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PDV Jordan

- Tu es la personne qui manque à ma vie Jordan.

Ce fut comme une caresse sur mon coeur. J'étais totalement enchanté par la magie de l'instant, tout me paraissait comme dans un rêve et pourtant Gabriel était bien là, dans mes bras. 

Je l'étreignis davantage, presque par désespoir comme si j'avais peur de retrouver la raison et de le perdre. Son odeur me rassurait, le bruit de sa respiration, les battements de son coeur identiques au mien me confortaient dans ma folie : l'idée d'un monde où nous pourrions être ensemble.

Je l'avais compris depuis mon accident, depuis mon réveil : Gabriel comptait plus pour moi que je ne le croyais. Il avait su toucher mon âme d'une façon que personne d'autre ne le pourrait jamais. Je n'aurais pas pensé que l'amour de ma vie serait un homme mais j'avais eu le temps de réfléchir là-dessus. Ce n'était pas les hommes qui me plaisaient, c'était juste Gabriel. J'avais succombé à l'essence même de son âme, de tout ce qui faisaient son entièreté. 

- Désolé de ne pas t'avoir dit pour les messages mais j'avais peur... déclarai-je, lentement. Je ne savais pas comment me comporter vu que tout était compliqué... je voulais savoir si ça allait bien pour toi. J'étais triste et puis j'ai compris que toi aussi sauf que je pensais...

- Que je parlais de Stéphane, compléta-t-il, en desserrant son emprise, me regardant avec un petit sourire. 

Je hochai la tête, un peu intimidé par la puissance de mes sentiments pour lui. 

- Que dois-je en conclure avec ses articles sur toi sortant avec ton ex ? Les photos sont plutôt éloquentes en plus, ajouta-t-il, s'efforçant de ne pas montrer sa jalousie.

J'étais ravi car il ne pouvait me dissimuler sa frustration même s'il essayait.   

- C'est une amie maintenant, sauf que les gens aiment bien inventer des rumeurs, dis-je, amusé par sa réaction. 

Je pris sa main et la portai à mon coeur.

- Ceci est à vous, monsieur le professeur, mon coeur vous appartient, clamai-je, désireux de lui faire comprendre la vérité de la situation. 

- Jordan...

- Ça me fait tellement plaisir de t'entendre uniquement m'appeler par mon prénom... c'est ce détail qui fait la différence... je ne veux plus de distance entre nous, reconnus-je, en caressant sa paume.

Gabriel me contemplait, les yeux brillants, dont l'éclat était d'autant plus grisant avec les nuances de feux d'artifices.

- Jordan... j'ai peur que ça ne soit pas réel, souffla-t-il, tout à coup. Tout ce temps passé sans toi, dans l'angoisse, l'incertitude, j'ai peur que je sois en train de rêver et de me réveiller, constatant que tu n'es toujours pas là, près de moi... 

Il revint dans mes bras et je profitai de ce moment. C'était la meilleure sensation au monde que de le sentir proche de moi. Et ça ne faisait que s'amplifier au fil des secondes. 

- Tu regrettes toujours de m'avoir rencontré ? me demanda-t-il, sa voix étouffée par ma chemise.

- C'est faux, j'ai menti, le rassurai-je. Et... toi ? tu regrettes ? tu me détestes toujours autant ? ajoutai-je, en humant ses cheveux. 

- Non, absolument pas, je ne regrette rien. Et Jordan je ne te déteste pas... (il marqua une pause puis reprit d'un ton moqueur) je te hais tellement que... 

Une sonnerie de téléphone nous fit sursauter et rompit notre étreinte. C'était mon téléphone. On me cherchait. La réalité nous attrapait. 

Nous nous échangeâmes un regard affligé. 

- Vas-y Jordan, me dit-il, avec un petit sourire douloureux. J'étais heureux de t'avoir revu, surtout ce soir. 

J'étais perdu. Je voulais rester avec lui mais je ne devais pas non plus éveiller les soupçons. Je devais le préserver d'abord. 

Je le pris encore dans mes bras, profitant une ultime fois de cette sensation d'éternité.

- Ne reste pas trop tout seul dans ce coin, j'aurais peur qu'un autre Jordan te tombe dessus, conclus-je avant de m'éloigner.

Il me fit un clin d'oeil et j'eus le temps d'apercevoir de la tristesse sur son visage avant que l'obscurité ne m'arrache à sa vue. 

* * * 

- Ben Jordan ? tu étais où ? 

- J'ai croisé un ami, désolé, ça faisait longtemps qu'on ne s'est pas vus, dis-je avec ce talent de persuasion qui me caractérisait. 

- C'est fini, dit Marine. On rentre ? Je suis fatiguée, avec ses talons là...

- Allons-y, acquiesçai-je. 

Sur ce, nous allâmes à la voiture. J'étais encore secoué par rapport à Gabriel, à ce baiser mais je ne devais rien laisser paraître. À l'intérieur de moi, j'exultais juste en pensant à l'effet qu'il avait sur moi. 

Et surtout, être sorti de ce déni me permettait d'être libre de ressentir les choses. Je n'avais pas pu résister au choc de l'avoir retrouvé, ce soir : il m'avait tellement manqué, et demain était incertain.

J'emporterai avec moi l'empreinte de son baiser partout avec moi pour toujours désormais. Et si je venais à mourir ce soir, j'aurais au moins pu réaliser un voeu inavoué.  

- Bonne nuit les jeunes.

Je sursautai un peu, comprenant que Marine était arrivé chez elle. Il ne restait que moi et Noelie du coup dans la voiture. 

- Jordan, il y a une fête foraine bientôt là où vit mes grands-parents, tu voudrais bien m'accompagner ? 

- Euh... je te tiens au courant, dis-je, souhaitant me replonger dans mes pensées extatiques. 

- Ça marche, on s'appelle de toute façon.

J'acquiesçai. Quelques minutes plus tard, on arriva devant chez elle. Elle m'invita à sortir pour que je l'aide avec ses sacs (elle avait fait du shopping). 

- Bonne soirée, à la prochaine, dit-elle, alors qu'elle allait refermer son portail.

- Bye-bye.

Patrick reprit la route et je rentrai enfin quelques minutes plus tard. Je pris une douche, toujours dans un état second mais si heureux, heureux d'avoir retrouvé Gabriel.

 Je ne pus m'empêcher de lui envoyer un message avant de dormir :

Bien rentré Monsieur le professeur ? 

il ne répondait pas rapidement. Ei s'il lui état arrivé quelque chose... un accident pouvait si vite arrivé... j'en étais la preuve même 

- putain j'aurais du rester avec lui..

Je sautais de mon lit et fis les cent pas, priant pour recevoir un message de sa part.

G: Oui bien rentré et Spiderman est en sécurité chez lui ? 


Oui aussi 

 J'avais l'impression de vivre la vie d'un autre mais je réalisais maintenant que  je vivais enfin la mienne pour de bon au lieu d'exister tout simplement. 

*** 

Ghost kisses - stay

Et j'aimerais que d'une manière ou d'une autre tu puisses rester

Pouvez-vous rester un moment ?

Restons un moment tels que nous sommes 

* * * 

*Djo - the beginning

Et quand je suis de retour à Chicago, je le ressens
Une autre version de moi, j'étais dedans
Je dis au revoir à la fin du début*.



Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant