Chapitre 10

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— Je suis désolé pour cette irruption spectaculaire, murmura l'homme. J'espère ne pas t'avoir effrayé. En tout cas, tu réagis mieux que ceux que j'ai visités avant toi. Le dernier a essayé de m'assommer avec sa lampe de chevet. Enfin bref...si je suis là aujourd'hui, c'est parce que je pense que le moment est venu de te révéler certaines choses.

Gabriel ne répondit pas. Il le dévisagea longuement avant de reprendre ses esprits. Le gardien des aigles impériaux et des panthères ? Est-ce que cela signifiait qu'il était comme lui ?

— V-Vous êtes un gardien ? dit Gabriel, interloqué. Vous voulez dire qu'il y en a d'autres ?

Hermann hocha la tête et lui adressa un sourire rassurant.

— Habituellement, il faut respecter un certain protocole pour s'introduire aux nouveaux gardiens, mais je préfère commencer par la métamorphose. Après ça, les gens sont beaucoup plus réceptifs, moins sceptiques. C'est plus facile de leur expliquer.

Il s'interrompit un moment, avant de reprendre :

— Je te surveille depuis un certain temps Gabriel, et j'ai constaté que tes pouvoirs de gardiens se sont à nouveau manifestés depuis un peu plus d'un mois. C'est pour ça que j'ai décidé de venir te voir, je pense que tu es prêt.

Gabriel fronça les sourcils. Il le surveillait depuis un certain temps ? Apparemment, ce « Hermann » avait le pouvoir de se changer en aigle, et Gabriel se souvenait de son plumage brun-gris si peu commun : si cet homme était bien l'aigle qu'il avait aperçu lors de la partie de chasse avec son père, cela faisait en effet longtemps qu'il le surveillait.

— Je me souviens de vous, affirma Gabriel. Quand vous étiez transformé en aigle. Vous étiez là lorsque je chassais avec mon père.

Hermann hocha la tête et se dirigea vers le lit de Gabriel. Il enleva sa veste, s'assit, et se tourna vers lui avant de répondre.

— Effectivement, c'était moi. Mais avant de continuer cette conversation, il vaudrait mieux que tu verrouilles cette porte. Je ne voudrais pas que ma présence te cause des ennuis avec tes parents.

Gabriel se dirigea vers la porte de sa chambre, la ferma à clef, et se retourna vers Hermann.

— Quand vous dites que mes pouvoirs se sont manifestés depuis un mois, vous faites allusion à ma capacité à parler aux cerfs ?

Hermann eut l'air surpris.

— Non, je ne faisais pas allusion à cela. Tu arrives déjà à leur parler ? Normalement, ce pouvoir ne se manifeste que bien plus tard. J'avais juste constaté que tu arrivais à les approcher et à te mêler à leur harde sans les faire fuir. C'est en principe le premier pouvoir que l'on obtient en tant que gardien : la capacité à intégrer leur groupe sans éveiller leur méfiance.

Gabriel ouvrit la bouche, mais Hermann reprit la parole :

— J'imagine que tu as beaucoup de questions et je te promets d'y répondre, mais avant j'aimerais que tu me parles un peu plus de tes pouvoirs. Qu'est-ce que tu peux faire d'autre ?

Gabriel réfléchit un instant.

— Eh bien, j'arrive à communiquer avec les cerfs par télépathie. Enfin...je ne l'ai fait qu'une seule fois et sous le coup du stress. J'arrive aussi à tout connaître sur eux quand je les touche. Leurs souvenirs, leurs émotions, leurs pensées... Ah, et quand je les cherche dans la forêt, j'arrive à sentir leur présence et je les retrouve facilement.

— Impressionnant... commenta Hermann en se passant un doigt sur le menton, très impressionnant. Non seulement tes pouvoirs sont très développés pour ton âge, mais en plus tu les utilises consciemment. J'avais déjà remarqué ta précocité il y a quinze ans, lors de ta naissance.

Le Gardien des Cerfs - Tomes 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant