Chapitre 7, Attal

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Gabriel était heureux de son débat. Il l'avait maîtrisé à merveille et son adversaire n'avait plus su quoi dire, se contentant alors de simples attaques personnelles complètement idiotes. Il espérait avoir changé l'avis des français à propos de son parti. D'ailleurs lui aussi avait changé d'avis, pas à propos du RN, bien au contraire son avis avait été renforcé là dessus, mais bien à propos de celui à sa tête : Jordan Bardella. Leur conversation post-débat avait été particulièrement agréable, bien plus que celle de l'avion. Jordan s'avérait être quelqu'un de charmant avec qui le courant passait bien, il avait apprécié apprendre à le connaître un peu plus. Il s'était même étonné d'être si à l'aise au point de lui partager des informations tout à fait personnelles, comme l'histoire de son petit frère adoptif. Il en avait certes parlé à la presse mais en parler directement au président du RN était différent. Leurs partis politiques avaient beau être ennemis, humainement parlant il semblait que lui et Jordan se correspondaient beaucoup. Il n'était pas contre approfondir cette amitié naissante, du moins temps que celà n'empiétait pas sur sa fonction.

Il était rentré à Matignon et faisait un point avec son équipe de communication sur les retours sur les réseaux sociaux suite à ce débat. D'après beaucoup d'internautes, Bardella avait été ridicule, il en était ravi.

Le lendemain, il s'entretint avec Emmanuel Macron dans son bureau à l'Elysée. Le président était encore plus étrange que d'habitude, il regardait à peine Gabriel et semblait troublé. A la fin de leur réunion informelle, il lui parla du débat.

— Tu as fait du bon travail face à Bardella.

— Oui, je pense que j'ai pu convaincre certains électeurs. Enfin, ce n'était pas très difficile, le RN n'a aucun programme...

— Je te demanderais cependant d'éviter les copinages avec nos adversaires. Pour le bien du parti.

Gabriel cilla, était-il au courant de leur discussion ? Ils étaient pourtant seuls... L'un de ses gardes du corps était un espion ou quoi ?

— Comment ça ?

— C'est simplement ce que j'ai vu pendant ce débat, vous sembliez complices. Ce n'est pas bon.

Le premier ministre ne comprenait pas, il s'agissait d'un simple débat, ils n'étaient même pas si proches. Était-il jaloux ? Non, Gabriel rêvait. Toute forme d'attirance était non réciproque, il le savait.

— Je n'ai pas l'intention de "copiner" avec Jordan Bardella, j'étais juste poli.

— Bien. Mais ce n'est pas ce que les gens pensent, ils commencent déjà à imaginer des choses.

Le président sortit son téléphone et lui montra un montage vidéo "Bardella x Attal". Gabriel écarquilla les yeux. Comment était-ce même possible... ? Jordan avait l'air d'un amoureux transi face à lui, il n'avait pas vu ce regard pendant le débat.

— Je ne comprends vraiment pas, nous n'avons même pas parlé avant le débat, ça n'a pas de sens !

— Tu as tout intérêt à la jouer distant maintenant. Celà te ridiculise et donc moi aussi par la même occasion. J'ai confiance en toi, tu le sais; mais ça, c'est inacceptable.

L'entendre lui témoigner sa confiance lui fit grandement plaisir et il était bien décidé à ne plus rien laisser paraître. Le président comptait sur lui.

C'est pourquoi, le 9 juin, si les résultats des élections européennes le laissèrent sous le choc, il le fut d'autant plus lorsque le président convoqua les ministres pour une réunion d'urgence et leur annonça sa décision.

— J'ai décidé de dissoudre l'assemblée nationale.

Gabriel comprit immédiatement ce qu'impliquerait cette décision et il se décomposa. Il ne serait plus premier ministre après seulement six mois en poste. Il écouta à peine Macron expliquer sa décision. Il se sentait trahi, sa fonction était pour lui un achèvement important et il lui retirait ça. Sa fierté, sa vocation... Tout tombait en ruines. Il pensait compter un minimum pour le président, or ce n'était apparemment pas le cas. Il fut d'autant plus choqué d'apprendre quelques jours plus tard que Pascal Praud, ce journaliste qui n'avait de la fonction que le nom, avait été prévenu avant lui.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant