Chapitre 37, Attal

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Gabriel avait adoré la cérémonie d'ouverture. Elle avait eu lieu 10 jours après que Macron ait, enfin, accepté sa démission afin que le gouvernement puisse voter pour la présidence de l'assemblée nationale. C'était au bord de l'inconstitutionnalité mais franchement le premier ministre démissionnaire n'en avait plus rien à faire. Ses rapports avec le président étaient si tendus qu'il préférait juste faire ce qu'il lui demandait afin d'être tranquille et de pouvoir vivre sa meilleure vie pendant les somptueux Jeux olympiques de Paris 2024. Comme lorsqu'il s'était retrouvé à discuter tout naturellement avec Lady Gaga qui lui avait annoncé en avant-première être fiancée ou bien lorsqu'il avait revu Joyce avec qui il avait vécu une courte histoire d'amour au collège. Il rencontrait beaucoup de monde et profitait pleinement de cette ambiance de légèreté. Les problèmes de la France n'étaient plus les siens pendant au moins ces deux semaines de festivités. Eh, il avait démissionné après tout !

Lisa était moins convaincue par les Jeux Olympiques. Le soir de la cérémonie d'ouverture, elle lui avait notamment confié à quel point elle trouvait celà ironique que l'image fournie au monde entier était celle d'une France inclusive et diversifiée alors que plus d'une dizaine de millions de français avaient voté pour le rassemblement national quelques semaines plus tôt. Et puis, lorsqu'elle l'accompagnait voir des épreuves, il lui arrivait de scanner la foule en plissant les yeux, comme si elle réfléchissait à qui, parmi eux, avaient choisi la haine au moment des législatives. Jeremy l'avait traité de rabat-joie pour se moquer d'elle et Gabriel était assez d'accord avec lui. Elle ferait mieux de juste profiter, tant pis pour le désastre social que les JO avaient provoqué puisque l'organisation était si parfaite.

A côté de cette fougue retrouvée dans la vie de Gabriel, celà faisait un moment que Jordan Bardella n'avait rien posté. Oh ce n'était pas lui qui l'avait vu, non il n'aurait pas pris le risque d'aller espionner son compte. C'était Lisa qui s'en chargeait, ils avaient un accord tacite selon lequel elle le tenait au courant des activités du président du RN. Hors, à part le scandale qui avait éclaté suite à un dîner avec Hanouna, rien de particulièrement marquant de son côté, voire même un silence radio pendant quelques jours. C'était étonnant mais après tout, peut-être s'était-il enfin mit à travailler... Ou bien il était simplement parti en vacances. Gabriel ne put s'empêcher d'imaginer Jordan en maillot de bain. Il voulait vraiment l'imaginer de manière ridicule mais son esprit en avait décidé autrement. Il l'imaginait sortant de l'eau, le torse luisant au soleil... Bon sang il ne pouvait vraiment pas se sortir ce type de la tête !

Jordan finit par enfin réapparaître, célébrant les médailles françaises.

— Carrément il copie tes choix de musiques maintenant, nan mais je rêve ! s'exclama Lisa.

— Les choix de Jeremy, plutôt. C'est lui qui s'occupe de ça.

— Oui, ouais... C'est vrai. Mais au secours quoi le mec veut tellement faire parler les gens !

— Oui, tu as clairement défini Jordan Bardella. Il fait parler de lui et espère que ça passe. C'est bien là sa seule stratégie.

— Je le déteste, soupira Lisa en s'asseyant sur le canapé de l'appartement de Gabriel.

Comme il n'était plus censé être premier ministre, il se sentait mal à l'aise de rester habiter à Matignon, alors il passait plus de nuits dans son appartement personnel qu'auparavant. Ce même appartement où Jordan et lui s'étaient embrassés. Celà lui semblait être à des années-lumière d'aujourd'hui et pourtant il pouvait toujours sentir les lèvres de son adversaire politique sur les siennes. Gabriel avait un vrai problème. Il existait des tas d'hommes probablement très bien à qui il aurait sans aucun doute plu, mais au lieu de celà il restait dingue de ce type raciste, homophobe et bien d'autres qualificatifs peu ragoûtants. Il valait tellement mieux que celà...

Lorsque les JO furent finis, l'euphorie française retomba et Emmanuel Macron devint encore plus exécrable. Il faut dire que donner au peuple "du pain et des jeux" ne fonctionnait plus s' il n'y avait plus... de jeux. Gabriel le soupçonnait d'hésiter à lancer une trêve paralympique et celà le faisait doucement rire d'imaginer la réaction de la France face à ce nouveau manque de respect. Bien sûr, le président n'en fit rien. Il finit même par organiser des rencontres avec les différents dirigeants des partis. Quel progrès ! Gabriel n'en avait vraiment pas grand chose à faire, tout ce qu'il savait c'était qu'il était dans l'expectative de savoir quand il perdrait réellement son emploi et qu'en attendant il devait boucler les derniers point demandés par le chef de l'Etat, c'est-à-dire le budget et autres affaires qui permettraient alors de bloquer d'éventuelles réformes sociales si gouvernement de gauche il y avait. Au même moment, La France Insoumise menaçait de lancer une procédure de destitution du président mais les chances que celà aboutisse étaient proches de zéro, ils brassaient de l'air. Lisa, qui ne portait plus Macron dans son cœur depuis au moins 2019, avait insisté sur le fait que "eux, au moins, ils se bougent !" face à l'autoritarisme macroniste.

Gabriel était juste las de tout et de tout le monde. Enfin, sauf sa famille et son équipe malgré leurs tempéraments compliqués. Il avait besoin de réconfort et de vacances.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant