Comment Gabriel avait-il eu la force de repousser Jordan ? Il ne le savait plus. S'il s'était écouté, ils auraient été plus loin. Mais il ne voulait pas prendre le risque que l'autre homme regrette ce qu'ils feraient. Il était déjà convaincu que Jordan n'assumerait pas leur baiser, il avait lu la confusion dans ses yeux lorsqu'il avait repris ses esprits. Au moins, une chose était désormais sûr : Jordan Bardella était beaucoup de choses -arrogant, immature, égoiste...- mais hétérosexuel, alors ça pas du tout.
Mais le premier ministre n'avait pas le temps de penser à cette soirée hors du temps plus longtemps, il avait encore beaucoup de travail, même un dimanche. Dans deux jours, c'est-à-dire le 25 juin, Gabriel devrait affronter Manuel Bompard du Nouveau Front Populaire et Jordan Bardella, pour changer.
Alors qu'il travaillait activement sur la préparation de son débat et sur la continuité de la campagne, il eut l'immense surprise de recevoir un message de Jordan Bardella. Jamais il ne se serait douté que cet homme serait le premier à reprendre contact. Gabriel s'offrit une pause café afin de pouvoir lui répondre.
<Gabriel, déjà comment vas-tu ? Et ensuite, je crois qu'il faut qu'on parle.
Le premier ministre ne savait pas si c'était une bonne chose ou non. La dernière fois qu'il avait utilisé ces mots, ils étaient en froid. Il passa en revue les réponses possibles mais rien ne trouva vraiment grâce à ses yeux. Il improvisa alors.
Je vais bien et on peut parler mais de quoi exactement ?>
Gabriel se traita de débile, sa réponse était si nulle...
<J'ai beaucoup de choses à dire, j'aimerais que nous en parlions de vive voix.
<Et non, ça ne peut pas attendre notre débat de mardi.
Gabriel n'était pas le seul à trop bien connaître Jordan, c'était réciproque. Ils étaient très souvent capables d'anticiper leurs prochaines réponses aussi bien en débat qu'en privé. C'était ce genre de choses dans leur relation qui réchauffait le cœur de Gabriel. Mais c'était étrange que Bardella souhaite lui parler là maintenant, souhaitait-il faire son coming out et lui déclarer sa flamme en l'embrassant passionnément sous les étoiles ? Hm, Gabriel nageait en plein rêve, n'importe quel ado l'aurait appelé un "hopeless romantic" attendant une relation digne d'un feuilleton à l'eau de rose. Pour ça, il avait définitivement choisi le mauvais "love interest".
Je peux passer chez toi en coup de vent dès que j'ai fini ce que j'ai à faire. Envoie moi l'adresse.>
<Parfait.
C'était étrange. Qu'avait-il à lui dire ? Il le découvrirait bien assez tôt. Vers 17 heures, Gabriel indiqua à son chauffeur l'adresse de Jordan en lui ordonnant de s'arrêter un peu plus haut dans la rue afin de ne pas attirer de soupçons. Jordan l'accueillit chez lui, mais pas aussi chaleureusement que ce que Gabriel avait espéré même s'il s'y était attendu. Il lui serra simplement la main mais Gabriel aurait pu jurer que son pouce lui caressa le dos de la main. C'était encourageant.
Alors lorsque Jordan lui dit de s'asseoir et lui parla des édits sur le ship "Bardellattal" en lui expliquant l'impact positif qu'ils avaient dans la campagne mettant en avant le fait qu'ils pourraient en jouer, Gabriel crut avoir mal entendu. Voulait-il vraiment utiliser son orientation sexuelle à des fins politiques ? Après ce qu'il s'était passé entre eux ?
— C'est une blague ?
— Quoi ?
— Tu n'as définitivement rien compris, hein ? Jordan, est-ce qu'hier soir a eu une quelconque valeur pour toi ? Est-ce que tu avais déjà mis au point ta stratégie si géniale ?
— Je...
— Jordan.
Gabriel leva les yeux vers son adversaire politique qui l'avait tant fait sourire mais était aujourd'hui celui qui brisait le faisait souffrir. Il avait eu trop d'espoir, comme d'habitude. Il savait pourtant parfaitement qui était en face de lui. Il avait joué avec le feu et s'était brûlé.
— Tu m'as écouté parler d'homophobie pour en arriver à ça au final ? Vraiment ? Dis moi que tu plaisantes, dis moi que je rêve, je t'en supplie.
Jordan resta silencieux, regardant ses pieds. Gabriel se leva.
— Je t'ai fait confiance, j'ai oublié ton appartenance politique parce que comme tu l'as dit, avec moi tu es juste Jordan. Pas de parti, tu te souviens ? Et maintenant tu veux mêler la politique à ça, à... nous ?
— Il n'y a pas de nous.
Gabriel écarquilla les yeux, un rire sans joie échappant la barrière de ses lèvres. Il était dans un cauchemar, ce n'était pas possible autrement, comment tout avait pu être renversé ainsi ?
— Est-ce qu'hier a compté pour toi ? Au moins un peu ?
Il sentit une boule se former au creux de sa gorge à mesure que les secondes s'écoulaient et que Jordan ne daignait pas répondre. Ce n'était pourtant pas une question si difficile. Il secoua la tête, un fou rire nerveux menaçant de sortir. C'était trop pour Gabriel, entre la campagne du camp présidentiel, la pression de bientôt perdre son poste, sa propre campagne de député, ses responsabilités de premier ministre... Il était épuisé et n'avait pas le temps de gérer ses peines de cœur en plus de celà d'autant qu'il avait déjà toléré beaucoup de choses venant de cet homme. C'était fini, il ne se laisserait plus faire. Il prit une grande inspiration et se dirigea rapidement vers la porte de l'appartement. Jordan amorça un geste pour l'arrêter mais un seul regard du premier ministre l'en dissuada.
— C'est ça ! Part ! Si tu ne profites pas de la situation c'est ton problème moi je ne vais pas me gêner ! Cria Jordan avant que Gabriel ne claque la porte derrière lui.
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Tout est permis en politique (Bardella x Attal)
FanfictionGabriel Attal et Jordan Bardella sont très différents, et pourtant leurs vies sont entremêlés depuis des années. Lorsque le président de la République dissout l'assemblée nationale, les rapprochements se multiplient mais les valeurs de Jordan risque...