Chapitre 20, Bardella

35 4 2
                                    

Pourquoi avait-il proposé ce dîner ? Bardella n'en avait pas la moindre idée. Le regrettait-il ? Pas le moins du monde. Il était impatient et les trois jours séparant l'invitation et le dîner semblaient ne jamais se finir. Les interviews se multipliaient et Jordan, si peu habitué à travailler, n'en pouvait plus. Il n'avait même plus le temps pour une partie de Fifa de temps à autre !

Samedi arriva finalement, il avait pris contact avec le meilleur traiteur qu'il connaissait. Ils ne seraient que deux mais Jordan commanda pour trois, les repas gastronomiques étaient toujours trop peu consistant pour son grand appétit.

Il se rendit avec la nourriture à l'appartement où Attal résidait constamment avant de devenir premier ministre et d'emménager à Matignon. Appartement qu'il devrait probablement réintégrer définitivement d'ici deux semaines.

Il prit l'ascenseur où il plaqua bien ses cheveux contre son crâne du plat de la main dont il ne tenait pas le sac contenant leur repas. Une fois devant la porte de Gabriel Attal, Jordan pris une grande inspiration et lissa sa veste de costume. Enfin, il sonna. Gabriel lui ouvrit rapidement, il avait l'air chaque fois un peu plus fatigué.

— Bonsoir, monsieur Attal.

Son nom s'articulait si naturellement sur ses lèvres, familièrement même. Comme s'il l'avait prononcé des milliers de fois, inlassablement.

— Bonsoir, Jordan.

Gabriel lui sourit et lui fit signe d'entrer, fermant la porte derrière lui. Jordan déposa leur repas et une bouteille de vin rouge sur la table.

— Je ne pense pas qu'il soit raisonnable que je boive ces temps-ci.

— C'est pourtant ton vin préféré...

Jordan avait été l'acheter spécifiquement pour lui. Amicalement, bien sûr.

Gabriel soupira et sortit deux verres à vin et un tir-bouchon qu'il tendit à Jordan. Celui-ci sourit et déboucha la bouteille avant de remplir leurs coupes du liquide rouge.

— Santé. Dit Jordan en levant son verre.

Gabriel l'imita, un fin sourire aux lèvres. L'ambiance avait une tension particulière. Une tension que Jordan n'avait jamais ressenti de cette façon. C'était troublant et il commençait à se dire que peut-être cette soirée n'était pas une si bonne idée, au final.

— Assieds toi, je t'en prie, l'invita Gabriel en s'asseyant lui-même dans son canapé.

Jordan obéit docilement et prit le temps d'observer la décoration. Il y avait beaucoup de livres, surtout des classiques et des essais.

— Tu lis beaucoup ? Demanda t-il comme si ce n'était pas une évidence au vue de sa bibliothèque garnie.

— Oui, j'aime beaucoup. Et toi alors ?

— Oh, j'aime bien lire mais je n'en ai pas vraiment le temps...

C'était faux, Jordan n'avait pas ouvert un livre depuis le lycée. Celà lui avait d'ailleurs été reproché par son ancien coach média lorsqu'il avait commencé la politique. Gabriel haussa un sourcil.

— Oh c'est dommage, pourtant tu trouves bien le temps de jouer aux jeux vidéos.

— Ce n'est pas pareil... Et donc, quel est ton livre préféré ?

— Hmm... Probablement l'Etranger d'Albert Camus.

— Ah oui ? Pourquoi celà ?

— J'aime la philosophie que propose ce livre. Il permet une réflexion et un questionnement particulièrement pertinent sur la société d'hier comme celle d'aujourd'hui.

Jordan tenta de retenir un sourire en le regardant parler. Gabriel conversait si bien... Celui-ci plissa les yeux en pinçant les lèvres.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu te moques de moi ? Demanda t-il.

— Oh non ! Pas du tout. Je me disais juste que j'avais vraiment raison lorsque je t'ai dit que tu ferais un bon premier ministre. Tu es parfait. Dans ce rôle je veux dire. Tu parles comme un ministre, tu respires comme un ministre, tu te tiens comme un ministre...

— Et pourtant tu convoites cette place.

Jordan reprit une gorgée de vin pour se donner contenance. En réalité il n'aimait pas vraiment ce type de boisson, préférant largement le Coca-Cola ou la grenadine, mais il avait dû y habituer son palais à force de dîners pompeux.

— En effet. Dit-il en acquiesçant lentement. Mais n'y voit rien de personnel. Après tout, tout est permis en politique.

Gabriel le regarda d'une manière que Jordan ne pouvait pas déchiffrer.

— Tu as sans doute raison.

Il termina son verre d'une traite et se leva, se dirigeant vers la table.

— Alors, que nous as-tu pris à manger ?

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant