Chapitre 29, Attal

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— Bon, maintenant tu as intérêt à dormir. Je t'ai libéré ta matinée de demain, ou devrais-je dire d'aujourd'hui au vu de l'heure, donc une grâce-matinée est à l'ordre du jour.

Il était déjà bien trop tard dans la nuit alors que Gabriel et Lisa venaient de terminer le debrief de la réunion d'urgence à laquelle le premier ministre venait de participer avec tout le gouvernement. Une rencontre inutile et inintéressante au possible qui avait juste remué le couteau dans la plaie en ce qui concerne cette défaite cuisante. Emmanuel Macron leur avait à tous craché au visage, au sens figuré bien sûr, leur faisant part sans ménagement de leur incompétence et de leur inutilité dans cette campagne. Il avait aussi fait un court point sur les triangulaires et était très peu clair sur les directives qui devaient être données aux candidats Renaissance. Gabriel savait cependant ce qu'il avait à faire pour le bien de la France, n'en déplaise au président. Il comptait tout faire pour que l'extrême droite ne passe pas.

C'était lors de cette réunion que son téléphone s'était mis à vibrer de nombreuses fois, énervant visiblement le président de la République. Il avait prétexté un appel urgent bien qu'il aurait tout simplement pu mettre son téléphone en silencieux, Macron lui avait donc donné deux minutes et il avait pu répondre à Jordan Bardella. Cet abruti était complètement bourré. Chaque jour Jordan prouvait un peu plus à quel point il était ridicule, mais malgré celà Gabriel ne pouvait empêcher son cœur de s'emballer à la simple mention de son nom. Il le détestait, mais il était faible et entendre les mots "tu me manques" avait suffit à le déstabiliser.

— Lisa ?

— Hm ?

— On peut dire du mal de Bardella avant que tu partes s'il te plait ?

Son assistante nourrissait une haine à l'égard du président du Rassemblement National depuis un moment déjà mais d'autant plus depuis que Gabriel lui avait raconté comment il l'avait baladé durant des semaines. De plus, bien qu'elle ne l'ait jamais avoué directement, il était assez simple de deviner que ses convictions politiques se plaçaient plutôt à gauche, s'il n'était pas question de travailler pour son meilleur ami, jamais elle n'aurait eu quoique ce soit à faire avec le parti présidentiel. De par sa partialité et ses convictions, Jordan était clairement son ennemi numéro un. Elle était alors la mieux placée afin de rappeler à Gabriel pourquoi celui-ci était un connard fini. Son regard s'illumina.

— Avec très grand plaisir, mais il s'est passé un truc ?

Il colla son front contre la surface de son bureau et lui expliqua cet appel dont il n'était même pas sûr que Jordan se souviendrait le lendemain.

— Le type est juste débile, s'il en pince pour toi il a qu'à te le dire une bonne fois pour toute et arrêter d'être un connard. Argh ce genre de mec me fait enrager !

Gabriel était tout à fait d'accord, il passait son temps à l'attirer pour mieux lui briser le cœur par la suite. C'était insupportable.

Lisa soupira et passa derrière le bureau de son ami pour l'entourer de ses bras. Elle ne dit rien pendant de longues minutes, un exploit pour elle, et finit par lui embrasser la tempe avant de le lâcher.

— Haut les cœurs mon Gaby. Je veux en aucun cas le défendre, mais Bardella a clairement des problèmes à régler et des choses à assumer de son côté, tu peux pas l'aider là tout de suite. Si tu y tiens tant, attends un peu. Moi tu sais ce que j'en pense mais si il est si cher à ton cœur je tolérerai, ce serait un peu comme vivre une fanfiction dans la vraie vie...

— Je t'en supplie, arrête avec ces putain de fanfictions.

— Ok ok, j'arrête, monsieur le premier ministre.

Entendre ce titre même de la bouche de sa meilleure amie lui donnait envie de vomir. Il n'avait jamais été si proche de la démission... Lisa dû sentir son malaise car elle en revint à parler de Jordan, énumérant ses défauts et l'insultant de tous les noms. Gabriel l'écouta sans broncher, pouffant lorsque ses insultes devinrent plus créatives.

Quelques minutes plus tard, Lisa partit en lui ordonnant une énième fois de dormir. Ils savaient cependant tous les deux que c'était plus facile à dire qu'à faire.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant