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PDV Jordan

Les jours se succédaient et je devins peu à peu l'ombre de moi-même. J'avais appris au fur et à mesure de garder une certaine façade au niveau professionnel, d'incomber cette image que je me devais de donner aux membres du siège, aux adhérents de notre parti. Mes sourires sonnaient faux mais personne ne semblait s'en apercevoir. Si j'échouais dans la politique, je me reconvertirais en tant qu'acteur, c'était un domaine où j'excellais bien apparemment. ...

Ce n'était pas aussi dramatique, ne vous inquiétez pas : Marine avait senti mon mal-être et était disponible pour moi: Sauf que je ne pouvais pas tout lui dire. Elle avait tellement d'attentes vis-à-vis de moi... Je ne voulais pas la décevoir. Elle mettait mon malaise sur le compte du travail, or ce n'était pas le cas. Je souffrais en silence...

Je tentais de me distraire au maximum. J'avais même commencé à avoir des petits rendez-vous par-ci par-là mais au final aucune d'elle ne retenait mon attention. Beaucoup d'entre elles souhaitaient juste une aventure avec moi mais même ça, je n'étais plus capable... je n'arrivais plus, je ne me reconnaissais plus. 

La plupart d'entre elles m'admiraient pour ce que je pouvais leur donner : la notoriété, notamment. Ou l'argent. Ou juste pour profiter d'un corps athlétique comme le mien, doublé d'un esprit intelligent et d'élégance dans les manières... c'est-à-dire juste par intérêt. 

Ce soir nous étions le 13 septembre. C'était mon anniversaire et j'avais passé un bon moment avec mes collègues et ma famille. Malgré tout, je ressentais un manque destructeur en moi et je n'osais mettre de nom dessus. Je me refusais à le faire. 

C'est pourquoi je m'oubliais dans une discothèque à Paris, ce n'était pas très vif de ma part car la plupart des gens me reconnaissaient mais vu mon air grave, peu s'aventuraient à m'aborder. Sauf une jeune demoiselle qui décida de s'aventurer dans ce terrain miné.

- Bonsoir... Vous êtes bien Jordan Bardella n'est-ce pas ?

Je finis mon verre et répondis, avec classe : 

- Lui-même ! 

- C'est bizarre de vous croiser dans un endroit comme celui-ci. Quelqu'un comme vous n'a pas pour habitude de fréquenter un endroit de ce genre...

Je souris. Un peu. Je l'invitais à se rejoindre à moi et lui payai un verre. Nous discutâmes un moment.  Elle s'appelait Priscilla et était étudiante à la Sorbonne. Elle était intelligente, cultivée, attirante. Elle aurait pu me plaire à une époque... non, elle me plaisait, c'était une très belle femme. 

- Vous êtes sublime, je suis ravi d'avoir fait votre connaissance, dis-je, sincère.

Elle parut intimidée et hésitai avant de se lancer : 

- Je peux avoir votre numéro, s'il vous plaît ? 

J'étais un peu mal à l'aise... dans d'autres circonstances, je le lui aurais donné. Déjà que je ne devrais pas trop m'afficher dans un endroit public, j'avais un peu dépassé les bornes...

- On va faire comme ça, biaisai-je, rapidement. Je ne  peux pas vous donner mon numéro mais vous pouvez me contacter via insta, il n'y pas de soucis.

Elle était un peu déçue mais comprit ma réserve.

- D'accord, merci beaucoup Jordan, je ne vous embête pas plus...

Elle eut un sourire très mignon puis se mêla à la foule qui dansait sur la piste. J'étais démuni. Le bon sens voudrait que je parte d'ici mais je commandai encore un autre verre. Ce n'était pas assez fort pour moi, donc j'en pris un autre, plusieurs autres en espérant que la douleur sourde de mon coeur disparaissait enfin. 

Cela arriva. Je savais que j'avais abusé et que je n'étais plus trop dans mon état normal. Le barman le comprit et entreprit de me servir de l'eau par la suite. Avec tout ça, j'avais envie d'aller aux toilettes... Super....

