Gabriel se réveilla aussi brusquement qu'il s'était endormi. Une sueur froide coulait le long de sa nuque et il sentait son cœur palpiter dans sa poitrine. Il lui fallut quelques minutes pour comprendre où il était et pourquoi il se sentait si mal. Il jeta un regard à l'horloge, qui affichait dix heures.
Il se leva lentement et alla prendre une douche. Tandis qu'il se frottait vigoureusement les bras avec du savon, les images de la veille lui revenaient à l'esprit. La charge de l'armée rebelle, la façon dont sa ramure avait transpercé le gardien des ours, Charlotte se métamorphosant en loup, Fabre qui s'écroulait sur le sol comme une poupée de chiffon.
Quelqu'un frappa à la porte. Gabriel se dépêcha de sortir de la douche, passa un peignoir, descendit et ouvrit la porte. Hermann se tenait sur le seuil, l'air exténué. Visiblement, il n'avait pas dormi de la nuit.
— Bonjour Gabriel, dit-il en entrant. Comment ça va ?
— Bien merci, mentit Gabriel en refermant la porte, alors, quoi de neuf ?
— À toi de me le dire, répondit Hermann après s'être assis sur le sofa, nous avons retrouvé le corps d'Edmond près du port. Tu sais ce qu'il s'est passé ?
Gabriel prit un air surpris et fit « non » de la tête.
— Si l'on en croit ses blessures, il a été tué par un animal carnivore, probablement un loup. Peut-être qu'il a traqué les rebelles et que ça s'est mal fini pour lui. C'était tout de même stupide pour quelqu'un d'aussi brillant.
— Sûrement, répondit Gabriel, sans trouver autre chose à dire.
— Et concernant la traque de l'armée rebelle...
Gabriel sentit la culpabilité lui ronger les entrailles. Il avait envoyé ses cerfs aux trousses de l'armée et s'était contenté de rentrer dormir pendant que les cerfs se faisaient probablement tuer.
— On a retrouvé les rebelles ?
— Non, répondit Hermann en fronçant les sourcils, c'est ça qui est étrange. Après que Fabre nous ait dévoilé son plan, j'ai réussi à échapper à mes gardes et je me suis envolé vers le nord, pour suivre la progression de la bataille. Je voulais voir si nous pouvions éviter de faire brûler la forêt.
Il se passa une main dans les cheveux avant de reprendre :
— Tes cerfs étaient à cent mètres à peine de l'armée rebelle. Pourtant, lorsqu'ils se sont enfoncés dans les bois, nous avons perdu leur trace. C'est comme s'ils s'étaient volatilisés. Je pense que leur connaissance de la forêt les a avantagés. Entre-temps, on a appris que le corps de Fabre avait été retrouvé, ce qui nous a pas mal désorganisés. Mais depuis, nous avons passé la forêt au peigne fin et nous ne les avons pas retrouvé. Je ne vois pas comment ils ont pu fuir, à moins qu'ils aient trouvé un moyen de quitter l'île.
— J'imagine..., dit Gabriel, alors je suppose qu'on ne va pas faire brûler la forêt ?
— Non, je ne pense pas. Les recherches se poursuivent, mais si on ne retrouve personne, il n'y a pas de raison de la brûler. Et puis d'ailleurs, c'était la solution de Fabre. Puisqu'il est mort, ce sera au nouveau chef de l'Ordre de décider ce qu'il conviendra de faire.
— Ah...Et comment vous allez choisir le nouveau chef ?
— Par une élection, répondit simplement Hermann. Mais pas tout de suite. Pour le moment, le conseil des oxcellors doit mettre fin au désordre qu'a provoqué la bataille. Il faut rétablir l'ordre, calmer les gardiens. Une fois que ce sera fait, nous pourrons penser à l'avenir.

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Le Gardien des Cerfs - Tomes 1 & 2
FantasyGabriel, un ado de quinze ans, découvre qu'il a un lien particulier avec les cerfs. Ses pouvoirs étranges suscitent l'intérêt d'une organisation appelée "l'Ordre des Gardiens". Mais Gabriel ne sait pas quelles sont leurs réelles intentions. Il...