Chapitre 16, Bardella

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<Bien. Faisons comme si cette conversation infâme n'avait pas eu lieu. Je te laisse une chance, prends-en soin.

Jordan relut ce message une énième fois, un grand sourire idiot illuminant son visage.

— Qui est-ce que tu textotes avec un sourire pareil, Jordan ? lui demanda Marine discrètement alors que leurs hôtes étaient occupés dans une autre pièce.

Jordan s'empressa de ranger son téléphone avec difficulté, la coupe de son jean skinny rendant les poches particulièrement étroites.

— Rien, enfin je veux dire personne. Je consultais un sondage, c'est tout.

— Ne me la fait pas, j'ai passé le dîner à côté d'un cadavre ambulant, j'ai dû m'occuper de l'entièreté de la conversation. Puis tu t'es mis à pianoter sur ton téléphone et te voilà radieux. Aurais-tu rencontré quelqu'un ?

Le visage de Gabriel s'imposa dans son esprit.

— J'en étais sûre ! Qui est-elle ?

L'image disparut. Elle parlait de sentiments romantiques, bien sûr. Mais ce n'est pas ce que c'était...

— Oh non, vous faites erreur !

— Je suis très heureuse pour toi loulou, depuis Nolwenn tu n'as rien eu de sérieux je commençais à m'inquiéter ! Impossible de nier, je sais reconnaître un homme amoureux quand j'en vois un.

Jordan eut un vertige violent, il crut qu'il tombait dans un vide interminable, comme absorbé par un trou noir. S'il n'était pas assis sur le canapé du salon de monsieur Solère, il se serait probablement évanoui. C'était impossible. Impossible. Il s'y refusait. Il aimait les femmes, rien que les femmes, seulement les femmes.

Mais avant qu'il ne puisse s'engager dans des réflexions plus profondes, Edouard Philippe et Thierry Solère revinrent dans le salon avec une nouvelle bouteille de champagne. Ils étaient en plein dans l'une de leurs réunions super secrètes avec le camp de Macron. Jordan ne voyait pas l'intérêt d'envisager une quelconque alliance avec ces ignares, mais si Marine pensait que c'était une bonne chose alors il n'était personne pour juger.

Il n'échangea plus avec Attal de la soirée et alla dormir immédiatement lorsqu'il rentra chez lui. Les suppositions complètement décalées de Marine l'avaient chamboulées. Donnait-il vraiment l'impression d'un "homme amoureux" lors de ses échanges avec le premier ministre ? Rien qu'y penser lui donnait envie de vomir. Lui, avec un homme ? Plutôt mourir !

Ou du moins, c'est ce qu'il se dit jusqu'au lendemain, lorsque sa community manager déboula dans son bureau, alarmée par le nombre de tiktok "Bardattal".

— Alors qu'est-ce qu'on fait ? J'en parle à Marine ?

— Non ! il se racla la gorge, je veux dire... Non, pas la peine de la déranger avec ça elle a assez de choses à gérer. Ça n'a pas d'impact négatif alors essayons de laisser faire pour l'instant. On verra où ça nous mène.

— Oui mais enfin... Jordan, ces édits son méga populaires et super bien faits, les gens vont finir par vraiment y croire...

Jordan soupira et se passa une main sur le visage.

— Montre moi...

La jeune femme lui tendit son Ipad sur lequel elle avait tout un dossier de vidéos montage entre Gabriel Attal et lui. Il en regarda un premier, puis un deuxième, et ils s'enchainèrent les uns après les autres. Jordan se décomposa intérieurement un peu plus à chaque fois. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait ce genre de tiktok, loin de là, mais il les avait toujours pris à la rigolade. En voir autant alors qu'il avait eu cet échange avec Marine était perturbant. Il se voyait faire les yeux doux à Attal, lui sourire... Cet homme n'était pas lui, ça ne se pouvait tout simplement pas. Il redonna l'appareil à sa community manager en la regardant à peine.

— Ça va ? lui demanda-t-elle, qu'est-ce que j'en fais alors ?

— Mais rien, bordel ! Y'a plus rien à faire, la machine est lancée tu peux en supprimer autant que tu veux il y en aura toujours. C'est toi la community manager à ce que je sache, tu connais mieux les réseaux que moi tu devrais le savoir. Maintenant, dehors.

Jordan accompagna son ordre d'un mouvement de la main et elle déguerpit plus vite que son ombre le laissant seul et furieux dans son bureau. Une fois la tempête passée, il tenta de réfléchir, celà se révéla peu concluant mais il avait au moins essayé. Il pensa à ses anciennes relations, toutes uniquement féminines. Il avait eu peu de relations sérieuses mais toutes étaient des femmes. Celà allait de soi que sa principale relation, celle avec Nolwenn Olivier, avait existé pour son propre bénéfice au sein du RN, elle n'avait été qu'un moyen de se rapprocher des Le Pen mais il l'aimait bien, c'était une brave fille.

Comme sa réflexion ne le menait à rien, il décida plutôt d'aller stalker les réseaux sociaux de Gabriel Attal comme n'importe qui le ferait. Oh, sans arrière pensée, bien sûr, il s'agissait de simple curiosité.

Il défila son instagram et y vit des postes de la campagne des législatives en cours, des européennes... il bloqua sur une photo avec son chien, Volta, sur laquelle il portait des vêtement plus décontractés qu'à l'accoutumé. Il fronça les sourcils en se rendant compte de son arrêt et défila rapidement, il remonta jusqu'en 2020, année où Attal était devenu le porte-parole du gouvernement pendant le covid, et plus loin encore. Il bloqua de nouveau sur certaines photos et finit par éteindre son téléphone en s'enfonçant dans son fauteuil, la tête renversée en arrière, exaspéré de ne pouvoir s'empêcher de détailler le premier ministre avec intérêt.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant