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(PDV Jordan) 

Je mis un moment à réaliser... qu'il était vraiment là derrière la porte. Mon coeur piqua un sprint dans ma poitrine alors que diverses émotions me submergeaient : la surprise, la peur, l'adrénaline... mais au-delà, un seul sentiment dominait : l'amour...

Comme si j'avais basculé dans un monde étrange, je déverrouillai lentement la porte et l'ouvris, reprenant mon souffle. 

Gabriel était là.

Ses traits étaient remplis d'inquiétude et ses yeux fouillaient les miens avec avidité. Je reculai, le laissant entrer, ayant perdu toute capacité de communication. 

Le bruit feutré de ses pas dans la pénombre de mon appartement pourrait presque faire penser à une apparition, accentuée par l'éclat de la lune qui lui donnait une aura fantastique. J'étais bouché bée de constater qu'il était réellement présent et qu'il était venu pour moi, malgré mes mots pour l'en dissuader. 

Il restait silencieux, tandis que nos yeux conversaient avec tant de nuances de paroles que parler ne ferait que rompre l'échange mystique entre nous. Je fus aspiré par l'intensité de l'instant et osais à peine respirer. 

Mon coeur se réchauffait alors que mon inconscient assimilait peu à peu que l'homme en face de moi me prouvait qu'il tenait à moi, qu'il m'aimait moi, malgré l'interdit de notre situation. La détermination pouvait se lire sur ses lèvres : j'avais ma place dans sa vie. Ses mains prirent les miennes avec délicatesse, m'exprimant son voeu de vouloir rester avec moi. Son regard était inondé de promesses secrètes et de serments inavoués : je m'y noyais sans complaisance, désireux de retrouver de la lumière dans la noirceur de mon existence.

Et dans ses iris résidait une flamme qui faisait écho à celle qui régissait mon âme : celle d'un amour consumant toute condition, toute raison extérieure. 

Doucement, comme s'il ne voulait pas m'effrayer, doucement il se rapprocha de moi et m'enlaça avec une tendresse incommensurable. 

Son parfum me frappa, et enfin je pus respirer à pleins poumons. Je l'étreignis davantage, enfouissant mon nez dans le col de sa chemise, tandis que des petites mèches de ses cheveux me chatouillaient le front. Sentir son contact était une sensation exquise, me faisant vibrer de l'intérieur. Je ne m'en lasserais jamais... 

Il tourna la tête et sa respiration effleura le creux de ma gorge, me faisant frémir légèrement. Il sourit et me toisa avec une lueur malicieuse qui me fit perdre davantage mes moyens. Je compris que mon corps était totalement à l'affut du moindre mouvement, geste de Gabriel. En sa présence je n'étais plus maître de mon corps, il réagissait naturellement face à l'homme debout devant moi.

Cette révélation me mit en alerte et la peur se frayait un chemin dans mon esprit : la peur de ne plus avoir la force de lutter contre cet amour, surtout le fait d'accepter la souffrance que sa perte engendrerait en moi par la suite.

- N'aie pas peur... murmura-t-il, la voix si douce qu'elle me berça instantanément. 

Ma respiration s'accéléra, de crainte et de désir mélangés. Mes mots restaient toujours bloqués, écrasés par le poids de ma désolation. 

- Je sais que tu as peur... reprit-il, en s'accrochant à mes yeux larmoyants. J'entends tes inquiétudes même si tu ne les exprimes pas ouvertement.  Mais sache que je tiens à toi et que je ne vais nulle part. Mon coeur est avec toi et c'est toi que je veux. Je suis là, présent, et je resterai auprès de toi. Ensemble, nous pouvons surmonter ces peurs, cette situation compliquée, j'en suis persuadé. 

Une larme glissa sur ma joue puis deux malgré mes efforts pour me contenir. Sauf qu'elles exprimaient davantage de la reconnaissance que de la douleur ici. Ses paroles me touchèrent profondément et j'aurais tellement aimé... ici là maintenant, avoir une autre perspective de vie... 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant