Chapitre 70

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— Ils sont de retour, gronda Xavier, furieux. C'est à cause d'eux que je n'ai pas pu vous accueillir.

— Des voleurs de bétail ?

Il hocha la tête en décrochant son pistolet de sa ceinture, mais Aramis l'arrêta.

— Non. À cette distance, même moi, je ne les toucherai pas.

— Je veux juste les effrayer.

— Le coup de feu qui a tué le chien a dû l'alerter la bergère. Avant d'agir, je veux savoir où elle est.

Xavier fronça les sourcils, soudain inquiet.

— Vous pensez qu'ils l'ont tuée ?

— Non. Je n'ai entendu qu'une seule détonation, et c'est le chien qui est mort.

Il croisa le regard de Xavier.

— Laissez-moi faire, c'est mon métier. Votre pistolet est chargé ?

Xavier lui remit son arme sans hésiter. L'homme qu'il avait devant lui était un soldat aguerri, et il lui faisait entièrement confiance. Aramis vérifia le pistolet avant de l'accrocher dans son dos.

— Vous les voulez morts ou vifs ?

— Si vous pouviez en épargner un, j'aurais quelques questions.

Les trois hommes avaient commencé à faire sortir les moutons de leur abri avec une dextérité qui dénotait une certaine habitude. L'un d'eux retourna dans la bergerie et ressorti presque aussitôt, tirant une femme par le bras. Xavier se raidit.

— Isabelle, gronda-t-il.

— Ne bougez pas ! ordonna Aramis. Ils n'hésiteront pas à lui faire du mal.

Il regarda autour de lui. Il n'y avait pas moyen de s'approcher sans être vu.

— Bien, marmonna-t-il. Il va falloir ruser.

Il se tourna vers Satan.

— Mon beau, je suis désolé...

Il ramassa un petit caillou rond, souleva le sabot et coinça la petite pierre dessous.

— Ne m'en veut pas, mon vieil ami, c'est pour le bien d'une femme, murmura-t-il en flattant l'encolure noire.

Il se tourna vers Xavier.

— Je vais m'approcher. N'intervenez que lorsque je les aurai mis hors d'état de nuire.

— Henri, soyez prudent, ce sont des bandits aguerris.

Aramis lui adressa un sourire plein d'assurance.

— Et moi un mousquetaire du Roi.

⚔ ⚔ ⚔

Aramis prit les rênes de Satan, s'éloigna de Xavier sous le couvert des arbres avant de sortir de sa cachette un peu plus loin, pour ne pas trahir la présence de son oncle. Il avança d'un pas sûr vers la bergerie, tirant un Satan boiteux derrière lui.

— Pardonnez-moi, Monsieur, lança-t-il d'un ton préoccupé. Mon cheval est blessé. Puis-je abuser de votre puits pour nettoyer sa plaie ?

Les trois hommes s'étaient figés, surpris par son apparition subite. On était dimanche et ils étaient certains que personne ne viendrait les déranger pendant leur larcin. Celui qui tenait Isabelle resserra sa prise sur le bras de sa prisonnière et les deux autres posèrent la main sur leur pistolet. Aramis fit semblant d'être trop préoccupé par la boiterie de son cheval pour avoir remarqué leurs réactions.

Quatre Siècles et une Croix - II - Revenir Vers ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant