Chapitre 35

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Au cours des jours qui suivirent, la popularité de Gabriel remonta en flèche et atteint rapidement un niveau ridicule. Il ne pouvait plus marcher dans la rue sans être arrêté par quelqu'un qui souhaitait savoir ce que cela faisait de tornader, ou qui voulait en apprendre plus sur la mort de Louchenko.

Gabriel était soulagé qu'on ne lui adresse plus de regard furieux ou craintif, mais les changements constants dans sa popularité le fatiguaient : à peine se faisait-il à sa situation qu'elle changeait de façon radicale. D'ailleurs, il constatait avec une certaine ironie que tous ceux qu'il croisait affirmaient l'avoir cru innocent depuis le début. Même les membres du clan des tortues, qui avaient squatté devant sa maison, lui adressaient à présent des signes de main enthousiastes lorsqu'il les croisait sur la Place des Sept.

Le soutien de Fabre avait pesé lourd dans la balance. Gabriel lui en était reconnaissant, mais il n'avait pas eu l'occasion de le remercier. Le dirigeant de l'Ordre avait disparu juste après la danse, probablement pour retourner à sa pile de dossiers. Malgré le ressentiment qu'il avait à son égard, notamment par rapport au gardien des cobras, il ne pouvait plus nier que le dirigeant de l'Ordre savait ce qu'il faisait, et qu'il agissait pour contrecarrer les plans des rebelles.

Maintenant qu'il avait réussi la première étape de sa formation, Gabriel passait la majorité de son temps libre en compagnie de François. Ce dernier devait repasser son examen théorique dans un mois, et cela le rendait nerveux. Gabriel faisait de son mieux pour l'encourager et l'aider à réviser.

Néanmoins, au bout d'une semaine d'oisiveté, Gabriel commençait à s'ennuyer lorsqu'il reçut un message sur son bracelet. Hermann l'invitait à venir le voir dans son bureau le lendemain pour lui parler de la suite de sa formation. Le matin suivant, Gabriel se présenta devant le bureau d'Hermann et toqua à la porte.

— Entrez, dit Hermann.

Gabriel ouvrit la porte et pénétra dans le bureau d'Hermann. Debout devant sa bibliothèque, le gardien des aigles lisait un livre qui avait l'air ancien, à la reliure de cuir rouge. Il poursuivit sa lecture durant quelques secondes avant de lever le regard vers lui.

— Bienvenue Gabriel, dit Hermann en refermant son livre. Assieds-toi.

— On ne s'est pas vu depuis la cérémonie, fit remarquer Gabriel en prenant place dans un fauteuil en face du bureau. Je voulais vous dire que vous avez été génial. François aussi. C'était vraiment incroyable.

Hermann acquiesça d'un mouvement de tête et s'assit à son tour.

— Oui, concéda-t-il, ça s'est plutôt bien passé. Cela faisait des semaines que nous nous entraînions, tous les cinq. François ne devait pas y participer au début, mais nous nous sommes dit qu'il le méritait. Il a une maîtrise exceptionnelle de son espèce, surtout pour son âge. Je n'ai jamais vu ça. S'il était plus sérieux, il serait certainement le gardien le plus talentueux de sa génération.

Hermann hocha la tête pour lui-même, l'air perdu dans ses pensées. Il se frotta les yeux avec lassitude, mais il avait l'air satisfait lorsque son regard se posa à nouveau sur Gabriel.

— Je pense que cette cérémonie a vraiment apaisé les choses entre les différents clans. Malgré le succès des combats de gardien, il y avait toujours le risque que tout le monde oublie et que les conflits resurgissent. La cérémonie a permis de consolider notre avantage. C'était le plus important et je crois que nous avons réussi. Qu'est-ce que tu en penses ?

— Je suis d'accord, répondit Gabriel. On sent qu'il y a moins de tensions. Les gens ne pensent plus que j'ai tué Louchenko, donc ça aussi c'est une bonne nouvelle.

Le Gardien des Cerfs - Tomes 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant