Althaia (Terminée)

Chapitre 2

La cour est pleine de monde. Tous les petits sont rassemblés, tous les grands aussi. Au milieu, il y a une estrade, la directrice du complexe, avec sa blouse blanche, encadrée par deux hommes musclés en costumes noir, est en train de dire un discours. Je regarde Sky, inquiète. Lorsque la directrice en personne se déplace avec sa blouse blanche, c'est qu'il se passe un truc. Qu'il va se passer un truc, et ça ne me plaît pas du tout.

« Bonjour. Je suis la directrice du complexe, si quelqu'un ne l'avait pas remarqué. Je suis ici pour vous annoncer que les règles vont changer. Je vais appeler dix personnes, qui vont venir avec moi. Cinq garçons et cinq filles de plus de dix ans. Les Testeurs veulent approfondir leurs recherches, ils ont besoin de sujets plus âgés. Je vais commencer la liste. »

Elle se racle la gorge, pour parler plus fort. Je me la racle également, stressée. Mon prénom va-t-il être appelé ?

« Les cinq garçons seront Jewei, Joshua, Tyler, Cameron et Aiden. »

Ma respiration se coupe. Aiden ! Mon ami. Il a été choisit. Je passe ma main devant ma bouche. Devant lui, les grands s'écartent pour le laisser passer. Certains lui donnent une tape amicale dans l'épaule. Lui, il continue de marcher, le visage impassible. Je jette un regard à Sky, qui regarde Aiden partir, des larmes coulaient le long de ses joues. C'est normal, qu'elle pleure. Elle le connaît depuis plus longtemps que moi.

« Je vais maintenant appeler les cinq filles. Abigail, Amelia, Taylor, Tessa et Shea. »

Je ne les connais que de noms. Sauf Tessa, qui est dans ma classe, mais je ne lui parle pas beaucoup. Elle fait partie des rares personnes à qui Cato dit bonjour. D'ailleurs, Cato doit être triste qu'elle s'en aille. Je le cherche dans la foule, et je finis par retrouver ses cheveux noirs, un peu plus loin. Il regarde devant lui, les mains dans les poches, son visage ne trahissait aucune émotions.

Moi, j'étais triste. J'étais triste que Aiden s'en aille, mais ce n'est pas une surprise. Je m'en doutais. Mais c'est presque un soulagement de savoir que Sky va rester ici. J'avais vraiment peur qu'elle soit choisie.

« Voilà les dix sujets que je vais emmener. Ensuite, chaque semaines, les Testeurs viendront et choisiront une fille et un garçon qu'il emmèneront. Voilà, merci de m'avoir écouté. »

Elle s'en va, toujours encadrée par ses deux colosses. Les dix grands choisis sont derrière elle, talonnés par trois nouveaux colosses qui viennent d'arriver.

Sky éclate en sanglot. Je tente de la réconforter.

« Sky ! Ça ne sert à rien de pleurer. Ça devait arriver.

_ Mais tu te rends compte qu'il est partit à tout jamais, qu'il va souffrir ? Et nous, on va faire quoi, hein ? On va attendre chaque semaine, la boule au ventre, jusqu'à nos dix-huit ans ? Je refuse de vivre dans cette peur ! Nous sommes des humains, merde ! T'as vu, à la fin elle disait même des 'sujets'. À leurs yeux, nous sommes des sujets.

_ Oui, je sais. Moi non plus je ne veux pas vivre comme ça. Je croyais être sauvée après mes dix ans... » Je soupire.

Tous les grands pensaient être sauvés quand ils ont eu leur dix ans. Et pourtant, tout a changé, les Testeurs veulent encore de nous. Quand cela prendra-t-il fin ? Quand il ne restera plus personne à emmener dans les laboratoires ? Quand les gens auront compris ce que trafiquent les Testeurs ? Personne, je dis bien personne, ne sait ce qu'il arrive aux personnes transformées par les Testeurs.

Je soupire de nouveau.

* * * *

Je me couche dans mon lit, en repensant à cet après midi. Il fait noir. Il fait froid, j'entends la pluie marteler contre le volet de notre fenêtre. Les filles sont toutes en train de dormir, je pense... Nul cris d'enfants résonnent dans l'établissement, nul bruits de pas. C'est le silence. D'habitude, j'entends toujours les camions des Testeurs arriver vers une heure du matin, là il est une heure et sept minutes et je n'ai rien entendu. Leurs grosses chaussures claquent contre le parquet du dortoir des petits, on les entends dévaler les escaliers avec le petit qui essaye de se débattre, qui se cogne violemment sur les murs du couloir. Mais cette nuit là, il n'y a que le silence. Les Testeurs auraient-ils arrêté de venir chaque nuit emporter un enfant ? C'est bien possible, puisque qu'ils vont prendre un garçon et une fille chaque semaine !