J'étais dans un état second mais je tenais plutôt bien l'alcool finalement. Je réussis à y aller sans encombre et à faire mes petites affaires. La tristesse avait juste laissé de la place à l'euphorie et c'était le "trip" que je cherchais dans la boisson ce soir. Le soir de mon anniversaire.

Je tentai de garder une bonne capacité de raisonnement mais j'avais un peu plus de mal, comme si les effets avaient décuplé. Je me dépêchai de retrouver mon chauffeur pour lui dire... de partir. Je voulais être seul. Il avait insisté mais mon air féroce l'avait convaincu de m'écouter. S'il allait cafté, je m'en fichais.

J'allai bon gré mal gré en face, il y avait un parc. La nuit, le noir tout autour de moi avec des réverbèrent qui me firent plisser les yeux. Un banc en face d'un lac... La Seine ? La scène...  

Je me laissais tomber sur le banc et pris ma tête entre mes mains, sentant l'euphorie laisser la place à un profond désespoir. 

- Putain c'est pas du jeu... marmonnai-je. Pourquoi je me sens encore plus mal ? 

Je m'efforçais de reprendre le contrôle de mon esprit en vain... Les paroles de Gabriel Attal fusèrent, n'attendant que ce moment pour m'achever. 

" Vous êtes hypocrite..."

" Arrêtez de me faire croire que vous pourriez avoir de la considération personnelle pour moi."

" Je sais que tout ce qui vous intéresse, c'est le pouvoir."

"Vous êtes méprisable Bardella."

Méprisable. Ça me faisait souffrir qu'il puisse avoir cette opinion de moi. Ce n'était pas qu'une question d'égo, il y avait plus que ça... J'avais encore une image clair de son expression empli d'animosité à mon égard.

- C'est moi qui vous déteste Gabriel Attal, chuchotai-je, les yeux larmoyants de rage. 

Même l'alcool ne suffisait pas pour annihiler son souvenir. Je croyais que ça m'aiderait, je compris que c'était tout l'inverse en me voyant prendre mon téléphone et aller sur son profil...

Je me l'étais interdit. J'avais même restreint son compte. Et me voilà en train de tout retirer pour pouvoir me mettre à jour sur ses posts. Il avait l'air bien en tout cas... Revoir son visage, c'était être masochiste et pourtant... sur le coup, ça me fit du bien. 

Je fermai les yeux et me laissai aller à ce souvenir : lui à ma place complètement saoul et moi l'aidant à rentrer... Son air innocent quand il m'avait demandé si j'étais réel.. et quand il m'avait traité d'idiot en me prenant pour Spiderman...

Je fus surpris par un sentiment de manque. Il me manquait... tellement.

Les sensations revinrent en repensant à quand nous étions proches, dans l'ascenseur... chez lui.... son air espiègle quand il me provoquait...

- S'il savait comment il s'était comporté... il comprendrait que c'était lui finalement le problème. Il croyait que je me dérobais alors que c'était lui... Il me faisait croire à une connexion entre nous pour ensuite m'accuser de l'utiliser... 

Malgré moi, une vague d'injustice me saisit entièrement et réduisit le peu de raison qu'il me restait... 

Je l'appelai donc.

C'était mon anniversaire... j'étais totalement perdu mais je voulais entendre sa voix...

J'étais au plus bas.

* * * 
* Je ne suis pas prêt d'abandonner
Parce que sinon je ne pourrais jamais savoir
Ce que je pourrais manquer
Mais je rate bien trop de choses

Alors quand vais-je abandonner ce que j'ai souhaité?

Je visais le ciel
Je suis cloué au sol
Alors à quoi bon essayer, je sais que je vais m'écrouler
Je pensais pouvoir voler, alors pourquoi me suis-je noyé?

Je ne saurai jamais pourquoi ça s'arrête. * * * 

* * * 

nda

J'ai de la peine pour Jordan...



Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant