Chapitre 6, Bardella

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Jordan arriva aux locaux de France télévision où le débat aurait lieu, il fut accueilli par divers responsables et conduit en coulisses avec ses assistants. Il ne laissa rien paraître de son stress mais lorsque Marine n'était pas là, il angoissait forcément. Elle lui expliquait toujours quoi dire, mais là il devait se débrouiller seul. De plus, ce débat n'était pas contre n'importe qui... Il ne se l'admettait pas, mais Gabriel Attal le déstabilisait. Jordan ressentait un mélange d'inquiétude et de hâte à l'idée d'être confronté à lui.

Les deux hommes ne se verraient pas avant le débat, ils étaient chacuns avec leur équipe et ne pourraient pas échanger avant. Celà ne faisait qu'accroître la nervosité de Bardella. Il était toujours si confiant face à ses adversaires mais celui-ci lui faisait perdre tous ses moyens.

L'heure du débat arrivait et Jordan alla donc sur le plateau, il serra la main de la journaliste et s'assit à sa place. Gabriel Attal arriva enfin, il salua Jordan avec classe. Ce dernier ne put s'empêcher de le détailler, il ne comprenait pas pourquoi il vouait une telle admiration à cet homme depuis leur première rencontre deux ans auparavant. Chaque fois qu'ils s'étaient croisés il avait ressenti la même chose, mais depuis cette rencontre imprévue dans l'avion en janvier, c'était devenu plus fort. Comme si un aimant le tirait vers le premier ministre.

Le direct allait bientôt commencer, les deux hommes organisaient alors leurs documents, se préparant au débat imminent. Jordan ne put s'empêcher de jeter quelques coups d'œil vers son adversaire qui en fit de même comme pour l'interroger du regard. Il se racla la gorge et but une gorgée de son verre d'eau.

Le direct commença et donc le débat également. Très vite, Gabriel prit le dessus, non seulement parce que Bardella était troublé par ses sourires mais également parce que son équipe ne l'avait pas formé sur la plupart des questions, il était livré à lui-même face au premier ministre qui fut redoutable du début à la fin. Le cœur de Jordan s'emballait d'effroi à chaque nouvelle question. D'effroi et de quelque chose d'autre... Les petits sourires en coin de Gabriel ne le laissaient pas indifférent et il ne pouvait pas faire semblant de ne pas remarquer leur alchimie dans ce débat.

En coulisses, les deux hommes eurent alors le temps d'échanger. Ce fut Attal qui entama la conversation le sourire au lèvres.

— Bon débat, monsieur Bardella.

Il était clairement ironique mais Jordan ne le remarqua même pas, son égo trop flatté du compliment.

— Merci. Lui répondit-il avec un sourire. Comment allez-vous ?

Gabriel haussa les sourcils, la surprise visible sur son visage.

— Bien, très bien même.

— Vous semblez épuisé.

— Peut-être un peu en effet, ma fonction en demande beaucoup mais j'aime ce que je fais.

— Vous devriez vraiment prendre le temps de vous reposer.

— Je vous remercie de vous en inquiéter, monsieur Bardella.

— Jordan. Le coupa t-il. Appelez moi Jordan.

Gabriel eut un temps de réflexion avant d'acquiescer d'un hochement de tête.

— Et vous, comment allez-vous Jordan ?

Il tenta de retenir un sourire mais entendre Attal l'appeler par son prénom était très satisfaisant.

— Parfaitement bien, la campagne se passe à merveille.

Ils échangèrent pendant un long moment, leur conversation dériva sur des sujets plus légers et finalement ils en arrivèrent même à parler de leurs familles respectives.

— Donc oui en plus de mes trois sœurs, mes parents ont adopté Nikolaï suite au décès de ma cousine. lui dit Gabriel Attal.

— Il avait quel âge ?

— 3 ans seulement. Ça a été dur mais il va bien et on est inséparable, je l'emmène partout. Disneyland, cinéma...

— C'est donc comme ça que le premier ministre occupe son temps libre.

— Et oui, je reste humain, n'est-ce pas ? Et toi alors, des frères et sœurs ?

Jordan ne put retenir un rictus au tutoiement qui était venu si naturellement.

— Non, je suis fils unique.

— Hm, je pense que ça explique beaucoup de choses.

— Quoi ? Tu discrimines les enfants uniques ?

Gabriel pouffa.

— Non non pas du tout. C'est juste qu'on est vraiment très différents et je pense que ça l'explique en partie. Ça et tes opinions politiques douteuses.

— Hey, c'est peut-être tes opinions à toi qui sont "douteuses" !

Gabriel lui servit ce sourire en coin dont il avait le secret.

— De toute façon je n'ai pas vraiment envie de parler politique. Dit Jordan en s'installant de manière plus décontractée dans son fauteuil. Je pense qu'on en entend tous les deux assez parler au quotidien.

— Ça je ne te le fais pas dire !

Ils échangèrent longtemps, jusqu'à ce que la jolie assistante du premier ministre vienne prévenir ce dernier de l'arrivée d'un chauffeur. Il soupira et se leva. Jordan l'imita.

— Bon, et bien le devoir m'appelle. C'était une discussion fort intéressante.

Il tendit une main amicale que Bardella saisit sans hésiter, le sourire aux lèvres. L'assistante les dévisagea sans rien dire.

— À bientôt ? questionna Jordan.

Ce n'était pas censé être une question mais celà sortit ainsi.

— À bientôt.

Gabriel sortit des locaux. Jordan se tint debout devant la baie vitrée, un verre d'eau à la main. N'étant pas très haut dans la tour de France TV, il pouvait apercevoir Attal monter en voiture et partir. Il observa la voiture s'éloigner le visage fermé.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant