Chapitre 10, Bardella

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Après une journée intense de campagne à être entouré d'assistants et de gardes du corps sans arrêt, Jordan se retrouvait enfin seul. Il avait toujours préféré les foules de gens surtout lorsqu'ils criaient son nom à l'unisson plutôt que la solitude, mais parfois ce n'était pas si mal. Surtout que celà lui permettait de discuter avec Gabriel. Il lui avait envoyé un message sur un coup de tête après avoir appris qu'ils participaient à un nouveau débat ensemble sur TPMP. La conversation avait été plaisante et Jordan avait vraiment de la peine pour Gabriel, c'était une sensation étrange. Se préoccuper des autres n'était pas vraiment dans sa nature, les seuls sentiments qu'ils ne voulaient pas ébranler outre les siens étaient ceux de Marine Le Pen en temps normal.

Le lendemain de leur long échange, il avait vu pour la première fois un edit tiktok de leur débat des européennes. Celà l'avait dégoûté que les gens puissent l'imaginer avec un homme... Ou du moins c'est ce qu'il essayait de se dire pour se convaincre lui-même. La vérité était tout autre mais il n'était toujours pas prêt à se l'admettre.

Depuis trois jours, les deux hommes discutaient longuement chaque soir sur instagram, renonçant tous deux à quelques heures de sommeil. Parfois ils échangeaient des messages épars durant la journée emplis d'ironie tels que "Super interview sur CNews, mais fait attention ton col était taché ;)" ou bien "Mouais tes arguments m'ont peu convaincu mais l'intention y était".

Ce soir-là, ce fut Gabriel qui lança la conversation.

<Encore sur CNews aujourd'hui ?? Bon sang mais c'est une vraie histoire d'amour !

L'interview était ce matin, tu es long à la détente.>

<J'ai aussi une campagne à mener je te signale, je peux pas te critiquer en direct chaque fois que l'envie m'en prend.

Jordan leva les yeux au ciel, un grand sourire déjà collé au visage.

Je mérite d'être une priorité. Abandonne ta campagne.>

<Et laisser le pays à des fachos ?? Jamais !

Le président du RN pouffa avant de se rendre compte que le fameux facho, c'était lui.

Hé !! Mais c'est de moi que tu parles !>

<Oups... 🤭

🙄>

<Bon aller te faches pas, prêt pour notre débat de demain ?

Toujours. Tu vas mordre la poussière.>

<Bien sûr oui, comme la dernière fois hein ?

Pour Bardella et le reste de ses partisans, il avait gagné le débat. Mais il ne lui avait pas échappé que beaucoup de français n'étaient pas de cet avis. Ces gauchos étaient le danger de la nation.

Encore plus que la dernière fois.>

Et toi ? Prêt pour ta défaite ?>

La réponse de Gabriel mit plus de temps à arriver, comme chaque fois qu'il s'exprimait sur ses angoisses il semblait réfléchir au choix de ses mots et hésiter à envoyer ses messages. Jordan avait appris à déceler ces petits laps de temps et à les interpréter. Encore une nouveauté dans sa capacité émotionnelle.

<Je suis prêt à te battre ça c'est sûr mais je t'avoue que TPMP m'angoisse un peu c'est pas vraiment mon média de prédilection.

<C'est un peu stupide de te dire ça alors que tu pourrais clairement l'utiliser contre moi j'en ai bien conscience.

<Il faut croire que je suis complètement con.

Jordan explosa de rire derrière son écran et ne le contredit pas. Il le rassura cependant sur l'émission. Son parti étant habitué aux chaînes de Bolloré, Touche Pas à Mon Poste ne l'effrayait absolument pas, bien au contraire il était plutôt en terrain amical. Il tenta donc de transmettre une partie de sa sérénité à son adversaire. Après leur discussion, Jordan tomba presque immédiatement dans les bras de Morphée.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant