La Sorcière laissa transparaître son soulagement, tandis que son assaillant offrait un visage médusé à la porte grande ouverte. Hution Rerus empoignait fermement le poignet de Nara, échevelée et à moitié dévêtue, la panique et la rage déformant ses traits. Son autre main était plaquée sur la joue du Seigneur, les ongles enfoncés dans sa peau, à quelques centimètres à peine de l'œil du tortionnaire. Son oreille gauche saignait, là où une de ses boucles d'oreille avait été arrachée.
— Que fais-tu ? rugit Hution tout en repoussant sa captive.
Cette dernière se précipita contre le mur et se recroquevilla, sans doute dans l'espoir de disparaître aux yeux des deux hommes.
— Arrêtez ça.
La voix du colosse s'échappa de sa gorge, presque malgré lui.
— Comment ? s'exclama son maître.
La prisonnière osa un coup d'œil vers la porte, où se tenait toujours le garde. Elle voulut s'élancer, tenter de passer en force, mais il se rua alors vers le Seigneur. Le coup de poing qu'il lui asséna rencontra sa mâchoire avec un bruit sec, puis l'envoya à terre, inconscient. Nara esquissa un mouvement incertain pour se relever et observa l'expression qu'affichait l'Homme.
L'espace d'un instant, son esprit échauffé oublia la porte, le plan d'évasion, la libération des Sorcières. Elle marcha vers lui sans la moindre crainte et les mots s'échappèrent de sa bouche :
— Pourquoi tu m'as aidée ?
L'individu, qui lui faisait face à présent, déglutit avec peine. Il s'approcha lentement, avec des gestes mesurés pour ne pas l'effrayer. Lorsqu'il arriva à quelques centimètres d'elle, sa seule réponse fut :
— Nous ne sommes pas tous comme lui.
Elle le contempla sans un mot. Ses yeux oscillaient entre son visage et la sortie, derrière lui. Il s'écarta alors pour la laisser partir.
— Je m'appelle Talleck, ajouta-t-il avant qu'elle ne passe la porte. Talleck Neius.
Clairement troublée, sous le choc, Nara s'arrêta un instant.
— Merci, Talleck Neius.
Puis elle s'enfuit à toutes jambes.
***
Afin de pallier la désastreuse situation dans la demeure de Hution Rerus, des lances et sabres acérés avaient remplacé les simples matraques utilisées par les gardiens. Luan et une Sorcière erroubéenne, répondant au nom de Rohe, entouraient une Mezina décontenancée.
— Ils sont plus nombreux que nous, ça risque de devenir franchement dangereux. Et ils vont sans doute faire appel aux soldats de la ville.
Au vu de son expression, la petite belliciste avait compris ses craintes : que l'on amène de nouveaux cristaux et que chaque Sorcière présente se fasse massacrer, impuissante.
À sa grande surprise, Rohe se tourna alors vers elle et s'exclama :
— La collection de Hution, dans ses appartements ! Là-bas, il garde les biens de toutes ses esclaves.
La doyenne retrouvait peu à peu ses moyens, sa hargne, sa volonté. Mezina lui sourit et lança à Luan :
— Il faut prévenir Arlam, il pourra nous être utile.
Elles cherchèrent l'illusionniste quelques secondes, mais il demeura introuvable.
***
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L'Arbre de Feu - Livre 1 [V2]
FantasíaNote importante : ceci n'est pas la version définitive du texte. Si vous souhaitez la consulter, c'est par ici : https://www.cafecobalt.fr/histoire/arbre-de-feu-1/ Sur le continent comme dans les îles, Hommes et Sorcières se vouent une haine milléna...