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PDV Gabriel 

Je n'aurais pas imaginé que cette fin de soirée tournerait ainsi. L'arrivée de Jordan m'avait bouleversé. Le pire était de constater qu'il était resté exprès pour me défier. Je ne savais qu'en déduire : le rapprochement de Stéphane l'avait-il dérangé ? J'espérais que oui même si j'avais du mal à le croire.

Je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils en le voyant boire du coca : il savait très bien que j'aimais pas ça et puis ça me rappelait de notre première longue discussion dans l'avion... Ça paraissait si lointain et pourtant... je me demandais si je n'étais pas déjà tombé pour ses yeux à cette époque... 

 Je changeais vite d'avis en le voyant aller sur la piste avec Noélie. J'étais consumé par un sentiment violent et douloureux : j'étais jaloux. Je ne supportai pas ses mains à elle sur lui, et encore moins lorsqu'elle l'embrassa. Je faisais de mon mieux pour garder un visage impassible mais à l'intérieur, la tempête faisait rage. 

Ironie du sort, nous étions habillés pareil : chemise blanche et bas noir...

Je décidais de garder les yeux baissés ne voulant plus m'affliger cette souffrance encore  longtemps et je fus étonné de réaliser,  en relevant la tête, que Jordan avait disparu. Un vide se créa insctinctivement en moi alors que mon cerveau comprenait qu'il était parti. 

- Tu veux que je te dépose ? me proposa gentiment Stéphane. Je vais rentrer. 

- Euh... ça ira t'inquiète pas, je te remercie. 

Confus par tous ces événements, je faisais malgré tout bonne figure devant lui.

- Ok... comme tu voudras. N'hésite pas à me contacter, dès que tu le souhaites, dit-il, résigné. 

Il se leva et partit saluer le couple de la soirée. Je restai en compagnie de Jérome quelques minutes de plus : il était en grande conversation de son côté puis je me décidai aussi à rentrer. 

J'étais venu avec Max mais je pouvais appeler un taxi ou Uber si je le souhaitais. Je saluais mes deux amis, qui me remerciaient encore pour ma présence et j'insistai plusieurs fois pour rentrer seul car Max souhaitait me déposer. Finalement, je les convainquis puis sortis enfin à l'extérieur.

C'était une belle nuit d'été. La lune scintillait mélodieusement. Au lieu d'appeler quelqu'un pour me ramener, je notai que la moto de Jordan était toujours présente. Ça voulait dire que lui aussi. Inconsciemment, mon esprit le cherchait, mon coeur le réclamait. J'avais beau savoir que je n'étais pas aussi important pour lui, il me manquait. 

Mes jambes avaient l'air de savoir où il se trouvait car je l'aperçus quelques secondes plus tard, en haut du talus, assis par terre, derrière un tronc d'arbre. 

Comme d'habitude, mon coeur redoubla d'intensité en prenant conscience de sa présence. J'aurais du m'en aller mais je ne pouvais pas : le souvenir de son ex dans ses bras, à la fête, tous ces doutes me rongeaient l'âme, j'avais besoin de m'exprimer là-dessus.

Même s'il m'avait fui, même s'il était fâché que je l'avais démasqué, je lui avais dit ce que je pensais de la situation. Au final, peu importait si c'était vrai ou non, la conclusion était la même : nous ne pouvions être ensemble. C'était un cercle vicieux et pour en sortir, nous devions tout arrêter avant de passer le point de non-retour : pour ma part, je l'avais largement déjà dépassé. J'avais des sentiments véritables envers lui. C'était irrationnel mais bien réel.

Je lus de la souffrance dans ses yeux face à mes paroles sauf que je n'arrivais pas à faire la différence entre ce que je croyais être vrai et ce que j'espérais. Au final, je devais me dérober. J'avais peur des conséquences. J'étais terrifié de l'aimer à ce point. Au point de perdre la raison... 

Parti pris pour l'amour - Bardella X AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant