Chapitre 30, Bardella

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Jordan se réveilla avec des courbatures partout et un mal de crâne monstrueux, les conseils d'Attal n'avaient pas pu empêcher l'inéluctable. De la bave avait séché au coin de sa bouche et ses vêtements étaient tous froissés. Il était loin d'être au comble du sexy et si des électeurs avaient vraiment voté pour lui rien que pour son physique ils auraient sans aucun doute regretté en le voyant ce matin. Enfin "matin", tout est relatif, il était déjà midi passé.

Malgré sa gueule de bois, les éléments de la veille se mettaient en place dans son esprit, il était soulagé de ne pas avoir fait un black out. Il se souvint soudain avoir téléphoné à Gabriel, il chercha dans son historique d'appel et y trouva en effet son nom. Il plaqua la paume de sa main contre son front et se dit qu'il ne sortirait plus jamais de ce bureau tant il avait honte. Mais il n'était pas le seul décideur de celà. Trois coups rapides frappèrent à la porte de son bureau avant qu'elle ne s'ouvre.

— Loulou, pourquoi n'as-tu pas dormi dans ton lit ?

Marine Le Pen avait un double des clefs de l'appartement de Jordan parce qu'elle était la seule personne en qui il avait pleinement confiance depuis toutes ces années. La veille, elle avait elle-même été dans un sale état mais elle allait bien mieux aujourd'hui. Il faut dire qu'elle tenait mieux l'alcool que son protégé.

— Non en fait tu sais quoi ne me répond même pas. Je t'ai apporté de l'aspirine et des croissants. J'aurais pu envoyer quelqu'un bien sûr mais je tenais moi-même à voir comment notre futur premier ministre va.

Et il allait visiblement très mal.

— Merci... répondit Jordan la bouche pâteuse.

Marine lui lança un regard amusé avant de déposer les sachets qu'elle tenait dans les mains devant lui sur son bureau.

— Les fêtes ne te réussissent pas. Tu essaieras de doser le champagne dimanche quand on aura la majorité absolue. Je te laisse une heure pour te réveiller et être présentable, je te veux dans une heure au siège. Ça marche pour toi ?

Jordan ne put qu'acquiescer et Marine sortit. Pour qu'elle lui exige de travailler c'était qu'une réunion se tiendrait très probablement. C'était logique après leur victoire de la veille, cependant un sourire s'épanouit sur le visage de Bardella lorsqu'il imagina l'état dans lequel les cadres du RN se trouveraient. En effet, la veille ils étaient tous très, très, très éméchés. Il aurait pu jurer en avoir vu un ou deux danser sur une table mais il n'en était pas sûr et ne tenait pas à se remémorer ce moment en détail. D'ailleurs, le service de ménage avait dû avoir une quantité de travail très importante face au carnage qu'ils avaient laissé derrière eux au siège. Mais bon, ce n'était pas son problème après tout, les techniciens de surface étaient payés pour ça.

Lorsqu'il eut mangé les viennoiseries apportées par Marine, ce qui avait évidemment été sa priorité afin de faire taire ce ventre criant sa faim, et qu'il se soit préparé comme à l'accoutumée retrouvant alors son apparence la plus soignée, il se rendit au siège du RN qui avait en effet été nettoyé. Son assistant lui indiqua qu'il était attendu en salle de réunion. Là bas, il assista à une longue réunion bien moins intéressante que le spectacle que lui offraient les membres haut placés du RN qui luttaient pour rester éveillés. L'un d'entre eux portait même des lunettes de soleil lui donnant un air ridicule. Jordan n'était pas déçu du spectacle bien qu'il n'en mène pas large niveau fatigue, au moins il donnait l'illusion que tout allait bien, de la même façon qu'il donnait l'impression d'être un bon politicien pour ses électeurs. Tout était toujours dans le paraître.

Les deux jours suivants furent plutôt calmes, quelques interviews, quelques tiktoks. Le mercredi 3 juillet, soit une semaine exactement après le premier tiktok sur les édits, il en posta un deuxième. Lui, sur un canapé, en simple chemise pour paraître décontracté, tenant son téléphone en main duquel sortait une musique bien connue des internautes laissant entendre qu'il regardait ces fameuses vidéos. Il jetait des regards complices à la caméra, entrant dans le jeu des jeunes sur TikTok. Gabriel serait furieux contre lui, encore une fois. Mais il s'accrochait à l'espoir qu'une fois les élections derrière eux, il aurait toutes les occasions de se faire pardonner.

Tout est permis en politique (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant