Chapitre 28, Bardella

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Au siège du Rassemblement national, l'ambiance était légère. Les membres étaient déjà sûrs des résultats du premier tour des législatives, celà ne faisait aucun doute. Jordan était du même avis qu'eux tous. Il se visualisait déjà premier ministre et était sûr qu'il pourrait se rattraper auprès de Gabriel une fois qu'il aurait cette fonction. Ah... Gabriel... Jordan espérait plus que tout qu'il ait vu qu'il avait cité son livre préféré dans une émission, il trouvait ça tellement romantique et il était sûr que le ministre serait touché. Il n'avait pas pu mentionner directement Attal dans cette émission mais Gabriel comprendrait, il en était sûr.

Les résultats tombèrent et comme prévu le RN était largement en tête. Marine qui avait célébré en avance à coup de vin blanc lui fit la bise à la manière d'une tante ivre tandis que des cadres lui donnèrent des tapes amicales dans le dos. La reconnaissance faisait du bien et il savourait pleinement sa victoire.

La soirée se prolongea, Jordan nageait dans le bonheur, et dans l'alcool bien qu'il n'aime pas vraiment ça. Il avait bu bien trop de champagne et tenait vraiment mal l'alcool alors il n'était pas surprenant qu'il dérape et aille s'isoler pour appeler Gabriel Attal. Au début il n'eut pas de réponse, mais au bout de la cinquième sonnerie, le premier ministre décrocha.

— Qu'est-ce que tu me veux ?? chuchota ce dernier dans l'appareil. Je suis occupé.

Entendre la voix de cet homme, même si bizarrement il chuchotait, suffit à faire fondre un Jordan complètement bourré.

— Gabriel...

Le premier ministre soupira.

— Bon, si tu n'as rien à me dire je raccroche, j'étais en pleine réunion avant que tu ne me déranges. Si tu attends des félicitations tu peux aller te faire voir. Bonne nuit, Bardella.

Mais Jordan ne voulait pas qu'il raccroche, il voulait rester au téléphone avec lui pour toujours même si Gabriel lui criait dessus.

— Non ! Gabriel... Tu me manques. Beaucoup.

Il avait murmuré ces mots, comme s'il s'agissait d'un secret difficile à avouer. Et c'était exactement ce que c'était pour Jordan, une sorte de confession de l'indicible. Son interlocuteur resta silencieux un moment, il pouvait entendre sa respiration à l'autre bout du fil.

— Tu ne sais même pas ce que ça signifie. Tu devrais ralentir sur la bouteille pour ce soir, pense à boire beaucoup d'eau pour éviter le mal de crâne. Bonne nuit, Jordan.

Et juste comme ça, il lui raccrocha au nez sans que le président du RN ne puisse l'en empêcher. Il s'appuya contre le mur à côté de lui. Son esprit était peut-être embrumé par les effets de la boisson, n'empêche qu'il était assez conscient pour savoir ce que signifiait le manque. C'était ce qu'il éprouvait lorsqu'il pensait à Gabriel, il lui manquait, terriblement.

Lorsqu'il put enfin rentrer chez lui, il arrivait à peine à tenir debout mais parvint sain et sauf à son appartement surtout grâce à l'aide de son chauffeur. Sur les conseils de Gabriel qui avait tout de même trouvé le moyen de s'inquiéter pour lui malgré sa rancoeur, il but beaucoup d'eau. Son cerveau avait du mal à fonctionner normalement mais malgré tout il en revint à une vitesse fulgurante à cette même question qui l'obsédait à propos de son attirance étrange envers un homme. Il n'était pourtant pas gay ! N'est-ce pas ?

Jordan, qui était désormais affalé sur son lit, tout habillé, se releva d'un seul coup ce qui lui fila un vertige atroce. Il se dirigea jusqu'à son bureau et s'asseya derrière son ordinateur. Il devait en avoir le cœur net alors il chercha sur le net "Suis-je gay quiz". L'alcool faisait faire des choses inattendues. Il cliqua sur le premier lien se présentant à lui et répondit aux questions le plus honnêtement possible même si son temps de compréhension était bien plus long qu'à l'accoutumée. Les questions le poussaient dans ses retranchements et il était de moins en moins confiant.

Le résultat tomba : "Vous pourriez être bisexuel ou quelque part sur le spectre LGBTQ+." Impossible, il choisit un autre test : "Vous êtes probablement gay ! Le résultat peut toujours être faux, cependant. La sexualité à laquelle vous vous identifiez est toujours votre truc." Encore un autre : "Vous êtes très TRÈS homo!!! Vous le saviez probablement déjà, mais vous êtes très très homo. Vous adorez découvrir toutes les possibilités de votre sexualité. Profitez de toutes les merveilleuses choses que vous permet votre homosexualité."

Celui-ci était la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Bardella éteignit son ordinateur et contempla le plafond, pensif. Il devenait de plus en plus difficile de le nier désormais. Il y avait au moins une partie de lui qui était attiré par les hommes. Ce qu'il ressentait pour Gabriel était bien plus intense que tout ce qu'il avait vécu jusque-là et celà le terrifiait.

Il s'endormit sur cette chaise de bureau peu confortable, respirant trop fort à cause de sa position et de la quantité d'alcool qu'il avait consommée.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant