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PDV Jordan

Je rêvais. Tout était possible dans ce songe. Nous étions si proches : nos souffles se mélangeaient, sa chaleur m'enveloppait, nos cœurs effrénés battaient à l'unisson...  Dans mon rêve, il était venu me chercher. Il avait pris soin de moi, il avait décidé de rester pour moi. Je craignais qu'il m'abandonne... sauf qu'il avait décidé de demeurer auprès de moi, comme il régnait déjà dans mon coeur.
Son sourire m'enchantait, son contact m'électrifiait, j'avais besoin de lui dans ma vie. Il me manquait...
« Tu m'as manqué aussi Jordan... Tu  me manques réellement... »

Je me levai en sursaut, le coeur tambourinant en entendant ces mots. Je regardai autour de moi, perdu. Cela semblait si réel, ces mots étaient venus à moi avec le timbre de voix de Gabriel Attal... Je portai ma main à mon front, envahi tout à coup d'une forte migraine. Je pris quelques minutes pour me reprendre et je constatai que le jour était levé depuis longtemps.
J'étais en retard... je prévins Marine que je serai au bureau dans moins d'une heure et je me préparai en un temps record.

Patrick, mon chauffeur, était déjà présent et je le saluai avec chaleur. Il semblait avoir peur de moi et tout à coup je me rappelais de mon comportement envers lui hier soir. Je lui présentais mes excuses et il parut soulagé que j'eus aborder le problème de moi-même. Nous discutions pendant quelques minutes, puis je pris un moment pour faire le point avec moi-même.

Maintenant que j'étais bien alerte, je constatais à mes dépens que j'avais bel et bien appeler Attal hier soir.  Je me souvenais d'à peu près tout ce qui s'était produit entre nous et surtout de ce qui est arrivé chez moi avec lui. J'avais des papillons dans le ventre en repensant à nos rapprochements,  à notre étreinte, à nos confidences. Je sentais encore la caresse de ses doigts sur moi faisant naître une inclinaton insoupçonnée à son égard. Malgré moi, un tourbillon de fantasmes ravageaient ma raison, en pensant, un seul instant, que je lui faisais de l'effet, autant qu'il m'en faisait à moi.

Bordel, mais qu'est-ce qui m'arrive... me voilà à fantasmer sur un homme ...

Ce devait être le contrecoup de l'alcool et des évènements.  Je devais me l'avouer :  Gabriel Attal faisait ressortir le pire en moi. Il pouvait devenir si aisément ma grande faiblesse... devais-je laisser cela arriver ? J'avais un immense respect pour sa personne, je l'estimais véritablement.

Les choses devraient rester ainsi... Ce serait si simple de me consacrer entièrement à lui. Ce serait si facile de ne dépendre que de lui. Ce si serait naturel de lui donner la priorité dans mon existence...
mais je me fourvoyais car ce qui devait m'importer était ce pourquoi je m'étais engagé il y a de ça plusieurs années maintenant.
J'avais une idéologie à défendre qui est celle de mon parti, je ne pouvais m'en défaire sauf si je laissais ma propre idéologie personnelle s'exacerber et elle portait le nom de Gabriel Attal.

C'était un moment de faiblesse, je n'aurais pas dû boire autant. Je n'aurais pas dû l'appeler. Je n'aurais pas dû lui dire ce que je ressentais à quel point il avait une emprise sur moi, sur mes émotions. Je m'étais montré vulnérable encore plus qu'il ne l'avait été avec moi...  je lui avais ouvert une porte et maintenant je devais la fermer pour nous préserver.
J'avais peur des conséquences ;  j'avais peur de me perdre et de ne plus pouvoir arranger les choses. J'avais des responsabilités , je les avais oubliés car je souffrais trop en vérité. En oubliant Attal, j'oubliais une joie indicible dans ma vie, mais je ne pouvais abandonner mes projets. Je  lui avais enfin confié mon secret, qu'il était mon véritable mentor, que c'était lui qui m'avait donné cette force de pouvoir m'affirmer et de poursuivre mes rêves.

