Chapitre 17, Attal

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Gabriel arrêta de se ronger les ongles et prit sa tête entre ses mains, désespéré, alors que son assistante et amie, Lisa, lui parlait d'une fanfiction entre lui et Jordan Bardella qu'elle avait lu pour se faire une idée de ce que les français inventaient, "pour le travail" avait-elle dit. Ouais, pour le travail, mais elle avait l'air d'avoir apprécié l'expérience...

— Attends, la stoppa Gabriel, j'ai fait QUOI ?

Lisa s'arrêta soudainement dans son explication enthousiaste des aventures du premier ministre dans cette histoire, se rendant visiblement compte qu'elle parlait en fait de sa représentation et de comment en ayant trop bu il s'était retrouvé à sauter sur Bardella tel un affamé. C'est donc comme celà que les citoyens le voyaient ? Il n'accordait certes pas beaucoup de temps à une vie amoureuse quelconque, mais enfin il n'était pas un mort de faim non plus...

— Enfin bref je vais m'arrêter là hein de toute façon c'est pas comme si je l'avais lu jusqu'à la fin haha...

Elle l'avait clairement lu jusqu'à la fin. C'était écrit sur son visage. Et elle l'avait même sincèrement aimé. Gabriel soupira longuement.

— Je n'arrive pas à croire que tu aies lu ça. Lisa c'est mon image publique !

— Je sais bien ! C'est bien pour ça que je l'ai lu, pas pour une quelconque envie personnelle, il fallait bien que je vois comment les écrivains en herbe te représentent !

— Mouais... t'as surtout l'air de t'être bien amusée.

— Hé ! J'étais obligé d'être à fond dedans, c'était plutôt bien écrit, j'étais surprise !

— Non mais les édits, maintenant ça... Ma carrière est fichue.

— Mais non ! Rolala tu connais rien aux jeunes toi ! Bien au contraire mon Gaby, ça permet de te rendre plus sympathique aux yeux des gens, t'as pas lu Hunger games ?

— Si, puisque tu m'y as forcé.

— Bah alors tu dois bien te rappeler de la strat' de Katniss nan ? Tout le truc de se vendre grâce à une histoire d'amour qui fait que le capitol s'attache à eux, les deux vainqueurs au lieu d'un seul...

Gabriel la regarda comme une extraterrestre.

— Tu es complètement folle. On est pas dans une dystopie pour ado là.

— "Une dystopie pour ado", comment oses-tu parler de Hunger Games en ces termes devant moi ?!

Gabriel retint un rire, essayant de conserver un tant soit peu de sérieux face à son amie. Lisa découvrait sans cesse de nouvelles choses, lorsqu'elle les appréciait elle mettait un point d'honneur à connaître absolument tout sur le sujet et à le défendre de toute son âme. Hunger Games n'y avait pas échappé à sa parution. Gabriel était ami avec elle depuis ses études à sciences-po et cette ténacité était une des raisons pour lesquelles il avait tant voulu qu'elle soit son assistante. Travailler avec des amis était toujours plus simple pour lui, il avait du mal à faire confiance en général.

— Mais bref pour en revenir à ton idylle avec Jojo, ça peut être super positif pour la campagne, en mode amants maudits.

Gabriel crut qu'il allait s'étouffer.

— Pardon ?

— Idylle fictive si tu préfères... dit-elle en roulant des yeux.

— Si seulement c'était la seule partie de ta phrase qui m'avait choquée...

Elle lui servit son plus beau sourire innocent. Gabriel s'affala dans son siège, le désespoir s'emparait de lui alors qu'il comprit une évidence.

— Tu as lu plusieurs fanfictions.

— C'est pour la science.

— Dégage de mon bureau. Part, part très loin, et ne reviens jamais.

Lisa rit et se dirigea vers la porte.

— Ok Mufasa.

— C'est Scar qui dit ça espèce d'inculte ! Lui cria Gabriel alors qu'elle refermait la porte derrière elle.

Les disneys ne faisaient étrangement pas partie des passions de Lisa. Gabriel se moquait souvent en lui disant qu'elle voulait juste être différente. Lui, au contraire, adorait ces films et heureusement puisque son petit frère n'avait de cesse que de les lui réclamer en boucle si bien qu'il avait l'impression de connaître chaque réplique de chaque film.

Il soupira et se passa une main dans les cheveux. Une fois seul avec ses pensées, l'idée que de telles fanfictions existent le mettait mal à l'aise. Se dire que sa propre personne ne lui appartenait plus, que les gens pouvaient lui faire dire n'importe quoi... C'était beaucoup à assimiler. D'autant qu'il y avait beaucoup de fanfictions avec ces deux mêmes protagonistes. Gabriel avait du mal à saisir cet engouement. Il fuma afin de détendre ses nerfs, c'était une mauvaise habitude qu'il avait prise à la fac, bien qu'aujourd'hui il soit passé à l'électronique.

Ce soir-là aurait lieu un nouveau débat entre les deux hommes. Ce serait la première fois qu'ils se reverraient depuis leur discorde. Jordan Bardella avait grand intérêt à être agréable si discussion hors plateau il y avait, Gabriel ne laisserait rien passer.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant