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(PDV Gabriel)

J'eus un sursaut de peur en percevant une silhouette derrière mon dos. J'exhalai de soulagement en reconnaissant Charlotte.

- Désolée je ne voulais pas te surprendre ! s'exclama-t-elle, confuse. 

Je défis un peu ma cravate, le coeur battant à tout rompre, à la seule pensée qu'on aurait pu entendre ma conversation et découvrir la vérité.

- Mince Charlotte ! Ne... me refais plus jamais ça ! dis-je, la voix chevrotante.

- Tu m'as dit que je pouvais entrer sans frapper, souligna-t-elle, en faisant mine de réfléchir.

Je levai les yeux au ciel et me laissai aller dans le fauteuil, le pouls en déroute.

- Oui c'est vrai, admis-je. Mais..

- Tu étais au téléphone avec lui, n'est -ce pas ? demanda-t-elle, les traits soupçonneux.

J'acquiesçai et elle eut un sourire victorieux, sautant presque vers moi.

- "Moi aussi je t'aime ! "  m'imita-t-elle, d'une façon exagérée. 

Je ne pus réprimer un sourire en repensant à Jordan.

- Attends une minute... saisis-je, brutalement. Tu es là depuis quand au juste ?

Elle m'observa, indéchiffrable. 

- À ton avis ? minauda-t-elle.

Je soupirai, me demandant ce qui était le pire : que Charlotte découvrit que je parlais avec Jordan ou bien que j'aurais pu être attrapé par une autre personne : le Président par exemple...

- Fais gaffe, reprit-elle. Heureusement que c'était moi sinon...

- C'est tout ? m'étonnai-je.

À croire qu'elle était au courant depuis des lustres que mon amoureux était Jordan.

- Ben quoi ? 

- Tu... tu sais avec.. qui j'étais au téléphone ? demandai-je, le souffle court.

Elle éclata de rire en voyant mon air ahuri.

- Gabriel, ne t'en fais pas... comme je te l'ai dit tu as eu de la chance que ce soit tombé sur moi... ça me surprend oui que tu aies dit "je t'aime" (elle chuchote) au président du Rassemblement National... ça c'est un vrai coup de théâtre ! Mais entre nous... quel canon ce mec ! Je me disais bien qu'il était gay...

J'écarquillai les yeux, surpris par le surréalisme de cette situation. 

- Mon Dieu, Charlotte, je te supplie de garder ce secret pour toi, dis-je, paniqué.

Je savais qu'elle pouvait se montrer maladroite parfois... J'étais foutu.

- No stress, je gère mais... Je ne peux même pas le dire à Max ? risqua-t-elle, avec une petite moue. 

- Eh bien pour tout te dire... j'ai l'impression qu'il est déjà au courant depuis quelques temps...

- Comment ça ? s'offusqua-t-elle. Il l'a deviné tout seul ? Tu ne lui as rien dit ?

- Max a remarqué certaines choses... tu sais comment il est... je ne lui ai pas avoué enfin... si mais pas explicitement... si je puis dire les choses ainsi. 

Charlotte réfléchit un instant puis me sourit avec bienveillance.

- Au moins, je pourrais lui en parler, je n'aime pas lui cacher des choses mais ne t'inquiète pas ! Avec nous, ton secret est bien gardé ! Mais... ça date de combien de temps tout ça ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je suis un peu comme ta meilleure amie non ? 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant