Althaia (Terminée)

Chapitre 13

Je met mon sac à dos sur mes deux épaules, et je saute sur le rocher devant moi. Après avoir faillis glisser et tomber à l'eau, je me relève et essuie mon front où perlaient quelques gouttes de sueur. Je reconnaissais très bien ce petit ruisseau et cette cascade : c'était là où je m'étais réfugiée avec Cato.
Ce qui signifie que je suis encore très proche du village. Dans un soupir (plus proche du gémissement, je dirais...) je me laisse tomber au sol.

« J'en peux plus ! Continue sans moi ! » Je fais en reprenant mon souffle, adossée à un arbre.

Mattis me regarde comme si j'étais pathétique. Bon, oui, je suis pathétique, je l'avoue.

« Mais Althaia, t'es sérieuse ! Je suis certain qu'on a même pas fait un kilomètre.

_ Tu plaisantes ? Je réponds en gloussant ironiquement.

_ Les entraînements que je faisais avec mon père étaient beaucoup plus intensifs. Tu vois la distance qu'on vient de parcourir ? Eh bah c'était la moitié de ce que je faisais en une journée. Et je le faisais en courant.

_ Ok, mais je te fais remarquer qu'il y a une petite différence : tu es entraîné en tant que soldat des Testeurs, moi en tant que... que fille qui sait sa battre, je réponds en cherchant mes mots.

_ Au lieu de discuter sur la longueur qu'on vient de parcourir, on ferait mieux d'avancer. Lorsque Kyle découvrira ta disparition, il n'hésitera pas à envoyer des camions à ta recherche, et ils te retrouveront très vite. Ce n'est qu'une question de temps. »

À mon grand étonnement, je me relève et nous nous remettons à marcher.

Nous marchons pendant longtemps comme ça. Quand allons nous nous reposer ? Enfin, la question n'est pas quand mais surtout où. Nous nous trouvons à présent dans une grande forêt, et si vous voulez mon avis, elle ne paraît pas très accueillante. Lorsque le soleil se couchera, nous serons incapables d'avancer.

* * * *

Mattis finit finalement par trouver un petit endroit où nous allons passer la nuit. Honnêtement, ça m'étonnerait que je vais dormir. Il fait trop froid, et la menace des Testeurs est encore trop lourde sur mes épaules. Nous sommes non seulement traqués par de grands psychopathes armés de seringues et d'autres objets de tortures que je n'oserai pas citer, mais aussi par une bande d'anormaux qui doivent sûrement penser que je les ai trahis.

Cela faisait un petit moment que j'avais envie de partir. J'aurais dû m'en aller plus tôt. Oui, j'aurais dû m'enfuir quand j'ai tué le fou qui a tiré dans la tête de ma mère et de mon père. Ce soir là, j'aurais pu partir. Tout était différent d'aujourd'hui. Kyle ne m'avait pas encore embrassé. Je ne connaissais encore rien de Cato. Je ne m'étais pas attachée à ces deux garçons... J'aurais pu les quitter discrètement, personne ne s'en serait rendu compte. À part peut-être Théa, Kyle ou Cato, mais ils m'aurais oublié.

Je me redresse et je m'adosse au tronc de l'arbre, en me servant de mon sac comme d'un coussin. Pas très confortable, si vous voulez mon avis.
Le froid mordant de l'hiver m'enveloppait, j'avais du mal à bouger mes doigts, glacés par le vent.

« Écoute Mattis, je sais que t'as fais tous les efforts du monde pour nous trouver un abri, mais dormir dans un arbre, c'est pas confortable. »

Je le regarde d'en haut. Il avait voulu rester au pieds de l'arbre pour, je cite, 'garantir notre sécurité'. Il n'était muni que d'une simple branche de ronce. Si un groupe de Testeurs ayant entendu parler de notre disparition se pointe ici, je ne donne pas cher de notre peau... Mais bon, c'est Mattis, ancien soldat Testeur. Même si je lui fournissais la copie entière de tous les dangers auxquels nous sommes exposés en restant dans cet arbre – et pour lui, au pieds de cet arbre – il se contenterait de hocher la tête d'un air impassible et de m'ordonner de me la fermer.