Jamais je n'aurais cru qu'il en ferait partie.

Je savais qu'il se rangerait à ma manière de voir les choses. Notre carrière comptait plus que tout. Je n'avais pas envie de lui porter préjudice. Je voulais qu'il continuait à réussir. Je souhaitais son bonheur et je savais que je ne pouvais le partager avec.

Ça me tuait littéralement.

- Nous sommes bien arrivés Monsieur Bardella, je vous souhaite une agréable agréable journée.

Je revins à l'instant présent, et me préparait à affronter la réalité injuste des choses. 

* * *

PDV Gabriel

J'avais de la peine à me concentrer aujourd'hui.  J'étais distrait, car le souvenir d'hier soir hantait perpétuellement mon cerveau. Cette fois-ci, je pouvais me souvenir de chaque détail de cette soirée en sa compagnie. Tout était clair dans mon esprit. Je pouvais la visualiser et mettre sur pause dès que je le désirais comme m'attarder sur ses magnifiques traits... entendre sa voix sur des paroles interdites... je pouvais même encore sentir son parfum, son contact autour de moi.

J'étais totalement imprégné de sa personne et ça m'effrayait autant que ça m'attirait.

Hier soir, Jordan Bardella m'avait montré une fragilité que je ne soupçonnais pas autant chez lui. Le pire fut qu'il m'ait donné des raisons d'espérer que j'osais à peine entrevoir. Je n'arrivais plus à feindre ce que je ressentais. Mes barrières étaient tombées. J'avais peur de la souffrance que cela allait me causer. Il était trop tard, il avait pris possession de toute mon âme à mon insu. C'était un amour interdit.

Je me répétai toute la journée, en me disant qu'il appartenait à un parti totalement opposé au mien. Nous n'appartenions pas au même monde. Nous avions deux idéologies totalement différentes. Nous travaillions pour le bien de notre parti personnel.  Nous étions les plus jeunes figures qui pourraient reprendre le flambeau dans un avenir proche. Nous ne pouvions pas nous laisser aller à des choses qui peut être ne dureraient pas.

Il était possible que pour lui c'était nouveau mais ça ne voulait pas dire qu'il serait capable d'assumer cette vérité. Ou plutôt... c'était moi qui n'assumait pas cette vérité. Il m'était impossible d'imaginer un monde où lui pouvait être attiré par les hommes, enfin par moi...

Je devais rester concentré, car j'avais vu des faits concrets montrant que Monsieur Bardella était un monsieur Don Juan. Le seul sentiment qu'il pouvait avoir à mon égard, était sûrement de l'admiration, car je lui avais propulsé l'idée  de cheminer dans la politique. Rien de plus.
C'était douloureux pour moi d'en venir à de telles conclusions, mais c'était nécessaire pour que je puisse me le sortir de la tête, car si je me laissais aller à écouter mon cœur, je ne serais pas surpris à me voir débarquer chez lui, en quête de l'espoir d'un « nous » qui ne pouvait devenir réalité.

Il n'avait pas toutes ses facultés de réfléchir. Alors, je pouvais lui pardonner tous les mots qu'il m'avait dit...  l'intimité que nous avions créé tous les deux.

Je garderai tout ceci enfoui dans mon cœur comme un souvenir heureux. Je ne voulais pas poser de rancœur sur ce qui m'avait fait me sentir entier aussi longtemps que je m'en souvienne.

Tandis que, je laissais la raison prendre le dessus sur mes sentiments, je ne pouvais étouffer ce désir caché de le revoir une dernière fois, sans feindre la réalité.

* * * 

Metallica - nothing else matters

So close no matter how far

Si proche peu importe la distance
Couldn't be much more from the heart
Ça ne pourrait guère être plus près du cœur
Forever trusting who we are
Croyons éternellement en ce que nous sommes
And nothing else matters
Et rien d'autre n'a d'importance

.... 

Never opened myself this way

Je ne m'étais jamais ouvert de cette façon

... 

All these words I don't just say

Tous ces mots que je ne dis tout simplement pas
And nothing else matters
Et rien d'autre n'a d'importance* 



Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant