Parti pris pour l'amour - Bardella X Attal

*22*

PDV Jordan

Cher Jordan,

Je t'écris cette lettre car je ne veux pas risquer qu'une personne mal intentionnée puisse accéder un jour à nos données personnelles par le biais de nos téléphones. J'ai pris le soin de la déposer en main propre dans ta boîte aux lettres et je suis certain qu'on ne m'a pas aperçu. La dernière chose que je souhaiterais est que tu puisses avoir des problèmes à cause de moi mais j'ai besoin de te dire certaines choses... 

Jordan, je ne sais pas si tu te rappelles du soir de ton anniversaire, j'ose espérer que oui et si ce n'est pas le cas, mes mots devraient t'aider à te souvenir...

Tu as sans doute déjà remarqué que je ne te vouvoyais pas, c'est un peu bizarre mais personnellement ça me plaît, j'ai l'impression que ça nous rapproche un peu plus. Tu dois te demander si je suis sûrement dans mon état normal, tu doutes certainement que j'ai pu prendre quelques substances qui m'auraient conduit à cette folie de t'écrire. J'ai le plaisir de te dire que tu te trompes car je suis parfaitement conscient de ce que je fais... 

Toi, tu n'étais pas dans ton état de sobriété ce soir-là, alors c'est à toi de te poser des questions je suppose... 

Je me perds dans mes propos mais je voulais juste te dire... 

Merci.

Merci Jordan de m'avoir permis de partager ce moment avec toi. Merci de m'avoir appelé ce soir-là. Je ne regrette absolument pas d'être venu te chercher, de t'avoir ramené. Tu étais si insouciant, empli d'une certaine légèreté qui m'a tant manqué. De l'avoir retrouvé en toi m'a fait du bien. 

Tu restes insupportable dans certains de tes propos, c'est vrai mais je ne me suis pas senti aussi heureux depuis longtemps. 

T'entendre fredonner cette chanson m'a beaucoup ému... même si c'était illusoire, j'aurais aimé à croire que tu pensais sincèrement les paroles. (Je n'ose pas te faire rappeler laquelle par contre.... Alors tu te débrouilleras si tu ne t'en souviens plus...). 

Même si le silence s'est installé entre nous depuis... je garde un oeil sur toi. Je n'oublie pas ce que nous avons partagé chez toi, de... cette connexion entre nous et qui est bien réelle pour moi, je tiens vraiment à le souligner, Jordan. Pas de masque, ni d'égo : tu as aussi impacté ma vie, autant que j'ai pu joué dans la tienne. 

Par conséquent, j'aimerais te rassurer sur le fait que je n'ai aucune amertume, aucun regret. Je sais que nous devons rester focalisé sur nos objectifs au niveau du travail , tu as encore une grande carrière devant toi. Je ne devrais sans doute pas dire cela, et je le dis en tant que personne et non en tant que politicien ici, mais je souhaite réellement ton succès Jordan. Tu en es capable, tu as toutes les capacités pour réussir ! 

(Travaille davantage ton élocution et cache un peu plus tes expressions à la télé sinon c'est ok... je te taquine Monsieur Mystère, je sais pertinemment que je dois également faire des efforts là-dessus...). 

Jordan, j'ai conscience que nous nous reverrons dans le futur et je sais que nous devrions agir comme deux inconnus, deux adversaires aux yeux des autres. Cette complicité, cette proximité qu'il y a eu entre nous resteront des bribes de moments authentiques volés à vie, des teintes éblouissantes de souvenir. 

Un goût d'éternité dans mon existence.

Prends soin de toi, Spiderman

Monsieur le Professeur

Je tentais de retenir mes larmes, en vain. C'était trop douloureux, ça me faisait trop mal. Nous avions laissé le temps, le silence, la distance prendre le dessus sur ce lien naissant entre nous. J'aurais dû revenir vers lui, j'aurais dû parler avec lui de tout qui s'était passé, lui dire que je me souvenais parfaitement de cette soirée. J'aurais dû lui avouer que malgré mon état de confusion, mes mots, mes actions, envers lui, eux, étaient bien réels ! 

Il avait l'air de s'en rendre compte mais il ne pouvait pas l'imaginer dans son entière vérité, dans sa véritable intensité. 

Il avait raison de se mettre à distance de moi, de ma vie. Pour rien au monde, je ne voulais lui causer du tort dans son travail. Il s'était rangé à sa raison et je devais en fait autant.

Pourtant mon coeur me hurlait le contraire... 

J'étais revenu à ce stade où son absence me touchait, où je ne pouvais le voir qu'à travers les réseaux.  Je tentai de me dire que je prenais les choses beaucoup trop à coeur et que je devais baisser mon estime pour lui. Sauf que ça ne faisait que s'attiser avec le temps et les souvenirs.

 Son souvenir. 

J'étais finalement revenu au stade où je devais l'effacer de mon esprit, vivre en étant uniquement l'ombre de moi-même, survivre donc... pour espérer le revoir en face de moi, en chair et en os. 

Je devais feindre une confiance en moi devant le monde que je n'avais plus... Mais, je devais donner le maximum pour le rendre fier de moi... 

Je devais ainsi oublier ce désir que j'avais eu pour lui, cette brûlure en moi qui m'avait complètement désarmé, étant à la merci de son regard et de son sourire. 

Quelque chose alourdissait l'enveloppe et me coupa de mes réflexions, je fis glisser l'objet et découvris un porte clé Spiderman métallisé avec mes initiales derrière... j'en fus bouleversé. 

Gabriel, ne m'abandonne pas...

 * * * 

Lewis Capaldi - someone you loved

* Je m'effondre et cette fois j'ai peur qu'il n'y ait personne pour me sauver

Ce tout ou rien avait vraiment le pouvoir de me rendre fou

J'ai besoin de quelqu'un pour guérir

Quelqu'un à connaître

Quelqu'un à avoir

Quelqu'un à retenir

C'est facile à dire

Mais ce n'est jamais pareil

Je suppose que j'ai plutôt aimé la façon dont tu as engourdi toute la douleur

Maintenant le jour saigne

À la tombée de la nuit

Et tu n'es pas là

Pour me faire traverser tout ça

J'ai baissé ma garde

Et puis tu as tiré le tapis

Je m'habituais un peu à être quelqu'un que tu aimais

Je m'effondre et cette fois j'ai peur de n'avoir personne vers qui me tourner

Je suppose que j'ai plutôt aimé la façon dont tu m'as aidé à m'échapper

je tombe dans tes bras

Je serai en sécurité dans ton son jusqu'à ce que je revienne
Pour l'instant le jour saigne

À la tombée de la nuit

Et tu n'es pas là

Pour me faire traverser tout ça...*

* * *