en moi, je pris une douche, tel un zombie. Je repensai à hier soir et me promis de ne plus abuser autant sur l'alcool : sur le coup ça faisait du bien mais au final, le mal finissait toujours par revenir. C'était étrange je me rappelai d'avoir parlé avec Charlotte... puis le président...

Et après tout devenait flou... je me rappelle de deux hommes aussi... mais je ne savais pas si c'était un cauchemar ou si ça s'était vraiment passé. Étant donné que j'étais bien arrivé chez moi, il ne m'était rien arrivé d'important... Bizarrement, j'entendais Spiderman dams mon esprit... et j'avais l'impression de sentir le parfum de Bardella... Absurde... l'alcool m'était bien monté à la tête vu tous ces éléments décousus. Je décidai de mettre toute cette confusion aux oubliettes.

J'étais en train de prendre mon petit-jeuner quand une sonnerie retentit. Je tendis la main vers mon portable et répondis :

- Oui... Allô ? Dis-je, la voix un peu enroué.

- Gabriel... comment tu te sens ? Tu es bien rentré hier soir ?

Charlotte. J'éclaircis ma voix.

- Oui en un seul morceau. Et la soirée ? Tu es bien rentré toi aussi ?

Elle pouffa.

- Oui j'ai passé une bonne fin de soirée... Max m'a raccompagné.

Cette nouvelle m'alarma.

- Mais non ! Et ? Il s'est passé quelque chose entre vous ?

- Tu le gardes pour toi hein ?

- Mais oui tu me connais !

- On s'est embrassés, avoua-t-elle, avec timidité.

- Oh ! C'est trop mignon... je suis content pour vous.

- Hé c'est juste un bisou. Rien de bien sérieux pour le moment Gabriel.

- Ça évoluera... c'est chimique entre vous deux, tu verras.

- On verra... j'ai peur d'espérer tu sais...

- Te mets pas la pression mais... ne te bloque pas non plus. Max est un bon gars.

- C'est vrai... je te laisse j'ai encore des dossiers vérifier. Toi profite de tes quelques jours de repos. Et reviens nous en forme ! Au fait... si tu as besoin de parler par rapport à Stéphane, m'hésite pas.

Je lui assurai que oui pour tout et raccrochai. C'était le bon moment pour aller voir ma famille et passer du temps avec eux. J'avais hâte aussi de revoir mon petit toutou.

Je mettrai tout en ordre avant mon départ bien que je m'étais déjà préparé en amont. J'eus un message du président qui me souhaita de bonnes vacances aussi. J'allais prendre le train comme tout le monde et quelques passants me demandèrent des selfies et autographes. Si je mettais une casquette et des lunettes de soleil, serais-je reconnaissable ? 

Lorsque le train démarra, je me sentis plus apaisé. Je pouvais enfin me perdre dans mes rêveries, il n'y avait pas de personne à proximité, juste deux filles à l'avant du wagon. Je repensai donc à ces dernières semaines... la pression... les débats... la victoire.... Stéphane qui devenait de plus en plus distant... la séparation... et Jordan Bardella qui parlait... son regard dans l'ascenseur lorsqu'il m'avait fait comprendre que mes accusations l'avaient blessés... j'avais du mal à y croire. Puis... son expression quand par mégarde on s'était rapprochés... c'était étrange j'avais la sensation d'avoir été encore plus proche de lui... comme si...

Je sursautai et je compris que je m'étais assoupi. Mon coeur battait à toute allure et quelque chose titillait mon esprit. Tout était flou dans ma tête. Et plus je me concentrais sur la source, plus tout s'embrouillait. Peu importait, je laissai donc couler. J'espérais juste que Bardella s'était remis de sa crise de panique : je savais que c'était ça car je les enchaînais avant, surtout au lycée.

N'empêche qu'il avait des allures de gentleman car il avait senti que j'allais tomber et intuitivement il m'avait soutenu.

Arrête de penser à lui.

Je pris ainsi mon téléphone et regardais mon feed Instagram. Une notification m'interpella : Jordan Bardella a commencé à vous suivre.
Quoi ?
Ok. C'était un idiot. Je souris en regardant son compte. Je remontais jusqu'à sa première publication et le vis encore avec la jeune fille de la dernière fois. Hum.
Il avait vraiment changé en grandissant : il était déjà beau mais il avait gagné en charisme depuis. N'empêche... son visage plus jeune... taquinait mon cerveau.

- Je l'ai rencontré bien avant notre vol pour Marseille... affirmai-je brusquement.

Je me concentrai sur ses traits et effectivement j'étais certain que je l'avais déjà croisé a cet époque-là. Dans la rue ? Lors d'une soirée ?... je n'arrivais pas encore a trouver le moment exact mais j'étais sur bien parti.

Je verrouillai mon téléphone et triturai machinalement le porte-clef. J'avais besoin de me concentrer sur moi. Je devais couper pour me retrouver dans le chaos qu'avait été dernièrement ma  vie. J'exhalai profondément en laissant glisser l'objet dans mon sac. En arrivant a la gare, je laissais de cote tout ça de côté et me sentis revivre de nouveau en retrouvant mes proches.

* * *

PDV Jordan

Marine m'avait confié de nouvelles responsabilités. Je devais faire davantage attention. J'avais décidé de me faire aider pour m'améliorer encore plus : dans moins de deux ans auront lieu les élections législatives, je devrais être prêt. Le travail m'empêchait de trop penser et j'en avais besoin. Sinon, mes pensées se tournaient vers Gabriel Attal et je n'avais pas besoin de ça. D'ailleurs j'aurais bien aimé voir sa tête lors de son réveil... s'était-il rappelé de ses popos de la veille ? De... notre proximité ? J'espérais que non, ça devrait être gênant pour lui. Il était ivre, il n'avait pas pu mesurer l'impact de ses propos.

C'était peut-être moi qui devrait me poser des questions finalement : je n'avais pas bu mais je m'étais mal comporté en ne l'ayant pas repoussé... c'était lui qui m'avait pris dans ses bras je n'avais rien à me reprocher : je ne voulais pas le vexer, il était vulnérable, je voulais juste l'aider. Si c'était à refaire...

Non.

Si.

J'avais bien fait de l'avoir suivi sinon il se serait fait agressé. Puis pour le reste, je n'avais pas de réponse, je m'étais laissé emporter sans réfléchir... je devais me ressaisir. Je n'avais plus droit à l'erreur. J'espérais jusque qu'il allait bien et qu'il ferait attention à ne plus rentrer chez lui dans cet état. De toute façon, je ne devais pas prendre les choses autant à cœur, ce n'était pas comme si nous étions proches ou amis... bien que ça ne me dérangerait pas sauf qu'il fallait se rendre à l'évidence : nous resterions des adversaires.
N'empêche, ne pas savoir s'il se rappelait d'hier soir ou non m'intriguait alors je fis une chose absurde : je m'abonnai à son compte insta.
C'était juste une perche au cas où il tenterait de se justifier par rapport à hier soir.
Je secouai la tête, hilare, en verrouillant mon téléphone avec comme fond d'écran  Spiderman.

* * *

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant