Chapitre 19, Attal

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Gabriel, des oreilles de Mickey sur la tête, se faisait tirer par son petit frère en direction de Cendrillon. Même en pleine campagne, il n'avait pas pu loupé l'occasion de l'emmener à Disneyland Paris pour ses dix ans. Son planning était plein à craquer, il avait dû surcharger les trois journées précédentes et les deux autres suivantes afin d'organiser cette sortie mais Nikolaï passait avant sa santé.

Alors qu'il prenait son petit frère en photo avec la princesse, il vit une notification s'afficher et son sourire s'agrandit. C'était Jordan. Il lui souhaitait de bien profiter de sa journée dans le parc. Lorsque Gabriel avait évoqué cette surprise qu'il réservait à Nikolaï, il ne s'était pas attendu à ce que Jordan Bardella retienne l'information, et pourtant...

Gabriel remercia la princesse Disney et prit la main du garçon dans la sienne, le laissant l'emmener là où il le voulait, c'était son anniversaire après tout.

Il profita que Nikolaï soit dans un carrousel pour répondre à Jordan. Il n'était pas sûr de l'avoir entièrement pardonner de ses paroles si blessantes une semaine plus tôt, mais il était incapable de lui en vouloir totalement. Chaque fois que le nom de Jordan s'affichait sur son écran, ses yeux s'illuminaient ce qui était un exploit étant donné l'intensité du stress qu'il ressentait ces derniers temps. Il avait d'ailleurs dû reprendre son traitement médicamenteux tant il était au bord de la crise de nerfs certains jours.

Jordan était une bouffée d'air frais dans cette tempête. Jamais il ne stressait, il était toujours détendu et parfaitement serein comme si rien de la situation électorale ne pouvait l'atteindre. Et puis, il faut dire qu'il s'était bien rattrapé de son dérapage plus que limite. Il l'avait écouté durant des heures parler du harcèlement qu'il subissait, de ses angoisses... Il était toujours là pour lui et prenait le temps comme si rien au monde n'avait plus d'importance que ce qu'éprouvait Gabriel. Le premier ministre en était même venu à se demander s'il lui arrivait de travailler ne serait-ce qu'un peu tant il était disponible pour lui.

Alors qu'ils attendaient que leurs gauffres soient servis, Gabriel consulta de nouveau son téléphone, ne pouvant pas se permettre de ne pas répondre à son équipe de campagne pendant toute une journée. Il reconcentra ensuite toute son attention sur son petit frère et ne regarda plus son téléphone de l'après-midi.

Ce n'est que lorsqu'ils furent en voiture, conduit bien sûr par le chauffeur privé de Gabriel, et alors que Nikolaï dormait à point fermé sur le siège à côté de lui que Gabriel consulta de nouveau ses messages et vit une invitation à laquelle il ne se serait jamais attendue de la part du président du rassemblement national.

<Un dîner, ça te dirait ?

Celà sortait de nulle part et fit accélérer le cœur de Gabriel d'une manière particulièrement inquiétante.

Je pense que c'est une mauvaise idée pour nous deux. Pour la campagne tu sais...>

<Je ne suis pas stupide j'y ai pensé. Je me disais qu'on pourrait dîner chez moi un de ces jours. Il y a encore beaucoup de choses dont j'ai envie de parler avec toi et puis je t'ai promis de regarder le film dans lequel tu as joué dont je ne me souviens plus le nom, c'est l'occasion.

C'est "La Belle Personne" et je n'ai pas vraiment joué dedans j'ai juste fait de la figuration rien de transcendant tu sais...>

<Tu rigoles ? Je veux voir ça de mes propres yeux, c'est exceptionnel. Je veux pouvoir me moquer de toi à ce sujet pour les 5 prochaines années minimum.

Raison de plus pour que je refuse ton invitation.>

<NOOOON ce sera super ! Il faut que tu acceptes ! Juste un dîner chez moi en toute discrétion puis ton film. Allez !

C'est encore plus risqué qu'on me voit entrer chez toi.>

Et n'ose même pas me proposer de dîner chez moi, c'est le même problème et tu le sais.>

<Tu me connais si bien...

Et en effet, Gabriel le connaissait bien, trop bien même. Plus qu'il n'aurait jamais pensé que celà soit possible. De sa couleur préférée à la marque de ses chaussures en passant par son jeu vidéo de prédilection.

<Mais s'il te plait Gabriel juste un dîner, vient discrètement, personne saura que c'est toi, je reçois plein de monde ça pose aucun soucis.

Gabriel ne put s'empêcher de se demander qui était ce "monde" qu'il recevait, une pointe de jalousie dans le cœur. Quand avait-il commencé à ressentir de telles émotions ?

Tu comptes cuisiner ? Parce que ton intention n'est sûrement pas de m'empoisonner mais je suis presque sûr que tu es capable de le faire involontairement.>

Et il avait des raisons d'en être persuadé, le soir de leur dernier débat, Jordan avait été capable de faire brûler de simples pâtes. Il lui avait envoyé la casserole en photo et ce n'était pas beau à voir.

<Tout d'abord je suis blessé par si peu de considération pour mes talents en cuisine. Et ensuite, bien sûr que non je ne cuisinerai pas, tu connais le principe de traiteur ?

Jordan je n'ai pas le temps tu le sais...>

<Alors dînons chez toi. Pas Matignon bien évidemment, ton appartement personnel. Tu y es le Week End non ? Alors Samedi, je viens chez toi, je t'amène à manger tu n'auras rien à faire. Je regarderais ton film une autre fois ce n'est pas grave.

Gabriel soupira et réfléchit. L'idée le tentait depuis le début mais c'était risqué. Peut être un peu trop risqué. Sans pouvoir se l'expliquer, il accepta finalement ce dîner. Après tout ce n'était qu'une sorte de dîner diplomatique, pas un rendez vous de nature plus personnel...

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant