Chapitre 26, Bardella

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Le tiktok avait eu l'effet attendu. C'était plus une sorte de test pour voir comment l'instrumentalisation du couple imaginaire serait reçue et tout se déroulait parfaitement. Tout le monde au sein du parti était très content, surtout Marine. Jordan était fier de lui, cependant il ne pouvait enlever cet arrière goût de culpabilité vis-à-vis de Gabriel en imaginant sa réaction. Il n'était probablement pas passé à côté, c'était impossible, et il devait bouillir de rage. Le débat de ce soir serait particulièrement difficile.

Et il le fut. Gabriel l'avait à peine regardé lorsqu'ils s'étaient serré la main et voilà maintenant qu'il avait une remarque cinglante à chaque parole que Jordan prononçait durant leur débat avec Olivier Faure. Celui-ci était d'ailleurs complètement laissé de côté dans ce duel plus que personnel. La journaliste était dépassée, Jordan aussi.

— Arrêtez de faire sujet, verbe, immigration sans arrêt.

Gabriel ne laissait rien passer.

— C'était pas une loi mais puisque vous m'avez dit dans un précédent débat que vous ne lisez pas avant de voter...

Jordan était presque en apnée devant tant de répondant, tant de tension. Il était à la fois énervé d'un tel échange, mais aussi complètement captivé par son adversaire. Peut-être aimait-il se faire malmener ainsi par Gabriel dans le fond. Lorsque le premier ministre reprit le terme "professeur" qu'il avait utilisé lors de leur précédent débat, lui renvoyant dans la figure, Jordan crut qu'il allait s'étouffer.

Faure en avait apparemment assez, décrivant leur duel comme étant plutôt un "duo", Jordan put presque sentir la rage de Gabriel qui se retrouvait associé à lui ainsi et pourtant ils étaient à l'opposé sur ce plateau.

Le débat toucha à sa fin. Jordan n'avait jamais eu une telle pression que face à Attal ce soir. Il en restait déconcerté et chamboulé. Peut-être que son tiktok l'avait vraiment blessé... Il aurait aimé pouvoir lui parler.

Et puisqu'il écoutait toujours ses pulsions, il passa comme par hasard dans le couloir de la loge de Gabriel. Une jeune femme brune y entrait comme si c'était chez elle en lui lançant un regard noir. Jordan l'avait déjà aperçue aux côtés du premier ministre, c'était son assistante. Elle était jolie, ses yeux bleus la rendait hypnotisante, tout à fait son "genre". Mais ce n'était étrangement pas ce qui intéressait Jordan en ce moment.

Le président du Rassemblement National n'avait pas pour habitude d'écouter aux portes, mais ce n'était pas de sa faute si les murs étaient fins... Bon d'accord peut-être qu'il s'était rapproché de la porte pour mieux entendre.

— C'était de la folie ! Tu étais redoutable mon Gaby, tous ces entraînements n'étaient pas vains !

"Gaby" ? Et comment ça "mon" ? Gabriel laissa échapper un rire qui tordit les entrailles de Jordan, celà faisait trop longtemps qu'il n'avait pas entendu ce son délicieux.

— Merci Lisa, c'est surtout grâce à toi et tes fiches. Ce n'était pas de tout repos et ça aurait été pire sans ton aide.

— Tu sais que j'adore quand tu me complimente. Mais bon, c'est plutôt ce débile à qui tu n'as laissé aucun repos qui s'est foiré du début à la fin. Je l'ai croisé dans le couloir d'ailleurs, il avait l'air minable. Si tu veux mon avis, il va mettre au moins une semaine à s'en remettre de celui-là.

Assistante de Gabriel ou non, cette Lisa n'était pas une personne appréciable.

— J'espère que tu as raison. Mais même avec tout ça, je suis sûr que ses électeurs vont rester de son côté... Bon sang, je ne pourrais pas supporter de le voir premier ministre.

Le détestait-il à ce point ? Le corps de Jordan décida pour lui avant qu'il n'ait le temps de réfléchir, ce qu'il faisait déjà rarement. Il cogna à la porte de la loge. Il entendit des talons claquer sur le sol et la porte s'ouvrit sur Lisa qui fronça les sourcils en le voyant.

— Encore vous ?

Gabriel se tourna pour voir à qui son assistante parlait. Son visage épuisé se tordit de colère.

— Bordel, encore toi ?!

Jordan déglutit et fixa Gabriel.

— J'aimerais te parler.

— Et bah c'est bien, pas moi. Bouge de là.

Jordan ne bougea pas.

— Vous l'avez entendu non ? commença Lisa. Partez avant que j'appelle la sécurité. Ou pire, que je joue moi-même au garde du corps.

Jordan ignora l'assistante son regard toujours fixé sur Attal. Tout son corps souhaitait avancer vers lui, Gabriel était un véritable aimant, un centre de gravité duquel il avait grand mal à rester éloigné. Lisa soupira et lui claqua la porte au nez avant que Jordan Bardella ne puisse tenter quoique ce soit pour la maintenir ouverte.

Il retourna docilement à sa propre loge, perturbé par l'image du premier ministre le regardant avec tant de haine. Celà le peinait, mais celà l'attirait aussi considérablement.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant