Chapitre 17 : La Cage (partie 1)

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Les fées, créatures dont l'extrême puissance n'avait d'égale que la petite taille, vivaient parmi nous avant de soudain disparaître au milieu du septième siècle. La cause de cette disparition est aujourd'hui encore un mystère. Les incroyables objets magiques de leur création, dotés de propriétés uniques, subsistent cependant dans notre monde. Ces objets-fées sont maintenant rares et convoités en raison de leur puissance et de leur dimension mystique.


- Extrait de « l'Histoire des Sorcières » d'Oltun Damialle, an 885


Bourier 1151, village de Musiard


Nara frappa de toutes ses forces contre les parois de la cage de métal ; ses poings douloureux n'en rencontraient que la surface dure et froide. Et malgré la peur qui rampait sous sa peau, cette crainte de se retrouver une nouvelle fois aux mains des Hommes, la Sorcière hurlait :

— Me laissez pas avec lui ! Sortez-moi d'ici !

Sa voix tremblante partait dans les aigus. Elle cogna encore quelques secondes avant que l'un des gardes ne beugle à son encontre.

— On en a rien à foutre de vos histoires !

Puis il cracha bruyamment sur le sol. Du moins, le supposa-t-elle : à l'exception de la petite lucarne au-dessus de l'ouverture, le métal sombre les englobait et les plongeait dans les ténèbres.

Nara se retourna avec une lenteur désespérée afin de faire face au Prêtre. Ce dernier s'était assis par terre, jambes croisées, et faisait preuve d'un calme déconcertant. Il semblait l'ignorer, ce qui la rassura un peu quant à la menace qu'il représentait. Cependant, quand il leva son regard bleu vers le sien, Nara détourna aussitôt les yeux. Elle déglutit avec difficulté avant d'oser lui demander :

— Tu... comment tu peux être aussi détaché ?

— Que veux-tu dire ?

Sa voix grave conservait ce timbre imperturbable qui troublait l'élémentaliste.

— Tu les as entendus ! s'emporta-t-elle. Demain nous allons brûler par l'acide ! Et n'essaie pas de me faire croire que les Prêtres n'y sont pas sensibles ! Alors comment tu peux rester assis là, sans réagir ?

Le Prêtre-Chasseur se frotta les yeux, l'air irrité par la nervosité de la Sorcière, avant de pousser un léger ricanement. Nara sentit son sang bouillir. Une brusque envie monta en elle, celle de le secouer par les épaules, ou de le frapper jusqu'à ce qu'il cesse de bouger.

— L'acide nous affecte, mais pas les cristaux. Je leur ferai une petite démonstration d'élémentalisme et ils me relâcheront. Là, je pourrai demander à ce qu'ils t'épargnent pour te rapatrier à Asnault.

Le silence, un instant. Puis Nara partit d'un éclat de rire incontrôlable, comme si des cris déments s'éjectaient de sa gorge sans qu'elle ne puisse les retenir. Devant les sourcils froncés du jeune homme, elle s'obligea à regagner une certaine contenance et lui lança :

— Tu es soit complètement fou, soit totalement idiot, si tu penses qu'ils te relâcheront comme ça.

— Comment cela ?

— Par où commencer ? Voyons, tu portes pas ton uniforme de Prêtre-Chasseur. Et c'est déjà en supposant qu'ils sachent faire la différence entre Sorcières et Prêtres, ici. Ensuite, toi et moi, on aura les mains attachées au bûcher, et pratiquer l'élémentalisme dans ces conditions devient vraiment difficile. Viens pas me dire que tu le maîtrises si bien que tu peux soulever une montagne en remuant le petit doigt. Et puis, une démonstration ? Face à une foule en colère ?

L'Arbre de Feu - Livre 1 [V2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant