Chapitre 15, Attal

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Bardella s'était ridiculisé. Il avait utilisé une fois de trop la carte de l'immigration et la gauche se régalait face à celà. Gabriel aussi. Du moins jusqu'à ce que son directeur de campagne lui annonce qu'il avait un nouveau débat prévu avec lui dans trois jours, et pour CNews en plus... Toute joie s'évapora de son corps. Il n'avait pas envie de le revoir ou d'avoir quoi que ce soit à faire avec lui.

Dans la soirée, alors qu'il travaillait sur un dossier important, il vit s'afficher sur son écran une notification instagram. Jordan. Encore. Il ne prit pas la peine de l'ouvrir mais sa concentration diminua et il n'arriva plus à rien. Il demanda un café à son assistant qui le lui apporta sans tarder.

Il se résigna à regarder la notification. Par pure curiosité, se dit-il. Il ne fallait pas lui voir un quelconque intérêt particulier pour le contenu de ce message.

<Tu ne crois pas qu'on devrait parler ?

Gabriel leva les yeux au ciel. Il voulait le laisser face au silence et ne pas répondre, mais il ne put résister bien longtemps. Il marmonna une injure avant de tapoter agressivement le clavier tactile de son téléphone.

Nous l'avons déjà fait.>

<Gabriel...

Ravi de voir que tu te souviens de mon nom mais j'ai d'autres choses à faire. Certains travaillent. Bonne soirée.>

<Je pense qu'on ne s'est pas comprit c'est tout. Tu te trompes sur mon compte.

En effet je me suis trompé et je ne referais pas la même erreur.>

<Gabriel je suis vraiment désolé je te le jure. Je t'ai toujours respecté peu importe ton orientation sexuelle.

Gabriel éteignit son portable et ne le ralluma que lorsqu'il alla se coucher. Il découvrit toujours plus d'excuses de la part de Jordan. Un sourire menaça d'apparaître sur son visage à l'idée que le président du Rassemblement national le supplie presque de le pardonner.

Écoute Jordan, je pensais étrangement qu'on pourrait être amis mais j'aurais dû savoir que c'était impossible évidemment. Je m'en veut plus à moi-même qu'à toi. Maintenant oublie moi hors de nos débats.>

La réponse mit un moment à arriver.

<Non, je ne peux pas "t'oublier". S'il te plaît laisse moi une chance, une seule.

Gabriel eut l'impression d'avoir à faire à un ex insistant qui tentait de le récupérer, ce n'était pas le cas bien sûr mais celà restait plutôt ridicule.

<S'il te plaît Gabriel, je me fout de ta sexualité je suis juste peu renseigné la dessus. Peut-être que tu pourrais me parler des difficultés que tu as mentionnées.

Il réfléchit. Jordan avait clairement mis sa fierté de côté et peut-être devrait-il en faire de même. Gabriel savait que son adversaire politique était probablement hypocrite, pourquoi diable tiendrait-il à lui au point de s'excuser aussi piteusement ? Mais il n'arrivait pas à saisir ce que le président du RN y gagnait, il devrait au contraire le fuir comme la peste au vu de la nature historiquement homophobe de son parti. Après tout, son mentor Marine Le Pen avait longtemps eut pour projet de retirer la légalisation du mariage pour tous, c'était un bel indicateur de la discrimination envers la communauté LGBT. Or, depuis leurs premiers débats en 2022, celà n'avait jamais été le cas. Jordan avait toujours, au contraire, fait en sorte d'engager la conversation, de lui sourire... C'était d'une ironie très particulière, une sorte de jonction entre la douceur et l'amertume.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant