Althaia (Terminée)

Chapitre 15

La fin de la forêt était en vue. Je ne pensais pas que le trajet était aussi court. Bon, nous avons tout de même marché pendant trois bons jours, mais je pensais que nous mettrons une semaine. Je me demande quand même quelles mauvaises surprises nous attendent là-bas... Parce que pour l'instant, tout était facile. Trop facile, même. Je ne regrette pas encore d'être partie du village. Même si penser à Cato et à Kyle me provoque un petit pincement au cœur, je suis contente qu'ils soient derrière moi, loin de mes problèmes, loin de tout ce que je m'apprête à faire. Je m'en veux de m'être attachée à eux, surtout à Kyle, qui n'était pas seulement mon allié mais mon ami, voire même plus que ça. Je secoue la tête pour arrêter de penser à eux. Il ne faut pas, ou alors je vais faire demi-tour.
Au lieu de ça, je pousse un long soupire, lasse.

« Quoi ? Qu'est-ce que tu as, encore ? Demande Mattis, en passant au dessus d'une branche. Il avait l'air agacé.

_ Rien.

_ Oh, allez, Althaia, ça fait dix minutes que tu ne parles pas, que tu ne fais pas ta surexcitée, susurre Camille.

_ Je me demandais si c'était une bonne idée de partir.

_ Quoi ? Tu te fous de ma gueule ? Tu demandes ça maintenant, alors que nous sommes plus proches des Labos que du village ?

_ Non, j'ai juste réfléchis et j'ai compris que c'était une bonne idée. T'énerves pas, Mattis, je n'ai pas envie de retourner au village. »

Il hoche la tête, même s'il n'avait pas l'air convaincu.

Nous continuons notre chemin, quand d'un coup, les arbres deviennent de moins en moins nombreux autour de nous. Le sol terreux laissait place à de l'herbe, et les talus avaient disparus.
La forêt était finie ! Cela faisait plus de trois jours qu'ils y cavalaient, mais ils avaient enfin réussis à sortir de cette forêt sans fin.

« Ah ! Je préfère ça ! » S'écria Camille quand nous débouchons dans une prairie.
Je scrute l'horizon.
Les Labos étaient encore loin, cependant j'arrivais à voir les immenses bâtiments blancs qui se découpaient clairement sur le ciel gris. Je savais que c'était grand, mais je ne pensais pas que ça l'était à ce point là... Nous allons avoir du mal à nous y retrouver.

« Comment allons nous traverser cette prairie ? Nous serons à découvert. Les Testeurs vont nous repérer et auront tout le temps possible pour nous tuer avant qu'on arrive sur place, je remarque.

_ Hum, je ne sais pas. Ça va être compliqué. On pensera à ça demain, pour l'instant, je conseille que nous nous reposons, répondit Mattis. Le soleil va bientôt se coucher. »

Camille murmura un dieu merci en s'écroulant au sol, tandis que moi, je m'assis patiemment sur la racine d'un chêne, fixant les bâtiments blancs un peu plus loin, tout en pensant à la journée de demain. Elle va être riche en émotion. Je fouille dans ma poche et en sort la petite carte de Sky, toute froissée. Même chiffonnée, elle était lisible. Un plan détaillé de tous les bâtiments formant les Laboratoires des Testeurs. Il n'existe sûrement qu'en un seul exemplaire... En effet, le livre était très vieux et caché dans la bibliothèque, les autres livres de ce genre ont dû être brûlés comme beaucoup d'autres œuvres pour ne pas donner envie de rébellion. Oui, il y a quelques années, tous les livres, peintures, poèmes ont été envoyés aux Labos pour une vérification, et tout a été brûlé. Tout, du plus petit distique à la plus grosse toile de Picasso. Les Testeurs avaient tellement peur d'une rébellion qu'ils ont pensé que des œuvres pourraient être symboles de révolte. Pour remplacer tous nos manuels et livres brûlés en attendant ceux sans symboles ou histoires suspectes, nous avons été contraints de lire des livres sur les Testeurs, comme quoi ce qu'ils faisaient étaient normal et tout le blabla habituel que nous appelons au village des anormaux 'lavage de cerveaux'. Bref, tout ça pour dire que je ne sais pas qui a protégé ce livre ni comment mais que c'est une chance énorme qu'il n'a pas finit brûlé comme tous les autres.
C'est à ce moment précis que je comprends que même si ce petit papier ne paye pas de mine à première vue, son contenu vaut tout l'or du monde.